Le satellite tu l'avais toujours appelé maman. Et tu l'aimais particulièrement, la lave coulait de ses cheveux et ses yeux renfermaient un grimoire d'histoires atroces d'une vie de torture trop bien cachés.
Personne ne l'avait compris, à part toi un gamin de douze ans aux bras aussi épais que des allumettes passionné par l'astronomie. Je sais que le petit garçon que tu étais fasciné par les constellations qui se dessinaient sur sa peau tous les matins, puis celles un peu plus discrètes qui ne faisaient pas moins mal. C'était le vernis écaillé de ses sourires, des souvenirs heureux qu'elle ressassait toutes les nuits.
Sous les pluies de météorites, la détruisant un peu plus chaque jour. Les pluies de celui qui n'était pas ton papa , mais celui d'un monstre aux multiples facettes.
Douze ans, le premier satellite qui disparaît de ta vie te laissant seul sans quelqu'un que tu pourrai appeler maman. Douze ans et voir un satellite s'auto-détruire dans une minable flaque de sang.
Mais t'sais être balloté un peu partout par la suite, Lille, Rennes et aujourd'hui Paris ça ne t'a pas aidé. Tu ne vas pas mieux je le sais, tu iras jamais totalement bien. C'est dur à dire que tu en as conscience toi aussi, ce fardeau tu le portes chaque jour tu déverses tes larmes dans tes mots au lieu de les verser dans ton cœur.
Tu vis avec la peur constante que ta famille d'accueil t'abandonne que le monde t'abandonne mais tu sais quoi ? Personne ne le fera. Ton épouvantard tu peux l'oublier parce que c'est vrai tu as réussi à t'entourer . Personne ne le fera parce que je suis là Félix. Je suis là le Félix de mes 12 ans.