Les Gilets Jaunes

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Arrivé sur le lieu de manifestation, Emmanuel contempla la foule en délire qui s'agitait d'autant plus depuis qu'elle avait remarqué son arrivée. Des centaines de Gilets Jaunes étaient rassemblés là, sur la route, empêchant les voitures de passer. Certains portaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire :

MACRON DÉMISSION》,

EMMANUEL, RENDS L'ARGENT!》,

LES TAXES PLEIN LE CUL》,

GILETS JAUNES, COLÈRE NOIRE》,

ou encore

MACRON T'ES FOUTU

LE ROI MACRON DONNE DES MIETTES AUX GUEUX》.

Emmanuel déglutit à la lecture de ses pancartes un brin hostile à son égard.

Il s'apprêtait à sortir de la voiture teintée, quand quelqu'un le retint :

"Tututut! T'as crû t'allais vraiment sortir avec tes blessures dégueulasses sur la gueule?! s'exclama Gislène, sa secrétaire. Je crois que Madame t'as un peu trop cogné sur la tête ce matin, t'as perdu tes capacités de réflexion j'ai l'impression. Heureusement que je suis là pour m'occuper de toi quand elle n'est pas là! On serait déjà perdu si on laissait un incapable comme toi sans surveillance."

C'était encore cette mégère de Gislène qui lui criait dessus. Brigitte s'était bien assurée qu'il y ait toujours quelqu'un qui ait Emmanuel à l'œil lorsqu'elle n'était pas là, c'était pour cela qu'elle avait embauché cette sorte de vieille fille aussi charismatique qu'une chèvre galeuse tétraplégique. Et qu'est-ce qu'elle remplissait bien son job, faut dire qu'elle devait s'inspirer un peu de Brigitte.

Après un rapide maquillage afin de dissimuler ses blessures, Emmanuel fût lâché au milieu de la foule, livré à lui-même. Il n'avait pour compagnie que cinq ou six gardes du corps, qui tentaient tant bien que mal de contenir la foule.

"EH MAIS OÙ SONT LES CRS?! paniqua Macron.

ㅡ Euuuh... sûrement au bar du coin, lui répondit un de ses gardes du corps, un grand homme noir baraqué avec des lunettes de soleil bien que le temps soit assez nuageux. Vous savez, c'est l'heure du café..."

Emmanuel soupira. Il jeta un rapide coup d'œil derrière lui et aperçut sa secrétaire qui le regardait avec un rictus sadique sur les lèvres, tandis qu'elle restait au chaud dans la limousine - et en sécurité.

Macron prit son courage à deux mains et s'efforça à afficher un sourire confiant, car des journalistes et des caméras étaient aussi présents.

Une fois arrivé sur l'estrade qui lui avait été emménagé à la va-vite, il s'éclaircit la voix avant de déclarer :

"Bon bon on se calme. Qu'est-ce qu'il se passe? Votre président chéri que vous adorez tous va répondre à toutes vos questions. Mais en att... Non monsieur! Ne touchez pas à cette borne d'incendie! Elles coûtent la peau du cul à l'Ét... Bon ok d'accord mais seulement celle-là alors hein?"

Emmanuel tentait tant bien que mal de rester le plus calme qu'il le pouvait tandis que les Gilets Jaunes détruisaient des aménagements publiques sous ses yeux.

"Bon Dieu qu'est-ce que je dois faire, pensa-t-il. Oh c'est vrai! Brigitte m'a préparé un discours! Ça me donnera peut-être plus de crédibilité si je le lis maintenant!"

Il inspira un bon coup, avant de se lancer dans la lecture d'un texte sur les valeurs de la République. Ce texte était d'ailleurs très long avec des formulations complexes, ce qui découragea une partie des Gilets Jaunes qui préférèrent rejoindre les CRS au café plutôt que d'écouter ce discours qui leur grillait le cerveau, tandis qu'une autre partie des manifestants s'étaient carrément endormis sur place.

"Jésus Marie Jawed, qu'est-ce que c'est efficace! jubila-t-il intérieurement. Ça s'est calmé considérablement!"

Cependant, il restait tout de même encore une partie de la foule qui avait survécu au discours dévastateur et qui avait encore le sang chaud. Ils commencèrent à lui poser des tonnes de questions de manière agressive, Macron ne savait plus où donner de la tête ni par où commencer.

"Euh... Un à la fois! Un à la fois s'il vous plaît!"

Mais rien n'y fait.

"Putain y en a qui sont tenaces!"

Au bout de deux ou trois minutes, le tumulte se calma un peu et les gilets jaunes s'arrangèrent pour poser un à un leurs questions.

"Eh Macron! lui lança un homme qui devait avoir dans la quarantaine. Comment t'expliques le fait qu'on crève de faim à chaque fin de mois?!"

"Allez réponds-lui de la manière la plus on-s'en-bat-les-couilles possible Manu, se dit-il. Comme t'as dit Brigitte."

"Bah... Il faut manger, finit-il par répondre.

ㅡ Mais on peut pas!!!

ㅡ Eh bien il faut vous forcer.

ㅡ Manu, l'essence ça nous coûte un bras!!! cria un autre Gilet Jaune.

ㅡ Mais non mais non voyons, vous exagérez. La preuve, aucun d'entre vous n'est mancho."

Les manifestants prirent un air offusqué à l'écoute des réponses de leur président peut-être pas si adoré que ça.

"ㅡ Et comment cela se fait que certains d'entre nous n'aient même pas les moyens de pouvoir s'acheter une baguette de pain par jour pour se nourrir?! s'indigna un troisième citoyen.

ㅡ Dans ce cas, vous n'avez qu'à manger de la brioche à la place."

Sur ce, Emmanuel quitta l'estrade de la manière la plus nonchalante possible.

Les manifestants, quant à eux, affichaient des expressions de haine sur le visage devant tant de jemenbatslescouillesisme. La foule en colère fut animée par une gigantesque vague de rage et voulut s'attaquer à ce petit voyou qui leur servait de président. Malheureusement pour les manifestants, les CRS avaient fini leurs cafés entre-temps et leur bloquaient la route.

"Je trouve que je me suis pas mal débrouillé", pensa Macron.

Et limite en sifflotant, il se dirigea vers sa limousine qui ne se trouvait qu'à 10 mètres devant lui.

C'est alors qu'au moment où il s'apprêtait à entrer dans le véhicule, il entendit quelque chose qui retint son attention :

"Il est là il est là!

ㅡ De qui? Qui est là?

ㅡ Tu sais l'autre fou de la dernière fois...

ㅡ Quoi?! LUI?!"

Et sans comprendre ce qui lui arrivait, il fut percuté de plein fouet et se retrouva violemment au sol.

L'essence de notre amour [Macron X Un Gilet Jaune]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant