Dure vie pour Emmanuel

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Emmanuel ouvrit les yeux. Il se trouvait dans son lit, bien confortablement installé et emmitouflé dans ses draps à l'effigie de Bob L'Éponge. Une douce odeur de bouffe s'échappait de la cuisine où sa mère était en train de préparer le petit-déjeuner.

Emmanuel soupira.

"C'était juste un cauchemar, souffla-t-il soulagé.

ㅡ Nunuche, lève-toi et viens manger, dit sa mère depuis la pièce d'à côté, les crêpes sont prêtes!"

Il ne se le fit pas dire deux fois. Il sauta de son lit douillet et courut vers la cuisine, alla embrasser sa mère avant de s'installer à table.

"Tiens mon chéri, lui dit sa mère en lui tendant une crêpe. Avec du Nutella, comme tu les aimes!"

De la salive commençait à perler du coin de la bouche d'Emmanuel à la vue de la bonne bouffe chaude. Il voulut saisir la crêpe mais au moment où il était supposé la saisir, sa main traversa et il eut beau essayé de l'attraper, la crêpe n'avait aucune consistance.

"Maman, ma crêpe elle est chelou!"

Soudain sa mère se fâcha et lui hurla dessus :

"Emmanuel! EMMANUEL! EMMANUEL!"

.
.
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Il se réveilla en sursaut dans son lit. Brigitte se tenait au-dessus de lui et le secouait dans tous les sens.

"EMMANUEL! AH BAH T'ES ENFIN RÉVEILLÉ ESPÈCE DE SALE GOSSE!

ㅡ Mais Brigitte j'ai 41 ans tu s-

ㅡ TA GUEULE!!! T'AS CRÛ T'ÉTAIS UN DEMANDEUR D'EMPLOI ALCOOLIQUE TOUCHANT DES ALLOCATIONS POUR POUVOIR VIVRE AUX CROCHETS DE L'ÉTAT?! TU BOUGES TON BOULE DE LÀ ET TU VAS TE PRÉPARER!"

Brigitte attrapa Emmanuel par le cou, l'extirpa de son lit et le projeta violemment contre le parquet de la chambre, tête la première. Et alors qu'elle fit mine de partir et qu'Emmanuel commença à se relever tant bien que mal, elle fit brusquement demi-tour et lui donna un violent coup de pied dans la figure.

"Et combien de fois va falloir que je te répète que TU DOIS ME VOUVOYEZ?! JAMAIS TU ME TUTOIES, T'AS CAPTÉ?!"

Puis elle sortit de la pièce pour de bon.

Emmanuel soupira. Il était revenu à sa dure réalité.

Tout en se tenant la tête et une côte que Brigitte lui avait sûrement fêlée, il se mit debout et se dirigea vers son miroir. Il observa attentivement son visage : sa lèvre inférieure était bien amochée, il saignait du nez et il avait un énorme bleu en dessous de l'œil gauche. Il haussa des épaules et entreprit sa toilette.

Cela faisait plus de dix ans qu'il était dans cette situation. Plus précisément depuis son mariage avec Brigitte, en 2007. Depuis, elle n'avait cessé de le former afin qu'il devienne Président de la République. Et c'était chose faite. Sauf qu'en réalité, c'était Brigitte qui gouvernait le pays, pas lui. En effet, elle se servait d'Emmanuel et le manipulait parfaitement à sa guise, de sorte que c'était elle qui commandait tout de bout en bout ; c'était elle qui rédigeait ses discours, c'était elle qui décidait quels voyages diplomatiques il allait effectuer, elle qui lui disait quelles lois étaient à voter ou à appliquer, qui décidait à quelles conférences il allait aller, quelles apparitions publiques il allait faire, de ce qu'il allait manger ou boire et c'était même elle qui décidait quel caleçon il devait porter.

Il était totalement soumis et il en avait totalement conscience. Seulement, il ne pouvait faire autrement.

.

"BAH ALORS! TU TE FOUS DE MA GUEULE OU QUOI?! T'AS VU LE TEMPS QUE T'AS PRIS?!"

Brigitte était assise au bureau présidentiel tandis qu'elle réprimandait Emmanuel qui gardait la tête baissée. En réalité, il ne s'y asseyait que lorsqu'il y avait des journalistes ou d'autres ministres. Le reste du temps, c'était Brigitte qui s'y trouvait pendant que lui gagnait le droit de rester assis par terre sur la moquette.

"Bon, reprit Brigitte, t'es au courant que y a les Gilets Jaunes qui foutent le bordel en ce moment?"

Emmanuel hocha craintivement la tête.

"Et bah tu sais quoi on s'en fout, poursuivit-elle. C'est seulement des petits pecnos de campagne. Alors tu sais quoi, pour bien montrer qu'on est carrément supérieurs à eux, tu vas aller leur faire un petit speech bien sarcastique que j'ai moi-même préparé, tu vas répondre à deux trois questions de la manière la plus on-s'en-bat-les-couilles possible et tu reviens fissa à la maison. Compris?!

ㅡ Oui Brigitte! répondit-il, en effectuant un salut militaire devant elle comme Brigitte le lui avait inculqué.

ㅡ Des questions? fit-elle avec son regard tourné vers la batte de baseball posée dans un coin de la pièce qui voulait dire : "Fais gaffe à ce que tu vas dire si tu veux pas être aussi vivant que Johnny Hallyday".

ㅡ Au-Aucune.

ㅡ Bien alors QU'EST-CE QUE TU FOUS ENCORE LÀ?! DÉGUERPIS!!!"

Emmanuel obéit au quart de tour et sortit au pas de course avant de se jeter dans sa limousine. La limousine démarra en trombe et franchit le portail de l'Élysée.

L'essence de notre amour [Macron X Un Gilet Jaune]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant