avril 2022
départ & ligue des champions
Quand j'entends mon téléphone vibrer à côté de moi, j'éteins immédiatement mon réveil avant de me tourner vers May-Ly pour vérifier qu'elle dort toujours. Elle a le sommeil tellement léger que j'ai abandonné l'idée de mettre une musique comme réveil. Même le vibreur, ça la réveille, parfois, mais là, elle semble dormir à poings fermés. Et tant mieux.
Je sors du lit le plus discrètement possible et me dirige vers la cuisine, où je me fais directement couler un café, passant mes mains sur mon visage pour essayer de le réveiller. Je fronce les sourcils en entendant du bruit dans le couloir, et mon visage se décompose quand je vois une May-Ly à moitié endormie arriver dans la pièce, se glissant immédiatement dans mes bras.
-May-Ly, il est quatre heures du matin, chuchoté-je, et elle s'agrippa à moi pour toute réponse. Moi aussi tu vas me manquer petit cœur.
-Je veux pas que tu partes, dit-elle d'une petite voix, ne relevant pas le surnom que j'ai utilisé grâce à la fatigue--sinon, sa fierté aurait eu quelque chose à redire dessus.
-Je sais, je lui réponds, embrassant son front.
De ce que j'ai pu voir et entendre de tous les couples autour de moi, il y a toujours un moment où quelque chose change, se brise. J'entends toujours dire qu'au début d'une relation, on ne se lâche pas d'une semelle, puis qu'on finit par être content quand l'autre n'est pas là.
J'aimerais bien comprendre pourquoi on en est toujours à l'étape de début de couple avec May-Ly après tout ce temps. Bientôt trois ans qu'on est ensemble, huit mois qu'on vit ensemble. Mais c'est toujours aussi douloureux pour elle de me laisser partir jouer à l'extérieur, et c'est toujours aussi douloureux pour moi de la laisser seule ici alors que je pars jouer à l'extérieur.
-Retourne te coucher, lui dis-je, et en voyant qu'elle ne bouge pas d'un pouce, je me mords la lèvre. May-Ly. Tu pleures pas.
-Non, répond-elle, mais j'entends très bien dans sa voix qu'elle n'en est pas loin.
-Retourne te coucher. Et endors-toi avant que je parte. Je te promets que la prochaine fois qu'on se verra, le PSG sera qualifié pour la finale de la Ligue des Champions.
...
-Cinq minutes ! crie Marquinhos qui est capitaine ce soir pour cette demie-finale de Ligue des Champions, et je soupire, regardant mon téléphone.
Pas de messages.
-Dépêche-toi, soufflé-je, et Julian hausse un sourcil en m'entendant.
-Tu parles tout seul ?
-J'attends un message de May-Ly, soupiré-je, regardant à nouveau mon écran.
C'est une tradition, et je sais que May-Ly ne va pas la briser. Depuis que je joue en équipe première, elle m'envoie toujours une photo d'elle avec la télé pour me souhaiter bonne chance. Mais aujourd'hui, elle est en retard.
-Tu attends ta photo, sourit Julian, et je hausse un sourcil.
-Pourquoi tu te moques de moi ?
-Ah non non, secoue-t-il la tête, et je n'ai pas le temps de le cuisiner plus longtemps : mon téléphone se met à vibrer. Je souris immédiatement et clique sur le MMS envoyée par May-Ly. Je m'attendais à reconnaître notre salon avec le visage pas maquillé de ma copine--le mercredi, elle ne sort pas de la maison--, mais je passe ma main sur mon visage avant de sourire.
Elle est dans les gradins, un grand sourire aux lèvres, et Presnel qui tire la langue à côté d'elle--il est forfait pour ce match, mais je ne m'attendais pas à ce qu'il s'allie à ma copine pour me faire une surprise. Ca me rappelle la première fois que May-Ly est venue me voir jouer, et j'ai l'impression que c'était hier même si en vérité, des années sont passées depuis.
Je lui envoie un coeur rouge et n'ai pas le temps de m'attarder plus sur sa présence : on doit rejoindre le couloir. Julian m'assure qu'il n'était au courant de rien, mais on sait tous les deux très bien qu'il ment.
J'étais très motivé pour ce match--la qualification du Paris Saint-Germain en finale de Ligue des Champions est un rêve, et on va tout faire pour y arriver. Mais de savoir que May-Ly est là me motive encore plus. Je veux qu'on se qualifie pour le club, pour les supporters, et pour elle.
...
Quand l'arbitre siffle la fin du match, c'est l'euphorie autour de moi. Les supporters qui ont fait le déplacement chantent à s'en arracher les poumons, et je me retrouve en sandwich sous plusieurs de mes coéquipiers qui crient déjà "on est en finale" à tue-tête. Moi, je ne réalise pas ce qui se passe. Je ne réalise pas que ça y est, on l'a fait, on a qualifié le paris Saint-Germain en finale du championnat le plus prestigieux, celui qui procure le plus de respect et d'émotions.
Je n'ai jamais douté que ça arriverait un jour. Mais j'ai douté du fait que je ferais partie de l'équipe à ce moment-là. Après de nombreux prêts sans option d'achat dans des clubs partout dans le monde, j'ai réussi à gagner ma place ici, dans la défense de l'équipe première, et c'est incroyable pour moi de me dire que si on est qualifié, c'est en partie grâce à moi.
On finit par tous se lever et par aller célébrer la qualification avec nos supporters pendant de longues minutes. Presnel finit par nous rejoindre ainsi que nos deux autres convalescents, et quand je vois Carol et les enfants de Marquinhos nous rejoindre à leur tour pour célébrer la qualification, je me tourne vers Presnel.
-Elle est où, May-Ly ?
-Partie faire pipi, je crois, hausse-t-il les épaules. Elle avait la trouille de venir jusqu'ici, j'crois. Ca reste entre nous, mais elle est pas comme d'habitude depuis qu'on est arrivé ici.
Je n'ai pas le temps de me demander pourquoi ma copine agit bizarrement, embarqué dans des célébrations. Finalement, je la vois entrer sur le terrain d'un air un peu incertain, et je cours la rejoindre, la serrant dans mes bras.
-Putain, bébé, on est en finale ! m'exclamé-je, et elle me sert tellement fort que je sais qu'elle est aussi heureuse que moi. Hormis le fait que je joue pour le club, elle les a toujours supportés, et je ne sais pas si c'est May-Ly ma copine ou May-Ly la supportrice qui est la plus heureuse.
-J'arrive pas à y croire, dis-je, brisant notre étreinte pour prendre son visage entre mes mains. On va aller en finale, et on va la gagner, je pourrais pas être plus heureux, secoué-je la tête, et j'arrête mon monologue en voyant que May-Ly s'apprête enfin à ouvrir la bouche. Je m'attendais à des félicitations ou à un "je suis fier de toi," mais ce qu'elle dit est encore mieux.
-Marie-toi avec moi pour de vrai.
Mon coeur rate un battement, et pour seule réponse, je pose mes lèvres sur celles de May-Ly, complètement subjugué par mes émotions.
-C'est à cause de moi que tu pleures ? me demande-t-elle, passant ses pouces sur mes joues, et c'est seulement à ce moment-là que je réalise que je suis bel et bien en train de pleurer.
-J'en sais rien, c'est tout, répondis-je, et May-Ly sourit avant de m'embrasser à son tour, et je la serre dans mes bras.
-Maintenant, rien ne pourrait me rendre plus heureux. J'ai tout. Tout.
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IKIGAI » GEORGEN ✓
FanficIkigai (生き甲斐) : notre raison de se lever le matin. Ou quand May-Ly demande à Alec Georgen de l'épouser sous une de ses photos Instagram (et qu'il accepte.) janvier 2019┊février 2019.