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«Allez Annaïs! Lève-toi!»

Je laissai s'échapper un grognement rauque avant de cacher ma tête sous les couvertures de mon lit moelleux. Molly, ma meilleure amie et colocataire, me secoua dans tous les sens avant d'agripper ma seule protection à l'air frais du matin, ma couverture, et la tira d'un coup sec pour me prendre par surprise et m'empêcher de l'attraper. Je me mis alors à greloter et me plaçai en petite boule sur mon lit. Mes yeux bleus perçants étaient maintenant rivés sur ceux de mon amie. D'après son expression faciale, je devais avoir l'air de vouloir lui lancer des couteaux.

«Petite démone...» Lui dis-je en serrant les dents.

Molly eu un mouvement de recul minime, mais revint aussitôt à la charge en me jetant un oreiller de plumes au visage. Je ne bougeai pas d'un muscle, mais je jurai intérieurement.

«Lève-toi! Nous devons partir le plus tôt possible pour arriver à l'autre village avant le coucher du soleil.» Dit-elle en me fixant de ses grands yeux émeraude.

Je savais très bien quelle était la véritable raison pour laquelle Molly voulait partir le plus tôt possible : elle voulait éviter toute rencontre importune avec les gardes de notre village actuel.

«C'est bon, j'ai compris. J'arrive dans dix minutes.»

Un grand sourire dévoilant les dents parfaites de mon amie s'afficha sur son visage rond. Elle tourna sur ses talons et sortit de ma chambre en chantonnant une petite mélodie trop joyeuse pour cette heure si matinale.

Je restai en boule sur mon lit pendant un petit moment en repensant à la raison de notre départ si pressé. Cette raison, c'était moi. Quelques heures plus tôt, j'avais assommer l'un des nombreux marchands qui se baladent de village en village pour réussir à lui voler une douzaine de croissants sans qu'il me voit et il se trouve que je n'avais pas été assez discrète. Quelqu'un avait avertis les gardes aux petites heures du matin, mais heureusement pour moi, la personne n'avait pas vus mon visage lors de l'acte. Donc, depuis maintenant quelques heures, je craignais que la garde débarque chez moi, qu'elle me passe les menottes et qu'elle m'envoie pourrir en prison pour les dix prochaines années.

Je me redressai enfin dans mon lit et balayai ma petite chambre du regard. Les murs d'un bleu pastel et le plancher en bois plein de craques allaient me manquer. Je laissai s'échapper un long soupir en constatant à quel point elle était vide sans toutes mes traineries au sol et mes cadres sur les murs. Nous avions malheureusement dut tout vendre à cause de notre déménagement imminent et Molly avait même déjà rencontré les nouveaux propriétaires de la maison. D'après elle, il s'agissait d'un jeune couple qui attendait des enfants. Je m'étais dit qu'ils allaient devoir re-déménager bientôt si c'était réellement le cas.

L'odeur du petit déjeuner me tira de mes pensées. Je descendis de mon lit et enfilai la première chose qui me tomba sous la main; une chemise carottée noire et bleu et un jean. Le contact du sol était froid sous mes pieds nus, donc j'enfilai aussi une paire de petit bas. J'agrippai ensuite ma brosse à cheveux et me plaçai devant un petit miroir. Mes longs cheveux noirs étaient complètement mêlés, comme si une tornade avait passé durant la nuit. Je passai un long moment à essayer de les rendre droits et soyeux, mais les boucles incontrôlables revenaient toujours plus nombreuses. J'abandonnai ma mission et lançai la brosse sur mon lit avant de me diriger vers la cuisine. Lorsque j'entrai dans la pièce, une délicieuse odeur de pain frais flottait dans l'air. Je retrouvai mon amie derrière le vieux comptoir en bois. Ses longs cheveux roses étaient rassemblés en queue de cheval derrière sa tête et pendaient jusqu'au milieu de son dos. Je me remémorai alors le jour où elle avait décidé de se les teindre. Elle s'était levée de bonne heure avec l'impossible idée de changement.

L'éveilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant