Jusqu'à ce que la mort nous sépare

Chapitre 2.

Le week-end était passé beaucoup trop à mon goût et visiblement, à en croire la tête des autres, je n'étais pas la seule à le penser. J'étais loin d'être sociable et malgré le fait que c'était la deuxième fois que je me retrouvais à passer l'année avec cette classe, je ne connaissais même pas leur prénom.

Je m'étais assise au fond à ma place fétiche, seule sur un banc de deux près de la fenêtre pour observer le paysage plutôt que d'écouter mais je finissais toujours par retenir ce qu'il était dit et j'en avais bien de la chance d'avoir cette capacité.

Perdue dans le fil de mes pensées, j'avais fini par avoir Nora à l'esprit. Je ne savais pas pourquoi mais cette fille hantait mon cerveau depuis le samedi précédent.

-Eh Oh, Aya, ici la Terre. Répondez.

Stupéfaite que quelqu'un vienne me parler, je m'étais retournée sur une fille qui était à côté de moi, le sourire aux lèvres.

-Nora?? Depuis quand tu es dans ma classe?

Son apparence vestimentaire était complètement différente mais son apparence générale était inchangée.
Elle avait l'air faussement vexée de ma demande et le prof nous avait ensuite sommer de nous taire.
Elle avait reprit en chuchotant.

- Depuis le début de l'année passée... Il était temps que tu me remarques hahaha.

Pour la première fois depuis des années, je parlais avec quelqu'un de ma classe et je dois admettre que bien que j'étais totalement asociale, ça m'avait fait énormément plaisir qu'on discute avec moi de tout et de rien, surtout que ce soit elle qui le fasse. Je ne mens pas en disant que c'était vraiment mon genre physiquement mais j'en savais encore trop peu sur elle pour juger du reste.

Nous avions convenu de nous voir l'après midi du mercredi pour approfondir cette amitié naissante. Évidemment je n'avais pas hésité une seule seconde pour dire oui mais une question m'étais venue à l'esprit et je devais absolument la poser:

-Ta petite amie n'aura pas de problèmes avec ça?
-Ma petite amie...

Elle paraissait être en train de réfléchir de qui je pouvais bien parler mais ça lui était vite revenu.

-Haaaaa ma petite amie! Non ne t'inquiète pas je n'ai personne de ce statut dans ma vie. Samedi c'était juste une amie.
-Tu embrasses tes amies?
-Hmmm disons que ça m'arrive.

Une forte envie de devenir son amie s'était faite ressentir en moi mais j'avais rapidement enlevé cette de ma tête, gênée par le fait de vouloir avoir un contact avec ses lèvres si douces d'apparence.

À la sonnerie, elle était partie en trombe. Apparemment c'était sa façon à elle de s'en aller.

Le mercredi arrivé, j'étais restée chez moi à cause de ma forte envie de rester dans la chaleur de mon lit. De toute façon il n'y avais personne pour me forcer à aller en cours.

À son grand malheur, Raphaël avait commencé à travailler en permanence pour être sûr d'être pris dans l'université qu'il convoitait tant. Ça ne me dérangeait pas plus que ça, j'aimais bien être seule sans tout le temps faire des choses avec lui.

À midi pile, Nora était venue me retrouver chez moi. J'avais mis une éternité à choisir comment j'allais m'habiller pour finalement mettre un simple jeans et un sweat-shirt. Elle avait retrouvé son look extra-scolaire que j'aimais beaucoup d'ailleurs.

-Aya... je sais que je suis belle mais arrête de me fixer et sors tu veux.
-Ha heu oui pardon.

Je n'avais même pas remarqué que je la regardais intensément.

On avait rien prévu de particulier et mon ventre commençait à hurler de faim. On s'était rendue au KFC le plus proche. Disons qu'il n'y avait pas plus sexy que nous à manger nos poulets comme des gremlins affamés ce qui nous faisait rire. Repues de tant de graisse, on était ressorties pour ensuite aller au Bowling qui se trouvait juste en face. On avait commencé par payer pour trois parties mais comme on était seulement deux ça allait être extrêmement rapide.

J'étais vraiment nulle, tandis que elle, elle enchaînait les strike et les spare.

-Alors petite, tu veux qu'on enlève les rigoles comme pour les enfants?

Elle blaguais sans se moquer et même si intérieurement ça me mettait de bonne humeur, je faisais semblant de bouder comme une gamine.

-"Gniagniagnia". Je fais que te laisser de l'avance sinon tu aurais déjà perdu depuis longtemps.

J'avais ensuite tiré la langue dans sa direction et m'étais avancée pleine de volonté pour balancer la boule sans aucune délicatesse dans l'espoir d'en toucher au moins une ou deux. J'avais mis mon pied un peu trop loin et avais glissé. En me relevant, j'avais vu une femme qui jouait avec son copain pouffer en me regardant et en faisant allusion à ma chute ridicule. Contrariée et sans vraiment me retenir, je lui avais quasiment crié dessus.

-C'est drôle hein! Connasse.

Après m'être retournée, je voyais Nora se retenir de sortir tout son amusement. Son visage rouge écrevisse donnait l'impression qu'il allait exploser à force de se retenir et on avait finalement toute les deux éclatées de rire.

Après un peu de jeu en arcade, une glace et un nombre incalculable de moments drôles à se plier, la journée était malheureusement déjà terminée.

Elle m'avait ramenée devant chez moi et j'avais très envie de rester plus longtemps avec elle donc j'allais lui proposer d'entrer.

-Mes parents ne sont pas là, tu veux...

Elle m'avait coupée dans ma phrase.

- Je pourrais dormir ici cette nuit s'il te plait?

J'étais surprise de sa question mais avais évidement accepté presque instantanément.

Je lui avais prêté un de mes pyjamas qui d'ailleurs était un peu trop long pour elle. Pendant qu'elle se lavait et se changeait, je jouais à The last of us pour la quinzième fois tellement j'aimais ce jeu.
Elle m'avait rejoint dans le lit et j'avais éteint la console pour lui poser une question à laquelle je savais pertinemment que je n'aurais peut être pas de réponse.

-Pourquoi tu n'es pas rentrée chez toi?
- Je suis désolée, je ne peux pas t'en parler tout de suite mais je te suis vraiment reconnaissante de me laisser passer la nuit ici...

Face à son air mi-désolé mi-triste, je n'avais pas pu réussir à me retenir. Je m'étais rapprochée de son visage, j'avais mis ma main sur son épaule et avais déposé délicatement mes lèvres sur les siennes.