Jusqu'à ce que la mort nous sépare

Chapitre 3.

J'étais avachée dans mon fauteuil à regarder le plafond, à repenser inlassablement à la texture de ses lèvres. C'était la première fois que j'embrassais une fille et jamais je n'aurais pu penser que c'était si délicat, si doux.

Je me remémorais la scène dans les moindres détails pour la énième reprise depuis le matin: Elle s'était laissée faire jusqu'à ce que je me retire pour ensuite me rendre ce baiser, y rajoutant même la langue. Au bout de quelques secondes seulement, ses mains se trouvaient déjà sous mon t-shirt. La sentir toucher ma peau de ses mains froides me faisait frissonner. Elle m'avait fait m'allonger en arrière et était passée sur mon cou l'embrassant de plus en plus sensuellement. Je me devais de l'arrêter pour ne pas aller plus loin mais intérieurement je ne voulais pas.

Elle m'avait déjà retiré mon haut et s'apprêtait à m'enlever mon soutien gorge quand soudain la sonnerie insupportable de mon téléphone avait retenti. Elle s'était décollée de moi pour que j'aille décrocher. J'étais allée répondre dehors, énervée qu'on me dérange. C'était mon père qui m'appelait.

-Salut chérie, comme tu le sais, c'est l'anniversaire de ta mère le mois prochain et je travaille à ce moment là mais je te promet d'essayer d'être présent cette fois pour aller la voir.

Je l'adorais et je savais qu'il regrettait énormément d'être toujours absent pour affaire.

-T'inquiète pas papa, on fera ça plus tard, correctement, quand tu sera en congé.

On avait parlé un peu de moi de lui et de Raphaël.Il n'y avait rien d'étonnant au fait qu'il l'avait accepté comme étant mon petit ami puisque on se connaissait depuis la maternelle.

Après qu'il ait raccroché pour reprendre le travail là où il l'avait laissé, j'étais retournée dans ma chambre où.

Nora semblait s'être endormie. J'avais soupiré à voix haute.

-Merci de ton aide papa...

Je m'étais couchée à côté d'elle attendant un déclic de mon corps pour qu'il s'endorme de lui même. C'était finalement sur une question plus ou moins importante que j'avais plongé dans un sommeil profond: Qu'y a-t-il entre elle et moi au juste?

Pourtant, le lendemain, jusqu'à l'établissement scolaire, aucune de nous n'avait prononcé un mot et lorsqu'on avait commencé les cours, elle était redevenue comme avant. Comme si rien ne s'était passé la veille. Elle ne faisait que raconter notre journée extraordinaire, apparemment et à se moquer de ma maladresse au bowling qui visiblement était hilarante. Mais rien de plus. Notre échange nocturne passionné de baisers envolé à tel point que j'avais presque l'impression que je n'avais que rêvé de cet épisode de ma vie. J'étais en colère et déçue. "Ça n'avait donc aucune importance pour elle de le faire avec une simple amie."

Je ne crois absolument pas au coup de foudre. Tomber amoureuse au premier regard signifie que ce n'est qu'une question d'apparence vestimentaire et de physique. Mais il était indéniable que j'avais une forte attirance pour Nora. Et ça se voyait sans aucun doute de le l'extérieur sachant que ma peur d'être découverte était la dernière de mes pensées.

J'avais fini par enfin m'endormir devant un épisode de doctor who. Série dans laquelle je trouvais que l'actrice qui jouais Clara Oswald était tout bonnement magnifique et j'étais une fangirl incontestée de ce personnage.

Le lendemain, je ne me sentais vraiment pas bien et n'avais aucune énergie. Pendant le cours de sport, nous avions basket. Quand une fillenulle en coordination mais qui avait beaucoup de force avait envoyé la balle en direction de ma tête, je n'avais pas eu le réflexe de me protéger et l'avais reçue de plein fouet dans la face. Évidement, c'était violent mais si j'avais été en forme, je n'aurais pas eu grand chose. Là,  je m'étais écroulée et après avoir fermé les yeux c'était flou et mis à part des gens qui parlaient au loin je n'entendais et ne comprenais rien.

Quand je m'étais réveillée, je me trouvais dans mon lit avec quelqu'un à côté de moi qui lisait. J'avais encore la vie trouble et le cerveau secoué.

-Nora?

Quelque part, j'espérais vraiment que ce soit elle. J'avais un besoin de la voir, très fort, pourtant je ne la connaissais que depuis peu.

-Désolé bébé mais non ce n'est que moi.

Raphaël était près de moi, un grand sourire charmeur aux lèvres.

-On m'a dit que tu t'étais évanouie et comme je sais que ton père n'est pas là j'ai demandé à ma mère de te ramener chez toi avec sa voiture. Tu la connais, elle a accepté avant même que je termine ma phrase. Tu te sens mieux?

Je ne répondais pas, j'avais la tête ailleurs. Je ne sais pas si c'est parce que le coup que j'avais eu m'avait chamboulé l'esprit mais j'avais décidé que je devais arrêter de lui mentir à partir de maintenant.

-Raphaël, il faut que je te parle. S'il te plait écoutes moi jusqu'au bout.

Un air sérieux avait pris place sur son visage. J'avais commencé à lui expliquer en détail depuis le début: La découverte de mon homosexualité, ma peur et mes craintes. Je lui avais expliqué pourquoi j'avais accepté de sortir avec lui, pour quelle raison il avait eu la permission de me prendre toutes mes premières fois. Je m'étais excusée un nombre incalculable de fois pour tout ce temps de mensonge mais le mal était déjà fait et j'étais prête à en subir les conséquences, enfin, c'était ce que je croyais.
Il n'avait plus aucune expression faciale lorsqu'il s'était levé en silence et était sorti de chez moi, sans se retourner. Je venais de perdre mon meilleur ami pour toujours et avais fait naître une boule de haine contre ma personne qui n'allait pas tarder à exploser.

Quand il avait claqué la porte, je n'avais plus réussi à contenir et avais fondu en larmes.

J'avais besoin de poser une question à Nora coûte que coûte, yeux gonflés par les larmes ou pas. Alors je l'avais appelée et de venir le plus vite possible chez moi. Un quart d'heure plus tard, elle était déjà là. Je n'avais pas perdu de temps pour la questionner.

-On est quoi l'une pour l'autre?

Elle avait semblé réfléchir pendant un court  instant avant de me regarder droit dans les yeux et de me dire:

-On peut être ce que tu veux qu'on soit mais avant j'aimerais que tu me suives pour que tu sois un minimum au courant de dans quel monde tu t'aventures.