- TU VEUX SAVOIR CE QUE J'EN PENSE ?
- Non.
- J'en pense que j'ai faim, j'ai froid, et je suis fatiguée. Allons-nous en.
Cela faisait bien une demi-heure que ce manège se répétait. Lui m'annonçant que c'était la photo de sa vie, moi le chahutant pour rentrer. L'odeur de la soirée, c'était la froidure de l'herbe mouillée, le sifflement du vent sur ma peau, le scintillement des étoiles trop loin dans le ciel. Il disait que c'étaient les conditions parfaites, je lui soumettais l'idée que c'était peut-être la plus tordue qu'il ait jamais eue.
- Tu sais que je t'aime ?
- Je sais que tu es trop ivre pour dire ça sérieusement.
- Je n'ai pas bu une goutte d'alcool.
- C'est la photo qui t'enivre.
La photo c'était toute sa vie. Je savais bien que moi je n'étais qu'une nana de plus, que son véritable amour il l'avait déjà trouvé auprès de son art, mais même dans le froid comme ça, même dans la nuit et même dans l'ivresse, j'étais totalement folle amoureuse.
- T'es con, Géraldine, l'interpelais-je.
- C'est toi la conne à m'appeler comme ça. Il sort d'où ce nom ?
- C'est un délire avec moi-même, cherche pas.
Un déclic se fit entendre. Son appareil avait immortalisé ma pose, mon air, le vent, les oiseaux, le bruit, arrêté le temps, la vie, et cet instant était prisonnier de la petite boîte noire qu'il tenait entre les doigts.
- Putain t'es magnifique Cha', dit-il avec une émotion cachée.
- Je sais.
Il rit et s'assit près de moi. Il me rendit mes vêtements que j'avais enlevés pour poser dans le noir. La chaleur se propageait en moi au fur et à mesure que je remettais mes habits, puis je me serrai contre lui.
- Tu avais raison, finis-je par confesser. C'est une belle soirée.
Il ne répondit rien, posa une main sous mon short qui me fit frissonner, et il m'embrassa. C'était un de ses baisers lascifs qui, avec le même pouvoir qu'un appareil photo, ralentissaient le temps jusqu'à l'arrêter. Dans ses baisers je me retrouvais enfin, je me rappelais qui j'étais, je me souvenais que je l'aimais. Il y avait du sens dans ces baisers, dans cet amour, et je me dissolvais totalement en lui.
Il était l'amour, et j'étais à lui.
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le Photographe (et sa muse)
RandomQuand Lucius est arrivé dans ma vie, comme une abeille se pose sur une fleur, j'avais besoin de lui. Car l'amour naît toujours d'un manque. Puis je l'ai aimé, fort. Et puis toutes mes croyances, toutes mes certitudes, et tout mon monde, tout a volé...