Scène 3

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« Je n'ai pas toujours été comme ça. Il m'est arrivé une fois d'être une enfant insouciante et heureuse de sa vie. De ce qu'on lui offrait. Mais le seul moment où c'est arrivé j'ai perdu ce qui m'était le plus cher au monde. Je l'ai depuis toujours regretté, du plus profond de mon cœur. Et on me l'a également fait comprendre. Jamais je ne serais capable d'amour. Ce n'est pas inscrit dans mes gènes, et ça ne le sera sûrement jamais. Alors m'imposer ce mariage n'est rien d'autre qu'un sacré foutoir. Après tout jamais je n'aimerai Grey. Et si jamais ça venait à arriver... Il est impossible que cette histoire se finisse bien. Car si je rêve d'une vie simple et douce c'est bien à cause de ça. »

Son repas finit, Erza l'avait fait revenir à l'entrée. C'est à ce moment d'ailleurs qu'elle comprit que la cuisine se trouvait derrière cette rotonde miniature, ce qui aidait assez bien dans le repérage du manoir.

Elle l'avait ensuite dirigé vers les escaliers qu'elles avaient montés, l'empêchant d'aller voir ce qui se cachait derrière cette deuxième porte. Ils tournaient, tant et si bien que face à elle se trouvait maintenant à l'extérieur la grande allée qu'elle avait pris plus tôt.

_ Voici l'étage, réservé à vous et vos proches.
_ Oh...
_ A notre gauche c'est votre partie à vous et Grey. A droite ce sont les autres chambres et salles de bains, avec notamment l'accès à la salle de sport et une autre terrasse.
_ Je vois.

L'escalier monté, un tout autre décor lui fit face. Deux grandes bibliothèques placées en équerre permettaient de séparer la pièce en deux parties. De ce qu'elle parvenait à voir depuis l'escalier, derrière ces bibliothèques se trouvait un canapé face à une fenêtre. Il devait être utile pour la lecture, permettant de voir aisément dehors un livre à la main. Elle était sûre que si elle s'asseyait sur ce canapé et regardait dehors, elle n'aurait plus aucune connaissance de ce qui se passerait dans cette maison, complètement coupé du monde.

_ Je vais vous montrer votre chambre. Le reste, vous aurez largement le temps pour le visiter.
_ Parfais, merci.

Se dirigeant alors à gauche des bibliothèques elles empruntèrent un autre couloir, cette fois-ci sans séparation par des portes. Toujours très éclairé, avec toujours ce même bois sombre au sol et ces mêmes murs clairs. Toute la maison était composé dans les tons et matériaux semblables, créant cette si parfaite harmonie aidé des meubles. Quant aux décorations, elle n'en voyait aucunes pour le moment.

Ce fut à seulement quelques mètres qu'une seule et unique porte se présenta à elles.

_ Je vous laisse là, et repart à mes occupations. Si vous avez besoin de moi ou de quoi que ce soit vous pourrez me rejoindre dans la cuisine.

Elle hocha simplement de la tête, regardant pour la première fois dans les yeux cette femme. Elle n'avait jusque-là pas remarqué leur étrange couleur... Des améthystes qui semblaient briller de bienveillance.

« J'en suis sûre à présent. »

Elle sourit, et ouvrit la porte. Et avant même qu'elle n'ait le temps de la refermer les bruits de pas de la gouvernante partirent loin, loin, déjà dans la bibliothèque qui les avait accueilli à l'étage. Elle souffla alors et rentra, refermant directement la porte derrière elle.

Se retournant enfin elle vit l'immense chambre qui lui faisait face. Deux fonctions lui semblaient particulières, avec à sa gauche le dressing à moitié vide, deux portants au milieu de ce coin de pièce, et à droite un lit qui semblait être un king size. Face à celui-ci, une commode faisant dos à un autre canapé à l'allure confortable. Une télé au mur opposé justifiait la présence de ce dernier.

Elle remarqua par ailleurs la porte fenêtre de ce côté de la chambre. S'approchant doucement de la porte, elle vit une grande terrasse. Elle devait se trouver au-dessus du salon qu'ils avaient visité quelques instants auparavant.

Elle leva la main, la posa sur la poignée et hésita un instant à l'ouvrir. Elle ne voulait pas vraiment voir ce qui se trouvait de l'autre côté. Même si elle pouvait apercevoir d'ici ce qui s'y trouvait, elle ne voulait pas voir l'étendue de ce qui était désormais sa prison. Elle la savait grande, très grande et sûrement bien plus grande que ce qu'elle ne pourrait jamais imaginer. Elle ne voulait pas voir ça.

_ Ouvres.

Elle reconnut immédiatement la voix. Et même si elle n'avait pas entendu cet homme entrer ou s'approcher elle n'avait pas sursauté, eu peur. Elle ne savait pas quoi en penser.

_ Pourquoi ?, demanda-t-elle. C'était sorti tout seul.
_ Tu sembles le vouloir sans l'oser. Mais c'est notre chambre, tu peux y faire ce que tu veux.

Elle voulait se retourner. Elle voulait voir son fiancé, comprendre pourquoi il faisait tout ça sans l'écouter. Cependant elle savait qu'ici, dans ce pays, ça ne marchait pas comme ça. Les femmes devaient obéir aux hommes, cela faisait partit du contrat de naissance. La servitude qu'elle voulait tant éviter.

Appuyant doucement sur la poignée, elle poussa la porte coulissante sur le côté. Elle ne voulait pas voir, mais voulait connaître. Pourquoi tant de contradiction chez elle ? Depuis qu'elle avait été embarquée dans cette histoire rien n'était plus simple. Avant elle rêvait simplement de liberté. Maintenant, elle se demandait s'il ne valait mieux pas fuir tout simplement de la réalité radicalement.

Elle sortit ensuite dehors, sur la grande, immense terrasse. Comme tout ce qui était présent ici. Le sol bétonné supportait deux niveaux. Le premier, qui ne faisait pas plus que quelques mètres de largeur et le deuxième, qui prenait la place principale.

Le premier n'était que du béton avec un hamac à gauche. Quelques pots de fleurs étaient disposés, collés à la grande marche menant au niveau surélevé. Au centre, pile en face de la porte fenêtre, un petit escalier de 4-5 marches permettait d'y accéder plus facilement. A partir de là de la véritable herbe habillait le sol. Il n'y avait que les hommes riches pour pouvoir se construire quelque chose de si peu pratique et si compliqué d'entretien.

Passant finalement la sorte de couloir bétonné elle monta les marches. Au centre à droite se trouvait une grande table de jardin. Quelques chaises pliantes étaient rangées en dessous, le tout faisant très pittoresque. A gauche au plus près de la chambre il y avait une balancelle magnifique, du genre qu'on ne voit que dans les films en temps normal.

Elle respira l'air, prenant une grande inspiration. La plus grande qu'elle n'est jamais prise de toute sa vie. Ici l'air parvenait à nettoyer ses poumons. Jamais elle n'avait aussi bien respirée.

Elle respira et leva le nez face au soleil qui se montrait et la saluait. Elle accueillait les rayons sur sa peau et profitait de ce moment de détente. Bientôt elle ne sera plus tranquille, elle en était persuadée. Elle était devenue la nouvelle fiancée d'un homme puissante. Très puissant. Elle tendit le cou et ferma les paupières.

Elle ne voulait rien voir de ce qui l'entourait, elle voulait profiter. Elle prit un bain de soleil, le bain de soleil qui la détendit. Elle ferma les yeux et ne vit pas le temps défiler, elle respira et en profita. Elle se coupa du reste du monde, mis à part cette terrasse. Une terrasse qu'elle s'imaginait à l'herbe grasse et douce, légèrement humide malgré la chaleur du soleil. Un léger vent souffle dessus sans parvenir à la sécher, même si le soleil s'y rajoute.

Elle entendrait alors le bruissement des feuilles, des plantes et le frétillement des insectes qui logeraient pas loin, et ses pieds nus se retrouveraient mouillés à être restés trop longtemps sur cette herbe à jamais humide.

Elle voulait partir. Elle ne voulait pas revenir ici.

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Courte scène par rapport aux précédentes, mais bon... je vous avait prévenu ;) La suite arrive bientôt !

Rose.


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⏰ Dernière mise à jour : Mar 08, 2019 ⏰

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