Scène 1

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« J'avais toujours rêvé d'une vie simple. Une vie qui ne connaît ni la tristesse, ni la trahison, ni la douleur et ni la mort... Une vie que j'aurais pu vivre seule, sans qu'il n'y ait quelqu'un pour me dire ce que je devais faire. Quelque chose qui ne serait qu'à moi, où j'aurais mes propres choix à faire et mes propres décisions à prendre, qu'elles soient bonnes ou mauvaises. Une vie d'indépendance et de tranquillité, que j'aurais méritée. Pour laquelle je me serais battue. Et pourtant... Me voilà Là, parmi tous les endroits que je déteste le plus au monde. »

La jeune femme reposa son verre sur une table qui avait été placé ici. Ou plutôt une table qu'elle avait choisie pour son emplacement. La vue, de là où elle était, était magnifique, sans poussière et nuages. Elle pouvait ainsi contempler le ciel bleu, recevoir les doux rayons du soleil chaud sur sa peau tendre, et ignorer tout ce qui touchait à ce qui se passait dans son dos. Précisément, à sa droite avec une coupe de champagne également dans sa main.

Elle aurait pu grogner, se plaindre, hurler. Mais cette situation était monnaie courante là où ils habitaient et même dans la globalité du pays. C'était ainsi fait. Les filles n'étaient rien de plus que des objets pour leur père, alors vendues aux plus offrants. Et ce n'était que ce qui était montré car derrière la réalité était bien plus terrible et angoissante. Elle se savait chanceuse de ne pas avoir connue ce qui était habituel pour des filles de son âge, et d'être né dans une bonne famille. Même si elle n'était pas non plus la mieux placée. Question de relativité.

Alors elle soupira. Une nouvelle vague fit tanguer le bateau, et une fois encore elle dû retenir un haut le cœur. Cela faisait 3 heures que la situation durait, et même si elle était malade comme un chien sur ce genre de transport, son père n'en avait pas pris compte. Ou plutôt, cet homme qu'elle évitait depuis le début de ce qui était leurs fiançailles. A dire vrai elle ne le reconnaissait plus tellement.

Elle s'était bien entendue goinfré de médicaments en tout genre, comme un anti-vomitif, un calmant et même un somnifère mais rien n'y faisait. Elle se demandait même si elle ne devait pas augmenter les doses. Le risque d'overdose était une douce pensée dans son esprit en ce moment, et quoi de mieux que de mourir comme ça que d'une balle dans la tête ? Pour le moment c'était son paradis.

Mais une fois encore, la présence de son père lui rappelait qu'elle ne devait pas. Après tout il le lui avait assez rappelé alors qu'elle était en train d'enfiler sa robe de soirée. « Ne gâche pas tout ma fille. Tu feras la fortune de cette famille et la prospérité de ton père. Ne sois pas égoïste, et fais ce que l'on te dit. » Il n'était qu'un hypocrite. Seulement c'était un hypocrite à qui elle ne pouvait pas désobéir. Il était bien plus que son sang quand bien même elle ne pouvait pas le tolérer. Elle ne pouvait faire autrement que de faire ce qu'il lui demander de faire, même s'il lui demandait de se prostituer.

Elle observa la mer... Elle était tranquille aujourd'hui. Il était habituel que des houles fassent échouer des bateaux sur les rives. Cela arrive des dizaines et des dizaines de fois en une année. La mortalité en mer est redoutable. Mais il fallait croire qu'aujourd'hui était un jour de paix. C'est peut-être pour ça que la fête a été organisé si tôt : pour le temps. Ce n'est pas tous les jours que de douces vagues bercent les bateaux et que le bleu profond et miroitant se reflète sur l'eau.

Elle leva finalement les yeux au ciel, voyant là un oiseau blanc passer. Elle enviait parfois ces bêtes. Mais pour rien au monde elle ne se risquerait à voler. Bien trop avide elle aurait tendance à monter haut dans le ciel, encore et encore, jusqu'à ce brûler les ailes. Tout comme Icare. Elle serait grisée par cette nouvelle liberté acquise. Alors elle attendait sagement. Sa patience n'avait pas de limites.

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