Chapitre 1 - Après le bal...

205 22 10
                                    

La vraie grandeur consiste à être maitre de soit même.

-Daniel Defoe

Alison James quitta la fête de Kerri Jordan juste avant que le feu dévore la forêt, et sans doute aussi son chalet; le même chalet où elle avait amené sa sœur plus tôt dans la soirée. À 1 heure du matin, la ville de Pinseel en Pennsylvanie sombrait dans les ténèbres. Seules les lumières jaunes frappantes des lampadaires situés aux extrémités des rues aidaient les voitures à s’aventurer dans la noirceur de cette nuit d’octobre. Alison remonta son coupe-vent par-dessus sa robe et jeta un regard derrière elle. Même à plus d’un kilomètre de distance, elle pouvait voir les flammes consumées les sapins, et sa couleur orange jaillir par-dessus les maisons voisines. « J’espère qu’il n’y aura aucun mort, pria Alison tout haut, à part Roxane. » Un sourire maniaque se dessina au coin de ses lèvres. Alison avait été demandée par un étranger de tuer sa demi-sœur Roxane James. Au début, elle devait s’avouer qu’elle s’était montrée hésitante, même si elle n’avait pas le choix, mais dans les dernières heures, l’idée de tuer Roxane s’était avérée être une décision logique. L’étranger lui avait assuré que de tuer sa sœur l’aiderait à garder un certain contrôle sur ses pouvoirs; qu’elle ne devait pas perdre ce don qu’elle avait. C’était bien ce don qui lui permettait d’être plus forte que tout le monde. Et Alison adorait avoir le pouvoir d’être supérieure. De plus, elle n’avait jamais vraiment aimé Roxane. Roxane était une représentation parfaite du contraire d’elle-même. Il y avait quelque chose dans sa personnalité qui n’allait pas, qui la piquait à chaque fois, même si elle n’avait jamais été capable de mettre un doigt sur ce que c’était. Mais bon, puisqu’elle était morte en ce moment même, cela ne servait à rien de se prendre la tête avec son souvenir… Une voiture noire passa près d’elle et la klaxonna. « Non mais bordel! » Blasphéma-t-elle. Puis la voiture s’arrêta et se gara au coin de la rue. Le conducteur ouvrit la porte et sortit aussitôt du véhicule. Alison reconnue immédiatement le visage long et symétrique de son père Charles James. Il portait son bas de pyjama vert avec un manteau Gucci noir qu’il n’avait pas prit le temps de boutonner. Ses cheveux noirs étaient ébouriffés et un regard terrifié se lisait sur son visage. « On vient d’emmener ta sœur à l’hôpital en ambulance. » Déclara-t-il. À ces paroles, Alison eu le sentiment qu’un orage allait se déchainer sur elle et l’anéantir dans moins d’une seconde. Roxane était… à l’hôpital? Alison s’approcha de son père. « Elle va bien? Elle est morte? » S’empressa-t-elle de demander en oubliant de démontrer un peu de sensibilité. Alison leva la tête pour rencontrer le regard effrayé de son père. Elle put facilement voir un début de larme apparaître dans ses yeux noirs. « Monte dans la voiture. » Exigea-t-il. Alison s’exécuta et s’écrasa sur la banquette arrière. Sa belle-mère Maira, la maman de Roxane, sanglota sur le banc du passager pendant tout le trajet jusqu’à ce qu’elle ait sans doute pleuré toutes les larmes de son corps. Personne n’osa dire quoi que ce soit.  

Il y a une différence entre aimer vraiment quelqu'un et aimer l'idée qu'on se fait de quelqu'un.
-Gillian Flynn

Une automobile bleue défila à toute allure sur la rue Dior, passa dans une flaque d’eau et éclaboussa la robe rouge vin de Tahnee Samuels. Celle-ci ne songea pas à s’arrêter de marcher pour se nettoyer. Elle évita aussi de regarder derrière elle; où elle savait que le feu rongeait la forêt, dont la cabane dans les arbres. Un frisson escalada son épine. Et s’il y avait quelqu’un dans cette cabane? Et si quelqu’un d’autre mourrait ce soir? Si cela arrivait, Tahnee ne pourrait jamais se le pardonner. Elle ne pouvait déjà pas se pardonner la mort de Liam, qu’elle était en partie responsable… C’était sa faute si la forêt brulait, car c’était évidemment cet étranger qui l’avait brulée. Cet étranger, qui n’était pas Caleb, et qui souhaitait sa mort et celles de Nadia, d’Alison et de Laurence. Tahnee sortit de sa poche son téléphone cellulaire pour texter à sa mère de venir la ramasser dans la rue Dior. Celle-ci était sans doute déjà au courant pour le désastre chez Kerri et devait être morte d’inquiétude. Elle parcourut sa liste de contact et tomba par accident sur son dernier message : celui qu’elle croyait être de Caleb. Ce message lui indiquait clairement qu’il l’observait, et la réalité de la chose la figeait sur place. Ce cercle n’avait jamais été un jeu; sa vie était sincèrement, réellement en danger. Qu’allait-elle faire? Soudainement, Tahnee entendit le bruit d’un moteur passer tout près d’elle. Elle reconnue la Suzuki rouge cerise de Mabon Thomas. Merde. Tahnee accéléra le pas tout en remontant le capuchon de sa veste sur sa tête. Elle dissimula son visage avec ses mains. Avec un peu de chance, Mabon passerait à côté et ne la reconnaitrait pas. Mais jamais Tahnee n’avait eu ce genre de chance. Mabon la dépassa sur la route puis freina brusquement avant de partir à reculons. Il l’avait repéré. Au même moment, une pluie glaciale s’affaissa sur elle. Double merde. Mabon entrouvrit sa vitre et en sortit sa tête. Ses bouclettes blondes tombaient derrière son oreille. « Hey! » Cria le garçon en question. « Ignore le et il finira par sans aller. » Se dit Tahnee. Mabon ouvrit sa porte d’auto et déboula de la voiture encore en marche. Son tuxedo bleu foncé était fripé et ouvert en son centre. Il s’était probablement sauvé en courant comme tous les autres à la fête de Kerri. « Tu veux bien monter? » Demanda-t-il d’un ton concerné. Tahnee évita son regard. « Ma mère va venir me chercher. » Mabon poussa un soupir mais n’abandonna pas si facilement. « Il faudrait qu’on parle. » « Une autre fois peut-être… » « Non! Tout de suite! » L’interrompu Mabon. Tahnee sursauta. Sa voix, qui était à l’habitude si sereine lui paressait maintenant crue et méfiante. Elle leva les yeux vers lui pour constater que Mabon avait les poings fermés, comme s’il était extrêmement fâché. Ils se dévisagèrent pendant un bon moment quand Mabon se mordit les lèvres avec fureur. Tahnee le regardait comme s’il était un lion et qu’il allait la manger. Puis Mabon prit la parole. « Tu sais quoi Sam, toi et Nadia Montgomery vous êtes exactement pareilles! » « Qu’est-ce que tu veux dire? » L’interrogea Tahnee confuse. Il avala sa salive. « Vous vous servez de moi. » Sa voix se cassa. Il retourna à sa Suzuki et claqua la porte derrière lui si brutalement que l’automobile au complet brimbala. Le véhicule partit en trombe. Tahnee resta sur place et serra son sac à main contre sa poitrine alors que la pluie continuait à tomber sur elle comme un ouragan. Une boule de douleur se forma dans son ventre et monta jusqu’à sa gorge. Ce que Mabon venait de dire confirmait ce qu’elle avait toujours pensé : elle ne le méritait pas.    

Les chasseurs de cercles ( Tome 2 du cercle d'antan )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant