Dark Alice

Chapitre 4. La Reine Blanche.

Bientôt, le sommet d'une tour parvient dans notre chant de visions et nous soulage : nous ne sommes plus très loin.

Nous retrouvons un chemin de dalle blanches qui nous conduit tout droit dans une immense allée bordée d'abres en fleurs formant une haie d'honneur à la grande porte cochère du château qui est dans les tons pastels.

Dans quelques minutes nous allons voir la Reine Blanche... Rien qu'à cette pensée, tout mon corps frissonne et une boule se forme dans mon ventre. J'ai peur. Je suis sûre qu'elle va se rendre compte que je mens et que je ne suis pas la véritable Alice, que je le veuille ou non... Après tout, je ne risque rien, je ne pense pas qu'elle me fasse du mal, elle n'est pas comme l'autre reine...

Pendant que je m'interroge sur le lien qui les unis, nous sommes arrivés à la porte qui s'ouvre automatiquement. Je sais, j'emploie mal mon vocabulaire, je ne pense pas qu'il y est quelque chose de mécanique là-dedans, nous sommes au Pays des merveilles...

La porte pivote donc sur ses gonds et s'ouvre sur un hall plus petit que je ne l'imaginais pour un palais. Un serviteur s'approche :

- Vous désirez ?

- Voir la Reine Blanche, répond Kyle.

- Par ici.

Nous le suivons jusqu'à une grande salle carrelée au fond de laquelle se tiennent deux personnes. La Reine, assise sur un trône sans prétention et vêtue d'une robe blanche, et un sage assis en tailleur sur... rien du tout il flotte à cinquante centimètres du sol. Il est vêtu de bleu et me rappelle un peu la chenille du livre. Je ne serais pas surprise étant donné que tous les personnages de l'histoire ne sont pas des animaux mais des humains.

- Approche, me fait le douce voix de la Reine Blanche.

Je m'avance timidement et murmure :

- Bonjour...

- Bonjour. Alice, je présume ? sourit-elle.

- Oui... Votre Majesté.

Elle sourit doucement puis se tourne vers le sage qui me fixe depuis toute à l'heure sans rien dire. Ce dernier me scrute jusqu'au plus profond de mon âme, du moins c'est l'impression qu'il donne en vous fixant de ses yeux noirs bridés. Il plisse ses prunelles, les fermant presque puis se tourne vers la Reine Blanche. Une sorte de connexion s'installe entre eux, ils se fixent dans un long silence puis la Reine se lève.

- Désolée Alice, tu n'es pas celle qu'il nous faut.

Un murmure de protestations traverse la salle.

- Quoi ?! s'exclame Chen, Tu disais que tu te souvenais !

Je ne peux que fixer mes chaussures, j'ai tellement honte... Kyle affiche une mine à la fois confuse et déçue, son regard traverse le mien et je sais que j'ai baissé dans son estime. Tim et Tom quant à eux ont les larmes aux yeux, les joues rouges et leur visage est défait.

- Je... Je suis désolée... Je...J'aurais tellement voulu être celle que vous recherchez...

Sa Majesté me regarde avec une certaine empathie.

- Je sais, Alice. Malheureusement ce n'est pas le cas.

Je ne dis rien et recommence à fixer mes chaussures. Qu'est-ce que ça peut aider, parfois...

- Cependant... Tu n'es pas étrangère à ce monde.

Je relève la tête avec surprise.

- Comment...?

- Laissez-moi vous expliquer, continue la Reine en s'adressant à l'ensemble de l'assemblée, Alice, tu es déjà venue ici. Seulement tu t'es perdue. Et tu as été chez la Reine Rouge. Elle t'a reçu sous son toit mais les horreurs qu'elle faisait à ses sujets ont choqué la petite fille que tu étais et tu t'es enfuie. Tu as erré longtemps dans les tréfonds du Pays des merveilles... c'est pour cela que tu as perdu la mémoire. De plus, les chemins que Kyle t'as fait emprunté, tu ne les a probablement jamais suivi la première fois.

Tandis qu'elle me parle, ses prunelles sont dans les miennes et je lui trouve une vague ressemblance avec Kyle.

Chen s'impatiente :

- Qu'est-ce que ça signifie ?

- Qu'elle n'est pas la véritable Alice, notre Alice... Mais la Alice que nous appelons Alice de l'ombre. Une Alice qui a vu des choses qu'elle aurait préféré ne pas voir.

Il me faut du temps pour digérer la nouvelle. Moi, la Alice de l'ombre ? C'est au-delà de tout ce que je pouvais espérer et plus encore. Je ne me doutais pas que l'oeuvre de Lewis Caroll avait prit autant d'ampleur. Une question persiste cependant.

- Alors... Vous cherchez toujours une Alice ?

Tout le monde acquiesce.

- Je pense en avoir une sous la main, je veux bien aller la chercher... Si vous êtes d'accord.

La Reine jette un coup d'œil au sage qui a observé la scène sans ciller. Ce dernier hoche la tête avec approbation.

- Entendu, conclut Sa Majesté, mais après il te faudra aller au château de la Reine Rouge. C'est là qu'est ta place.