Fleurs

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C'était étrangement beau

Une... deux... trois. Trois petites fleurs tombèrent à mes côtés. Je me baissai alors pour les admirer : une orchidée rose, une rose blanche fermée et un plan de zinnia arraché du sol. Je ressentis alors un immense frisson foudroyer ma colonne vertébrale, quand une rafale de vent - qui m'évoquait bizarrement un pourpre sanguin - s'en empara avec violence. Je pestai contre les méprisables intempéries et me redressai, pour regarder ces fleurs tournoyer au loin. Ce vent, à mesure qu'il s'amplifiait, détruisait ces fleurs, les privait de leur beauté ; pire encore, il commençait à les éloigner de moi, laissant sur son passage les pétales - ou plutôt les vestiges- de ces plantes. J'étais déterminée à les saisir, pourtant cette distance qui se creusait entre elles et moi rendait impossible de les sauver. Mais je ne le savais simplement pas.

Alors je serrai les poings, et me mis à courir le plus vite possible, sur plusieurs centaines de mètres. Mes pas résonnaient dans ce qui semblait être une salle blanche infinie, où tout devrait être possible et imaginable, et qui s'étendait à mesure de ma progression. Mais plus j'accélérais, plus ces fleurs s'éloignaient, jusqu'à s'engouffrer dans ce terrifiant écran de fumée rouge qui se dressait devant moi, emportant avec lui mes derniers souvenirs de ces magnifiques choses. Non. Ce ne pouvait être la fin. Je m'enfonçai à corps perdu dans l'obscurité la plus totale.

Le bruit n'existait plus. Mes pas ne résonnaient plus. Je criais alors. Rien. J'appelai. Toujours rien. Je tombai à genoux, perdue dans cette salle dont nul ne pouvait sortir, comme prise au piège dans le labyrinthe impétueux du silence absolu, et je crachai une dernière fois mes poumons dans un hurlement de douleur silencieux. J'avais perdu ces fleurs. J'avais perdu mon chemin. J'avais perdu mes sens. Ma tête heurta le sol avec force.

FleurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant