Tue-moi... d'amour

IV

Je ferme ma porte à clé derrière moi, je descends au rez-de-chaussée, puis je me dirige vers ma moto et y grimpe. Je démarre en trombe.

J'arrive quelques minutes plus tard dans le hangar, les gars m'y attendaient déjà. Ils vont me passer un de ces savons. Tant qu'ils ne m'énervent pas, tout ira bien dans le meilleur des mondes.

Ils savent qu'il ne faut pas me prendre la tête. Je ne peux pas gérer ma colère. Bon, je vais pas me faire des films. Je gare ma moto et descends. Je pousse la porte qui grince un peu et entre.

"Alors les gars, ça roule? Leur sortis-je en m'approchant d'eux.
-Ça roulera le jour où tu arrêteras de ramener toutes les meufs qui nous interessent dans ton lit, me répond Sandro, d'un ton haineux.
-Ah ça va Sandinho! C'est quand même elle qui est venue vers moi et m'a offert de passer la nuit avec moi.
-C'est toujours la même histoire vieux, change de disque, on en a ras les couilles de tes airs de séducteur à la noix! S'écrie Junior.
-Séducteur mon cul! Renchérit Marco.
-Une minute... c'est moi ou vous me faites vraiment la gueule pour une pute?! Leur demandai-je, l'air enjoué.
-En plus il l'appelle pute après se l'être tapé, dit Junior en passant sa main à son visage.
-Bon! Je vais pas vous mentir mes frères, c'était vraiment un bon coup. Le meilleur coup que j'ai eu depuis un bon bout de temps. Mais c'était pas la vierge Marie, ni mère Teresa, alors arrêtez de me casser les couilles avec ça.
-Tu ne comprends pas que nous aussi, nous avons besoin de nous amuser un peu? Proteste Marco en levant les yeux au ciel.
-De un, vous aviez insisté pour que je vous accompagne. De deux, à part Junior qui était rentré bredouille, nous étions tous repartis avec une nana...
-Là, là... d'accord vieux, t'as raison. On ne faisait que t'embêter un peu, lache Sandro.
-Vaut mieux ça! Dis-je, sur le point de m'énerver. Bon, qu'est-ce que vous faites de beau? Demandai-je en me laissant tomber sur mon siège derrière mon bureau.
-Je crois qu'on ferait mieux d'éviter de faire des coups ces derniers jours. Ça commence à devenir suspecte ces vols l'un après l'autre. On va donc se la jouer calme ces jours-ci. Après tout, c'est pas comme si c'était une question de vie ou de mort ou que nous n'avons rien à mettre sous la dent, me dit Junior.
-Bonne idée, s'écrie Marco. Faudrait pas qu'on attire l'attention sur nous.
-Ok mes frères, on fait comme vous dites. Et donc, qu'est-ce qui est prévu pour demain? C'est weekend quand même! Dis-je enthousiaste.
-Arrêtez moi si je me trompe, c'est pas toi qui ne voulais rien dépenser hier? Dit Sandro.
-Seuls les imbéciles ne changent pas d'avis. Et moi, je ne suis clairement pas un imbécile. Je veux atteindre mon but, mais en attendant que j'aie l'occasion, faut que je vive, non? Criai-je presque. Je dégagais une de ces joies.
-Et bah, si le prix à payer pour te voir ainsi était que tu te tapes celle sur qui j'avais flashé, refile moi son numéro pour que je la remercie! Dit Sandro, un peu étonné de ma joie soudaine.
-Son numéro? Je ris. Pourquoi aurais-je son numéro?
-Tu veux dire que, d'après tes propres mots, c'était ton meilleur coup depuis un bon bout de temps, et tu n'as pas pris son numéro? S'écrie Marco.
-Vieux... -je m'étouffe de rire.- Je ne connais même pas son nom.
-On appelle ça, de la baise anonyme! Crie victorieusement Junior en me pointant du doigt.

Nous éclatons tous de rire. Ce petit con arrive toujours à dire une connerie.

-Ça y est, vous m'avez déshydraté. Sandinho, va me prendre une bière dans le frigo, dis-je.
-Le "s'il te plait", tu connais? Me reproche-t-il en se mettant à la tâche.
-Pas la peine mec, j'ai mieux, propose Junior en sortant de son sac à dos une bouteille de Barbancourt 5 étoiles.

J'en ai déjà l'eau à la bouche. J'en profite pour retirer de ma poche une pochette de cigarettes. Moi seul fume entre nous, mais ça ne les dérange pas que je le fasse en leur présence.

-Je ne vous le dis pas souvent, mais je vous adore les mecs! Lachai-je en prenant le verre que Junior me sert. "
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