HAZINA

03

Rien à faire, elle n'y peut rien. Passant son temps à dormir pour oublier ses tracas. Elle n'est qu'une rose noire dans un champ de tulipes. L'astre qui illumine les ténèbres, pour un peu d'espoir parmi ces horreurs.

Que peut-elle faire après ce qu'ils lui ont dit ? Trouver refuge auprès de ses voisins, qui n'osent pas lui adresser un salut. Demander l'aide de cet homme mystérieux, se tenant toujours là debout près du pommier. Et puis, connaissant ces êtres malsains, des démons dans son quotidien, qui pourra l'aider, l'épargner et l'aimer ?

Ouvrant les yeux pour survivre dans ce monde. Passer une journée de plus dans la peur et l'effroi, notre pauvre jeune femme espère que tout n'est qu'imagination, cauchemars qui remplacent ses rêves d'enfant.

Point de vue Hazina :

Ce n'est qu'une fatalité. Une réalité meurtrière, qui nous plonge dans les abysses les plus profonds. J'ai un pressentiment.
Une atmosphère maussade me donne l'impression de déjà vu, d'une roue sans fin, des malheurs à répétitions.

Je me dirige vers la cuisine, en essayant de ne pas faire attention à leur présence.
Je prend la brique de lait puis m'apprête à verser le contenu dans un verre lorsque j'entends des cris. Des pleurs plus précisément. Je me retourne brusquement vers l'entrée de la cuisine. Qu'est-ce qu'il peut bien se passer ?

J'en oublie le lait qui coule sur mon bas, lorsque je me retourne et vois que c'est du sang. Un cri d'horreur s'échappe de ma bouche. Je me laisse tomber par terre en regardant autour de moi. Les cris se font de plus en plus fort, ça ne cesse pas et je sens ma tête exploser.

Je ferme mon nez pour éviter de sentir l'odeur de cette substance qui nous fait vivre, mais qui m'horrifie depuis des années.

Je cours vers le salon lorsque je vois ma mère entrer.

- Maman ? C'est toi ?!

- Qui veux-tu que ça soit d'autre ?

- Mais je croyais que tu étais..

Elle s'en va, avant même d'avoir entendu ce que j'avais à dire. Après m'avoir lancé un regard rempli de haine et de dégoût.

Épuisée, dégoûtée et affaiblie par cette vie. Je décide de prendre une douche, mais en ouvrant la porte je découvre un nouveau né dans un linceul, tâché de sang et noirci.

Omniscient :

Pouvons-nous être faible par moment ? Se laisser glisser contre le mur pour tomber et se mettre à pleurer ? À hurler la tristesse enfouie dans notre cœur, s'efforçant de masquer ses sanglots pour qu'on ne l'entende pas. Hazina n'est qu'une enfant maudite.

Attendant que l'image de cet enfant s'en aille, elle peut être sûre d'une chose, c'est qu'elle ne l'oubliera jamais. Hier, aujourd'hui, et sûrement demain. Mais qui sont toutes ces victimes ?

Il n'est pas permis de voir de telles choses, des souffrances indélébiles et à jamais marquées dans les souvenirs.

Ils sont là, de retour, pour lui jouer de mauvais tours.

Point de vue Hazina :

« Il est mort, et il n'y a qu'une seule fautive. »

- Non ! C'est pas vrai, vous êtes à l'origine de tout ça...

« Une seule personne répondra à tes questions. »

- Mais...cet enfant, c'est qui ?

« Peut-être ton frère ! »

Les rires fusent dans toute la demeure, ils s'amusent de la situation et de mon désespoir. Me racontent des sottises plus terribles les unes que les autres. Mais pourquoi vont-ils mentir ? Qui suis-je réellement ?

Maman, pourquoi n'es-tu pas présente pour ta fille ?

« Tu le rejoindra, lui et ton père. Vous tous, c'est votre destination. »

...

Omniscient :

C'est en observant l'être de lumière qu'elle attend sa fin. Toujours au même endroit, dans ce parc et face à l'arbre, assise sur ce banc. Elle attend avec épuisement que son âme quitte son corps. Que ces démons ne soient plus ses compagnons de vie. Mais ce n'est qu'une question de temps.

Tandis que le voisinage s'adonne à ses habitudes quotidiennes, le Soleil s'efface de l'horizon pour laisser place à la tombée de la nuit. Laissant apercevoir les étoiles par milliers, scintillantes dans les yeux de notre héroïne, mettant un peu de beauté dans sa vie d'Enfer.

Les nuages gris apparaissent au loin, la pluie commence à tomber. Il fait froid, le vent souffle, emportant les misères qui abritent son âme. Elle se laisse aller, petit à petit, espérant mourir pour ne plus souffrir. Pour éviter de survivre, l'espoir n'appartient pas aux malheureux.

Ô Hazina ! Bien des choses tu ignores, ta finalité sera fatale mais ton innocence te quittera dans très peu de temps. Nous sommes dans un monde où l'amour a disparu et où destruction rime avec profession.

Il est temps de découvrir la vérité, avant de se laisser emporter.

Au clair de Lune, les esprits apparaissent. La terreur jaillit et Satan envoie ses disciples. Elle décide de rentrer. Rejoignant colocataires monstrueux et mère indifférente. Il est l'heure de subir, avant de s'endormir. Revoyant l'image de son père, celle de sa soi-disante mère baignant dans son sang. L'enfant éventré recouvert de son linceul, et la brique de sang remplaçant le lait. Il se passe énormément de choses depuis ces jours-ci. Elle ne s'y attendait pas, et encore moins aux jours à venir.

Une malédiction qui fait des ravages : mais ce n'est que l'œuvre d'un cœur rempli d'amertume.