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Perdue dans ses pensées comme à son habitude, elle ne fait que ressasser ces horribles souvenirs, lui donnant l'impression de survivre seulement sur Terre.

Depuis bien longtemps, la jeune femme a perdu goût à la vie, à toute idée de regagner sa place de femme joyeuse, dévorant cette vie à pleine dent. Or, nous savons très bien que les rêves ne sont pas réalité, et qu'il n'en faut pas beaucoup pour dériver du monde obscur.

Cherchant refuge auprès de soi-même, elle ne trouva aucunes issues à sa situation. Aucune personne pour lui venir en aide, aucun miracle pour la sortir de là.

C'est le coeur lourd qu'elle se rendit sur ce banc, dans le parc du village. En face d'elle, il y a ce pommier qu'elle n'arrête pas de fixer depuis qu'elle est ici. Ou plutôt devrions nous dire, cet être qui semble la regarder elle aussi, pensant peut-être à son père qui veille sur elle.

De fortes douleurs se font ressentir dans la poitrine de notre héroïne, elle n'en fut pas plus choquée, concluant que c'est le résultat de ses chagrins. De ses peines et de sa mélancolie. Un coeur meurtri depuis bien des années. Et qui se consume à petit feu, pour laisser place à un être sans émotions.

Se décidant enfin à rentrer, elle se lève pour marcher les quelques mètres qui séparent l'allée de son domicile. C'est les épaules lourdes qu'elle franchit le pas de la porte. Éclairée de plusieurs lampes, cette demeure reste sombre et dégage une odeur de mal.

Le mal qui vit avec elle depuis le temps, ceux qui ne cessent de la pousser à la folie, en attendant sa mort avec impatience. Jamais elle n'a osé leur parler, seulement les observer se balader et s'amuser à leur manière. Mais aujourd'hui ils sont d'humeur joueuse.

À peine qu'elle a posé son pied dans sa chambre, elle remarque près de son lit une écriture à l'encre rouge.

« Ma fille Hazina »

Était-ce sa mère qui s'amuser à écrire sur le plancher ? Mais en voulant essuyer la bêtise avec sa manche elle sentis une goutte d'eau tomber sur son front.

En essuyant elle remarqua que sa main devint rouge. Ce n'est donc pas de l'eau, et en sentant ce liquide rougeâtre elle comprit que c'était du sang.


Point de vue Hazina :

Aucun son ne sort de ma bouche, et avec une force surhumaine je décide de lever la tête pour voir ce qu'il y'a au plafond. C'est avec surprise que je découvre une énorme tache de sang, laissant tomber quelques gouttes au sol. Je me lève en furie et me met à les regarder. Jusqu'à ce jour je ne leur ai jamais adressé la parole. Je les observe seulement pensant qu'ils ne me feront aucun mal.

- Où est ma mère ?

Je fus étonnée du ton que j'ai employé, mais la rage en moi se fit ressentir et je ne peux passer plus d'une seconde à les voir sauter de joie à chaque malheur qu'ils nous arrivent.

« Ta mère est la cause de votre malheur. »

À l'entente de cette voix, des frissons parcourent mon corps. Je tremble légèrement et ravale ma salive.

- C'est faux.

Je ne peux pas croire des êtres aussi maléfiques. Alors qui est cette femme qui prétend être ma mère ?

« Elle a l'apparence de ta mère, le cœur d'autrui et l'âme meurtrie. Monte dans sa salle de bain et tu le découvrira. »

Je me précipite vers l'étage du haut et m'apprête à ouvrir cette porte mais j'hésite un instant. Et si ce que cette voix me disait était vrai ? Comment vais-je faire pour vivre maintenant ?

Je prend mon courage en main et décide de l'ouvrir. J'ouvre légèrement mes yeux et constate qu'il n'y a rien.

Soulagée je décide de redescendre lorsque mon attention se porte sur un léger bruit d'eau qui tombe sur le sol. Je tourne ma tête vers la baignoire et c'est avec effroi que je découvre une marre de sang, ou plutôt un bain de sang.

Je me laisse glisser au sol, mes larmes coulent, ma lèvre tremble, maman est morte depuis des années.

- Ma.. man..

Je me mis à hurler son nom, je maudissais cette baraque qui ne nous a apporté que des tragédies.

« Mais qui te dit que c'est le sang de ta mère ? »

Je m'arrête de pleurer et relève la tête. J'entendis des rires aiguës s'en aller. L'odeur nauséabonde me donne l'envie de vomir, et je me précipite vers le couloir. Je referme la porte et me dirige vers ma chambre à grands pas.

Sauf qu'ils étaient là, assis sur mon lit, à m'attendre.
Une haine immense s'empara de moi, j'en avais plus qu'assez de toute cette mascarade sans fin.

- Partez, laissez moi tranquille !

C'est alors que j'entends des bruits stridents provenant du salon. Je me retourne et constate les dégâts. Tous nos vases sont brisés, les miroirs également. Je me tiens contre le mur pour ne pas perdre l'équilibre.

« Tu les rejoindra très bientôt. Ton heure viendra Hazina. »

Les larmes me montent aux yeux, je me laisse tomber au sol, quitte à mourir à l'instant présent je n'ai plus rien à perdre de cette vie.

Je les rejoindrai.



Omniscient :

Totalement bouleversée par les propos de ces démons, elle attendit avec impatience que son âme s'en aille rejoindre celles de ses défunts parents.

Ne pensant plus à rien, en se remémorant quelques souvenirs ou devrais-je dire cauchemars. Plus glauques les uns que les autres, combattre son sort serait du suicide.

Déterminée à en finir de son existence, nous sommes entrain d'observer une destination finale.

Piégée dans ce gouffre. Arrachée de ses sentiments, et rejoignons l'au-delà, comme tout ceux qui ont eu l'idée d'habiter dans cet endroit maudit.

HAZINAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant