-Chapitre 8 : Il ne suffit pas d'être mature pour aimer-

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PDV Baekhyun :

En quittant le lycée, mes pas étaient chaque fois plus lourds que les précédents, comme si je portais toute la peine du monde sur mes épaules.

Je n'avais aucune envie de rentrer chez moi.
Mon père rentrait de voyage d'affaires et je devrais affronter son sarcasme habituel, comme sa façon, toute aussi habituelle, de me sous-estimer et de me rabaisser. Car mon père considérait que les filles étaient bien plus brillantes que les garçons, par conséquent je n'étais pas le cadeau qu'il espérait, bien que je sois le premier de la classe. Cette soirée s'annonçait d'autant plus pénible en vue de mon visage blessé par les larmes et les émotions fortes de cette journée. Il fallait donc que je trouve une excuse valable pour justifier cette tête de déterré.

En pénétrant dans l'entrée, ma mère me sauta presque dessus, toute hystérique de me rappeler l'arrivée du vieux. Elle n'avait même pas remarqué mon état.

"Baekhyun, va t'habiller convenablement pour le dîner avant que ton père n'arrive !"

"Pfff... oui oui, ne t'affole pas. On a encore le temps maman !"

"Dépêche-toi s'il te plaît!"

Je me dirigeais vers ma chambre, puis je m'affalais sur mon lit. Je m'efforçais de ne pas succomber au chagrin et j'entrepris de m'habiller pour l'arrivée du grand seigneur!
J'adorais ma mère, parce qu'elle portait un amour si dévoué pour son époux, que c'en était admirable. Je la trouvais si courageuse de s'occuper de tout d'abord, de supporter les déplacements de mon père, ou mon père tout court en fait. Mais un drame avait marqué nos vies : la mort de mon petit frère. Ainsi, c'est surtout en cela que je l'aimais plus que tout. Parce qu'elle avait su vivre avec cette douleur éternelle causée par la perte d'un enfant. C'est ce qui me retenait de ne pas céder à la tentation d'en finir avec cette vie misérable qu'était la mienne. Je ne pouvais lui infliger le décès de son autre fils.

Mon père se décida enfin à faire son apparition. En arrivant, il embrassa ma mère et me scruta de la tête aux pieds.

"Qu'est-ce que c'est que cette coiffure mon fils ?" Dit-il d'un ton autoritaire.

Je serrais la mâchoire et dit :

"Content de te voir moi aussi papa..."

Je restais silencieux pendant tout le repas, trop absorbé par mes soucis pour m'intéresser à la conversation qu'entretenaient mes parents. Puis ma mère remarqua mon air d'accablement :

"Baekhyun que se passe-t-il? Tu n'as rien mangé !"

"C'est vrai ça, tu exagères ta mère s'est donné du mal pour préparer ce festin et tu ne lui fais même pas honneur. Alors qu'y a-t-il ? Tu as eu de mauvais résultats et tu n'oses pas me le dire, n'est-ce pas ?"

Je sentais la colère monter en moi, mais je ne répondis rien.

"Vas-tu me répondre quand je te parle !" Cria mon père en cognant du poing sur la table.

Alors pris de fureur, je me levais soudainement faisant tomber ma chaise :

"Tu crois qu'il n'y a que les notes dans la vie ?! Tu es bien trop aveugle et égoïste pour remarquer que ton fils va mal ! Je suis amoureux papa !
Et si tu aimes vraiment maman tu devrais comprendre, mais non monsieur est bien trop pris par ses affaires ! Alors oui, autre chose, j'aime un garçon ! Mais ne t'inquiète pas tu t'en remettras ! Enfin rassure-toi, ton misérable fils n'a pas été capable d'être avec la personne qu'il aime parce qu'il est trop nul ! Je ne te ferai pas honte de sortir avec un autre homme comme ça !"

Ils étaient sans voix.

Complètement choqués par tout ce que je venais de leur hurler à la figure. Je crois que si je les avais giflé dix fois, cela aurait été moins frappant.
Ma mère, elle, se sentait coupable de n'avoir rien vu, elle avait les larmes aux yeux.
Puisque je n'avais aucune reaction de leur part, je m'apprêtais à quitté la table, quand mon père ne put prononcer que cette phrase dans un murmure, avant que je ne m'enferme dans ma chambre :

"Tu n'as que 17ans, tu ne sais pas ce que c'est qu'aimer."

Allongé sur mon lit, la dernière phrase de mon père tournait en boucle dans ma tête.
Je n'étais pas d'accord. Mais j'avais déjà trop parler pour rentrer davantage en conflit avec lui.

Bien sur que les enfants sont capables d'aimer, de connaître et de vivre le véritable amour. Celui qui vous bouleverse, qui vous unit et vous déchire. Mais la conception même que deux jeunes êtres humains puissent éprouver ce sentiment, rend les adultes injustes.
Lorsque les enfants ressentent la passion qui les dévore de l'intérieur, les parents, eux ont le don pour décrédibiliser votre état fougueux. Car pour eux, qui croient tout connaître par leur maturité plus avancée, par leur expérience de la vie, il est inconcevable qu'à un âge où l'indépendance éclot peu à peu, nous puissions être victime de la force de nos sentiments comme ils peuvent l'être. Or en quoi cela serait-il gênant et visiblement troublant, que deux personnes s'aiment au point de vouloir sacrifier leur vie pour l'être aimé si cela s'avérait nécessaire ?

Sans doute les adultes se réconfortent-ils en se persuadant qu'il ne s'agit que d'une affection profonde, d'une amourette passagère, dans l'unique but de se voiler la face, de refuser de voir le fruit de leur propre passion souffrir comme c'est le cas lorsque le vrai visage de l'amour surgit. Alors ils tentent tout pour nous convaincre à notre tour, que nous ne connaissons rien à ce sujet si délicat, parce qu'ils savent, oui, ils ont conscience que ce sentiment aussi beau et puissant soit-il, est en réalité source de souffrances et produit un effet dévastateur sur chaque personne qui en est atteinte.

Mais il ne suffit pas d'être mature pour aimer, il suffit d'être vivant.

Et c'est sur ces pensées, que je m'endormais....

Passion Cruelle. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant