1. La rencontre

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Chapitre 1


Thea


Fin de semestre. Cela rime avec devoirs à rendre. Sur le clavier de mon ordinateur, je tape les derniers mots de la dissertation de littérature anglaise que je dois rendre la semaine prochaine. Son sujet : « L'émancipation des femmes au xixe siècle. Quels enjeux pour les autrices ? »

Si je l'ai déjà terminée, c'est parce que la littérature m'a toujours passionnée, et ce, depuis l'enfance. Jane Austen, les sœurs Brontë, Virginia Woolf, Shakespeare, Oscar Wilde, Charles Dickens, et j'en passe... Je les ai tous lus. J'ai même secrètement, et honteusement, envié Elizabeth Bennet, Catherine Earnshaw, ou encore Juliette Capulet, toutes ces héroïnes qui ont connu l'amour. En réalité, je n'ai jamais su ce qu'être aimée et aimer impliquait. Je suppose que je n'ai pas eu les bons exemples. Peut-être qu'un jour, j'éprouverai ce sentiment si mystérieux à mes yeux.

Après avoir éteint mon ordinateur, je me dirige vers ma bibliothèque et m'empare de mon livre favori. Je le lis en boucle, comme ces films devant lesquels on ne se lasse pas de rire ou de pleurer. Il y a, je trouve, un certain réconfort dans le fait de lire constamment les mêmes œuvres. Leur fin n'est pas surprenante ni décevante, on connaît leurs moindres détails et toutes leurs issues. Les Hauts de Hurle-Vent ont quelque chose que d'autres romans ne pourraient jamais égaler. Ce livre, même s'il n'est pas le seul, détient tout ce dont un bon livre a besoin : un amour impossible, une âme tourmentée et une mort tragique. Cependant, son histoire est spéciale et ceux qui peuvent la comprendre, je veux dire, réellement la comprendre, savent de quoi je parle.

« Il faut que quelqu'un meure pour que nous donnions tous un prix à la vie. »

Alors que je m'affale dans mon canapé, prête à entamer mon livre pour la huitième fois, la sonnerie de mon téléphone portable brise mon moment de répit. Il s'agit de Mia, la seule bonne amie que je me suis faite à l'université. J'ai beau l'adorer, ses appels ne m'enchantent pas toujours. Je sais déjà que la conversation risque d'être mouvementée. La voix pâteuse, je réponds.

— Allô, Mia ! Qu'est-ce qu'il se passe ?

— Prépare-toi, Thea ! s'exclame-t-elle. J'ai un rencard avec Wyatt, et toi, avec son meilleur ami, Ilan.

Les deux garçons font partie de notre promo, mais je ne leur ai jamais adressé la parole.

— Ce soir ? demandé-je, sans enthousiasme.

— Oui, ce soir. T'as intérêt à te grouiller pour être au Craft à dix-neuf heures pétantes. Tu sais, c'est le resto où on est allées la semaine dernière. Je suis tombée amoureuse de leur salade d'avocat, j'en ai rêvé hier soir.

Je ricane au bout du combiné, pendant qu'elle continue de me convaincre de l'y accompagner. Je soupire, lui répétant que je n'ai pas prévu de sortir ce soir.

— Thea, tu me dois une fière chandelle, rappelle-toi. Qui a envoyé ton devoir de culture et civilisation britannique à madame Foster, hein ?

— T'as pas le droit d'utiliser ça contre moi, m'indigné-je. J'avais une grippe affreuse.

— Non. T'avais juste une gueule de bois. Alors ?

— Très bien, grogné-je au bout du fil. Je crois que j'ai pas le choix...

Mia émet un petit cri de victoire puis m'intime de bien m'habiller, « pour une fois », ce soir. J'acquiesce avant de raccrocher. Si je veux être à l'heure et ne pas subir ses remontrances, je dois me dépêcher de prendre une douche.

Fallen for the devil [La trilogie sous contrat d'édition]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant