L'air glacé m'enveloppe. Mes membres se figent, ils se décrochent de ma pensée, s'arrachent à mon âme et ne m'obéissent plus. Je bougerais, tu bougeras, il bougera, nous bougerons, vous bougerez...Ils bougeront ! Ils bougeront mes membres gelés ! Ces mots sonnent et résonnent dans ma tête comme le tic-tac régulier d'une horloge. Je veux briser la glace qui m'envahit et me fige le sang. J'essaie, dans un espoir vain de me relever, ma force semble me quitter. Mais je n'abandonne pas. Je porte mon poids, qui semble doubler de volume, à la force de mes bras. A cette étape, je manque plusieurs fois de m'écraser au sol. Je résiste, je persiste et m'entête pour enfin me relever. Ma tête surgit de la tranchée. Je respire enfin, et ose même m'aventurer à la douceur du zéphyr hivernal. Le brouillard m'entoure alors, et je ne peux même plus apercevoir mes pieds qui s'enfoncent dans la neige et la boue. Le silence règne, il semble si fragile, je n'ose le briser. Pourtant, il devient oppressant, je me sens épier. Le stresse d'une nouvelle attaque m'obsède et même les animaux semblent le ressentir. Pourtant libéré de la folie que m'infligeait le rythme des gouttes d'eau sur le bois creux, une autre déjà m'enivre. La solitude. Et si tous mes camarades étaient morts ? Et si la mort était déjà entrain de m'entourer de son manteau noir ? Ma tête tourne. Mille et un sons m'envahissent. Ma tête est lourde...