SCARLET [F.W]

CHAPITRE V

Je le fixe au loin. Il est train de ranger d'un coup de baguette les nouveaux bonbons qu'ils ont mis au point. Cela va faire trois semaines que je travailles pour eux et ils me fascinent toujours autant. Leur bonne humeur est communicative, j'ai même réussi à rire la veille, un vrai rire, sincère, de ceux qui donnent les larmes aux yeux, alors que ça ne m'était plus vraiment arrivé depuis la mort de mes parents.

Fred, néanmoins, m'intrigue encore plus. Est-ce parce que George est marié avec une certaine Angelina ? Je ne sais pas. Pourtant il a ce "je ne sais quoi" qui me plaît et m'attire. J'arrive d'ailleurs enfin à les différencier. Une fois que c'est arrivé, je ne comprenais pas pourquoi je n'avais pas réussi dès le début.

Peu importe. Le problème est qu'il m'intrigue autant que je l'intrigue. Mon nom ne cesse de le perturber et je me demande s'il croit à mon histoire de non mage. Ma mère m'a toujours dit que j'avais très peu de talent dans le mensonge mais que ça ferait de moi une meilleure gardienne, que la vérité qui découlait de moi rendrait ma magie plus pure. Je ne l'ai jamais cru, peut-être avait-elle raison ? 

Cependant, si Fred savait pour moi, pourquoi est-ce qu'il me garderait ? Pourquoi garderait-il comme employée, une menteuse dont il ne sait rien ? 

— Vous êtes marrants tout les deux, me lance George soudainement à côté de moi.
— De quoi ? 
— Tu sais qu'il parle de toi à tout le monde ? Le weekend dernier, on a eu un repas de famille en l'honneur du futur mariage de ma sœur, d'ailleurs, ça fait toujours bizarre de le dire à voix haute. Enfin ! Il a parlé de toi avec Ron. T'imagines ? Fred parler à Ron à propos d'une fille ? Je crois qu'il lui a même demander conseil, c'était plutôt drôle.
— Des conseils de fille par Ron ? Pour moi ? Je rigole. Je pense que tu devais avoir un peu trop bu. 

J'ai eu l'honneur de rencontrer leur petit frère peu de temps après avoir été embauchée. Je suis toujours surprise de voir à quel point ils sont différents, et encore plus de savoir que Ron a aidé à vaincre Voldemort.

— Je pense que tu caches quelque chose Scarlet, il finit par dire, et Fred en est persuadé aussi. On ne sait pas quoi ni pourquoi. Pourtant, tu dégages une telle gentillesse. Je te vois mal faire du mal à quelqu'un alors on te laisse rester, par contre, je t'interdis de faire du mal à mon frère à cause de tes mensonges. Ne joues pas. 

Je ne voulais pas. Je ne voulais pas m'attacher à vous, je ne voulais pas m'attacher à lui. Il m'a bien eut avec ses questions au détour d'une étagère, avec ses repas après le travail, avec ses sourires. Mais si seulement tu savais George. Si seulement tu savais que j'ai déjà dû tuer pour survivre. Si seulement tu savais que mon secret vous met tous en danger. Tenerius n'aura que faire de vous tuer tant qu'il peut m'avoir moi. Et si je ne suis plus là, si les autres gardiens ne sont plus là, je ne donnes pas cher de votre monde et du mien. Si seulement tu savais tout de moi, tout des gardiens... 

— Je ne vous veux aucun mal, ni à toi, ni à Fred. Je ne joue pas. 

Il hoche la tête et part ranger quelques papiers alors que je me laisses glisser au sol, épuisée. Trois semaines. Seulement trois petites semaines et il a réussi à m'attirer à lui. Je dois lutter, pour lui. Parce qu'une gardienne n'a pas le choix que d'aimer de tout son cœur et qu'une fois fait, elle ne peut revenir en arrière. Si je me laisse aller à t'aimer, Fred, je pourrais nous détruire. Tu pourrais me détruire. 

✨✨✨

— George m'a dit ce qu'il t'avait dit plus tôt dans la journée, me souffle Fred, je suis désolé, il veut se la jouer protecteur ou je ne sais quoi alors qu'il n'y a ni danger ni rien à protéger.
— Tu n'as pas à t'excuser, je prierais pour avoir quelqu'un qui se soucis autant de mon bonheur.
— Tu n'as pas tord.
— Et puis de toute façon, on ne se connaît que depuis trois semaines, il n'a peut-être pas tord de se méfier. On vit dans un monde plein de sombres secrets.
— Je sais que tu caches quelque chose mais ce n'est pas sombre. 
— D'une certaine manière, c'est plutôt éclatant. 

Je me mords la lèvre. J'en dis trop. Je m'éloigne de lui, tournant le dos. S'il savait, je ne serais pas là, il aurait peur de moi. Les sorciers sont si peu nombreux à nous connaître, si peu nombreux et pourtant, je fais partie des dernières. 

— Scarlet ?
— Oui ? Je me retourne.
— Je trouverais. 

Sans que je te montre ? Jamais.