SCARLET [F.W]

CHAPITRE XXI

Je l'entends. Encore et encore. Ce hurlement, ce cri. Je n'arrive pas à oublier le cri de douleur de Molly lorsqu'elle a compris où était Fred, son petit garçon. Mon cœur s'est brisé en même temps que le sien. Je ne peux pas l'oublier parce qu'à mes yeux, tout est de ma faute. Tenerius arrive toujours à me retrouver par je ne sais quel moyen et à chaque fois, les gens qui sont avec moi en payent le prix. 

C'est pour ça que je suis partie. Je n'ai rien dit à George, j'ai esquivé les regards inquiets d'Hermione et j'ai évité d'être repérée par Molly. Je ne sais pas vraiment où je vais. Je me laisse simplement guider par mon instinct. J'ai l'impression que toute ma communauté me guide afin de terminer ma mission. 

Chaque pas que je fais, je l'espère, me rapproche de toi. Chaque minute qui passe, je l'espère, te rapproche de la fin d'une torture non méritée. Je prie chaque seconde pour que tu ne sois pas blessé, pour que tu sois en vie. Pourtant, je sais bien, au fond de moi, que tu dois souffrir le martyr, parce que c'est bien son genre. Il sait qu'il n'a pas besoin de ça pour que je vienne à toi. Il le sait parce qu'il lui a fallu dix secondes pour se rendre compte que je t'étais destinée et que je ferais absolument tout pour toi. 

Cela va maintenant faire deux heures que je vole à ta recherche. Je sens que tu es proche. Je le sais. Je le sens. Plus j'approche, plus j'ai peur de devoir choisir entre te sauver toi ou sauver le monde de lui. Je ne pourrais pas choisir. Je ne pourrais pas te laisser. 

Il fait nuit lorsque j'arrive devant ce grand château en ruine. Je ne sais même pas où je suis mais je sais que tu es ici aussi. Les fenêtres aux verres brisés laissent échapper la douleur de tes hurlements. Je suis frappée par ta détresse et il me faut quelques secondes avant de pouvoir m'en remettre. Je me laisse glisser contre le mur, paralysée. Les larmes coulent sur mes joues. 

— Très bien, je vais répéter ma question. Ta petite copine a-t-elle consciente d'être la dernière gardienne ? 
— Qu'est-ce que ça peut vous faire ? Tu souffles difficilement. 
— Qu'est-ce que ça peut me faire ? Il rigole. C'est pourtant simple, si elle le sait, elle aura aussi conscience de ses pouvoirs et dans ce cas, nos chances de réussite sont minces. De plus, j'ai besoin d'elle vivante pour extraire ses pouvoirs, sans ça, ils seront perdus à tout jamais. Or, si elle le sait, elle mettra fin à sa vie ! 

Comment ça ? Il me suffirait de mourir pour tout arrêter ? Serais-ce aussi simple que ça ? Bien sûr que non. Tenerius n'en serait pas pour autant or d'état de nuire. Il trouverait une autre raison d'avoir des pouvoirs qui ne lui sont pas destiner. Tout ça ne peut s'arrêter qu'avec sa mort. 

— Seulement, la probabilité que ça arrive est mince grâce à toi ! Fred se met à gémir de douleur, écrasant mon cœur un peu plus. Si elle se suicide, elle te tuera au passage, enfin, on s'en chargera avec plaisir. 
— Vous êtes un monstre.

Je l'entends rire en le remerciant et le beau rouquin se remet à hurler. Prenant mon courage à deux mains, je m'élance en hauteur pour les repérer seulement le spectacle qui s'offre à moi est beaucoup plus difficile que ce que je pensais. 

Tu es là. Ton visage est parsemé de coupure. Ta lèvre saigne et ton œil droit ne peut s'ouvre que de quelques millimètres tellement il est gonflé. J'ai envie de vomir tellement ça me fait mal. Alors qu'une énième larme roule sur ma joue, tu me regardes. Tes prunelles brunes me fixent et mon palpitant rate un battement. 

Tenerius suit alors le regard de mon bien aimé et tombe sur moi. Son sourire s'agrandit et avant que je n'ai pu faire quoi que ce soit il lance ces affreuses ondes sonores sur moi, me faisant tomber au sol où deux de ses sorciers m'attendent.