Harcèlement

Moi

Quand j'étais en primaire, mes dents de devant étaient vraiment de travers, et pendant longtemps, les gens se sont moqué de moi. J'étais, et je suis toujours, faible, je ne savais pas me défendre, ou même répondre.
Une fois, je me souviens, un garçon (je me rappelle encore parfaitement son nom), m'a dit : 《Ton dentiste il est en prison ?》Et, je l'avoue, sur le coup, je n'ai pas compris.

En 6ème, on ne se moquait presque plus de mes dents, mais je me suis fais harceler. Il s'appelait C. Je le détestait. On prenait le même bus et était dans la même classe. Et un jour, il m'a frappé. Il m'a donné une tape sur la tête. Je ne sais pas pourquoi. Et je ne le saurai sans doute jamais. Et à partir de ce jour là, ça a continué, empiré. Dans le bus, il se mettait derrière moi. Quand je changeait de place, il le faisait aussi et ça ne changeait rien. Alors il me frappait. Tout le long du trajet.

Un jour, je me souviens, une fille assise à côté de moi, sûrement une 4ème ou 3ème, à pris ma défense et lui a méchamment demander d'arrêter. Alors il l'a fait. J'ai remercié intérieurement ma sauveuse du jour, mais je continuais à pleurer, dans mon coin.

Un jour, dans la cour, il m'a jeté des cailloux et un crayon dessus. Dans le bus, il me frappait plus que d'habitude. Et, en sortant, il m'a suivi jusqu'à la moitié du chemin où, il m'a plaqué contre le mur et m'a frappé plus fort. Cette fois, il m'avait vraiment fait mal et c'était la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Je suis rentrée chez moi en pleurs et expliqué toute l'histoire à mon père, qui a pris rendez-vous chez la CPE.

Aujourd'hui, c'est à dire trois ans et demi après, il a arrêté, depuis longtemps. Mais je l'évite toujours.

Seulement, maintenant, plus personne ne se moque de mes dents, mais cette fois c'est dû à mon prénom. Oui mon prénom. Parce que mes parents ont eu la mauvaise idée de me donner le même que celui du président.

Je vais vous dire la vérité. Les gens disent d'être soi-même et de ne pas écouter ce que disent les autres. Ils ont raison.
Mais moi, je l'avoue, je ne le fais pas. Je n'y arrive pas.

J'aime bien utiliser la métaphore de la tortue : ma carapace à moi, elle est fine et fragile, donc une simple insulte, et elle se fissure. Je suis née comme ça. Alors, pour éviter que celle-ci se brise comme un verre en cristal, je fais attention. Je fais attention à ce que je fais, ce que je dis, comment je m'habille et ce que pourraient penser les autres de moi. C'est ma façon de me protéger.
Dès que quelqu'un m'insulte ou se moque de moi, je rentre dans ma coquille, je me cache sous ce sweet gris.
Je suis comme ça. 
Je changerai peut-être, mais il me faudra du temps.