II

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[Aujourd'hui]

Les mains fermement accrochées au volant, la tête renversée en arrière sur le repose-tête, j'inspirai un coup. « C'est pas vrai, c'est aujourd'hui », me dis-je. Il rentrait après 8 mois ; 8 mois sans nouvelles. C'est long 8 mois putain. Il m'avait tant manqué. Alors pourquoi j'étais si stressée, pourquoi je tremblais, suffoquais, angoissais. Je ne réalisai pas ; mon dieu lorsque la base m'avait envoyé un message hier, je n'y avais pas cru. Les yeux rivés sur mon portable j'avais cru à une blague, un mirage. Mais voilà, je me retrouvai dans ma voiture, garée devant le tarmac de la base, incapable de sortir. Oui, je ne réalisais pas que j'allais le retrouver. Retrouver mon frère, mon jumeau, ma moitié. Je relevai la tête et m'observai dans le rétroviseur intérieur.

« Sois pas idiote ma pauvre, sors de cette voiture et va l'accueillir », me sermonnai-je gentiment.

Le reflet qui me fit face, montrait un visage fin à la mâchoire plutôt carré, -Celle de mon frère il paraitrait-, des cheveux long et brun descendant en cascade le long de mes reins et des yeux vert cachés derrière mes Ray-Ban aviator. J'avais la peau plutôt dorée grâce au soleil californien.
Suite à cette petite inspection visuelle, je sortis enfin de ma voiture. Il fallait dire que si j'y étais resté une minute de plus j'aurais cuit. Mes cuisses, laissées nues par mon short avaient collé sur le cuir du siège conducteur. Tout comme mon débardeur qui me collait presque à la peau. Aujourd'hui, il faisait particulièrement chaud. Je relevai mes lunettes et me rapprochai davantage de la piste d'atterrissage pour attendre Duncan. Me mêlant aux familles des autres militaires. Un pincement au cœur m'étreignit lorsque je vis une mère et ses deux jeunes enfants sur la gauche. Les enfants sautaient de joie à l'idée de voir leur papa. Leur mère essayait tant bien que mal de les calmer mais on pouvait voir qu'au final, elle n'y mettait pas vraiment d'entrain et qu'elle aussi se retenait de sauter partout. Je me souvins de Duncan et moi il y a quelques années maintenant ; lorsque nous étions à la place de ces enfants. Je connais le sentiment qui les parcours à l'idée de revoir leur père. Cette vision pourrait m'attendrir, mais se fut l'effet inverse qui me transperça ; je repensai au jour où ces hommes avaient sonné à la porte de chez nous. Je repensai au jour où j'avais compris que nous n'irions plus chercher notre père sur le tarmac de cette base. Lorsque le membre d'une famille partait en mission, à la guerre ; la famille retenait son souffle tout du long, et ce n'était que lorsque l'être aimé revenait qu'elle se rendait compte qu'elle avait été en apnée durant tout ce temps. Mais lorsque l'être aimé ne rentrait pas, qu'advenait -il ?
Je fus coupée de mes sombres pensées lorsque j'entendis le bruit significatif de l'avion de transport militaire. Mon cœur s'accéléra; la tête relevée vers le ciel nous étions tous à la recherche de l'avion dans le ciel.

« Maman ! Maman ! Il est là, il arrive, l'avion de papa arrive !! Regarde maman ! » criaient les enfants.

Quelques minutes plus tard, l'avion avait atterri sur la piste, s'arrêtant à une soixantaine de mètres de nous. Je tremblais, je devais le voir, il fallait que je le vois. Je devais voir qu'il était bien là, face à moi, revenu en chair et os pour y croire. Je vis quelques militaires descendre, le sourire aux lèvres, heureux d'être rentré. Des scènes de câlins et de pleures m'entouraient ; mais j'en fis abstraction, figées, les yeux rivés sur cet appareil. Pourquoi mettait-il autant de temps pour sortir bon sang ? J'allais m'effondrer par l'angoisse. Une boule se forma dans ma gorge, la base s'était-elle trompée en m'envoyant ce message. J'avais bien fait de ne pas en parler à ma mère. Les familles autour de moi commençaient déjà à s'éloigner vers leur voiture et je restais là, sur cette piste, les yeux fixés sur cet avion. Plus personne ne descendait, la base s'était trompée. Mes larmes étaient sur le point de couler. Je serrai les poings, me détournai et avançai d'un pas bancal vers ma voiture. La nausée avait pris possession de mon corps. Je dû m'arrêter quelques minutes, le temps de respirer pour ne pas, en plus de cela, faire un malaise ou vomir sur la piste. Cette chaleur pesante n'arrangeait en rien les choses. J'entendis des voix derrière moi, mais je n'avais pas la force de me retourner. Lorsque je vis deux hommes passer sur ma droite, je fermai les yeux. Ils n'étaient pas lui. J'aurais tant aimé qu'ils le soient. Après une nouvelle inspiration, je relevai la tête et repris ma marche.

« Lily ? »

Je me figeai dans mon mouvement. Mon cœur sauta dans ma poitrine. Les larmes dévalèrent le long de mes joues sans que je ne puisse les retenir. Alors, je fis volteface.

« Duncan ?! »

Oui s'était bien lui, son paquetage à la main, le sourire aux lèvres. Il avait maigri, mais c'était ces yeux, son sourire, sa voix. Mon frère était rentré. Il posa son sac au sol et tendis la main.

« Ma Lily, tu m'as tellement manqué ».

Je ne perdis pas de temps, et me précipitai dans ces bras, ma nausée et autre malaise ayant subitement disparu ; j'explosai en larme dans les bras de mon frère.
Son odeur, c'était son odeur. Mon Duncan était rentré à la maison. Et je me rendis compte que je respirais de nouveau.

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Je poste un second chapitre aujourd'hui pour qu'il y ait un peu plus de contenu. Vous aimez ? Des choses vous dérange ? Dites-moi tout .. :)

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⏰ Dernière mise à jour : Mar 02, 2019 ⏰

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