Ça fait un mois. Il vient te chercher à chaque fin de cours, tu l'embrasses et tu t'en vas dans sa voiture. Tu m'envoies encore des messages, on parle parfois jusqu'à tard le soir, mais tu me parles pas de lui. Je sais pas trop quoi en penser, est-ce que c'est un mec comme ça, sans importance ? Mais pourquoi lui il a droit à tes sourires presque amoureux, et pas moi ? Et quand on s'est embrassé à la plage, tu t'en rappelles ?
Miria, à l'instant
Hey, Sam. Je fais une fête ce soir, ça te dit de venir ? Je t'envoie l'adresse si c'est ok ;)J'ai le cœur qui s'emballe, j'ai envie de lui répondre mille fois oui, mais je me contente du stricte minimum. Oui, pourquoi pas. C'est tout, rien de plus. On m'a dit qu'il fallait pas montrer ses sentiments à une fille, que ça la faisait fuir. Donc j'essaie d'être mystérieux, et ça m'énerve un peu parfois parce qu'il y a plein de choses que je ne te dis pas pour ne pas en dire trop.
Mais ça en vaut la peine, pour notre portrait en noir et bleu.
Ton appartement est spacieux, il y a de la place pour s'aimer dans chaque pièce et ça me fait rêver. Rires, vodka, musique assourdissante et des gens que je ne connais pas. Je sais pas trop ce que je fais là, je te cherche mais ne te vois pas. Je bois deux verres, m'incruste dans des conversations, demande où tu es, personne ne sait. Je suis arrivé en retard, j'avais mon travail à mis temps, c'est pour ça. Il est bientôt vingt-trois heures, la fête bat son plein, je prends un autre verre. Il fait chaud, les gens dansent et cassent tes affaires, ça m'énerve que tu sois pas là pour surveiller.
Je vais aux toilettes pour soulager ma vessie, sauf que j'ai ouvert la mauvaise porte. Je tombe sur un lit défait, deux paires de jambes, une couette, des gémissements, mais ce qui est choquant, c'est que c'est ce mec et toi. Vous me regardez, l'un qui me dit de fermer la porte, et l'autre qui reste muette, gênée.
Merde Miria. C'est ta fête et t'es en train de coucher avec lui. Tu surveilles pas les autres, tout ce qui t'importe c'est de te faire fourrer par ce gros con. Enfin non, pardon, je le connais pas, je devrais pas dire ça. Mais quand même.
Le rouge me monte aux joues, mes poings se serrent et je m'en vais. Les portes claquent derrière moi et la haine m'emporte jusqu'en bas de l'immeuble. J'ai les larmes aux yeux. Tu sais, je m'en doutais que tu couchais avec lui, mais je pensais pas voir la preuve à la fête à laquelle tu m'as invité. Je trouve ça vraiment cruel de ta part, je m'en remets pas. Et alors que je commence tout juste à te détester, j'entends ta voix.
– Samuel !
Tu m'as suivie, t'as couru, ça se voit à la manière dont ta cage thoracique se gonfle et se dégonfle, tes seins écrasés contre ton t-shirt blanc. Tes tétons pointent, tes pieds sont nus, ton short est mal mis.
– Samuel, je suis désolée.
– C'est pas grave. Tu devrais retourner surveiller ton appartement, ils cassent tout.
Je me retourne pour partir. J'ai pas très envie de te parler, j'arrête pas d'avoir cette vision de toi sur ce lit et ça me brise le cœur.
– Attends !
Ta main sur mon poignet, ton regard sur moi, les bruits ambiants de la rue.
– Est-ce qu'on peut se voir demain ?
– Je suppose.
Tes yeux sourient, j'ai envie de t'embrasser, goûter ses lèvres roses, les mordre. Tu es belle.
Une seconde fissure sur notre portrait, mais tu sais quoi ? Ça le rendra plus fort et plus beau, j'en suis sûr.

VOUS LISEZ
Portrait en noir et bleu
RomanceTout ce qu'il y a à dire, c'est que Samuel aime une fille pour la première fois. [chapitres courts; 700 mots max] [/!\ contient des scènes légèrement osées]