bleue est reine

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       Je suis chez elle. Odeur café qui plane et m'enivre. L'appartement est rangé, très différent de celui qu'il était hier soir. Robe courte, pas de soutien-gorge, tu es assise comme une enfant sur le canapé. Je t'imite et me mets en tailleur aussi. Tu portes la tasse à tes lèvres sans me quitter des yeux, t'es irrésistible et j'ai comme l'impression que tu le sais. T'humectes tes lèvres roses en rigolant à ce que je viens de dire, une anecdote débile. Ton sourire est bleu, aujourd'hui. Ça sera celui que tu auras sur notre portrait.

– Et sinon... tu sors avec ce mec ?

Tu triture ta robe, ma question te déplaît et j'en suis désolé, mais j'ai besoin de savoir.

– Oui.

– Ça fait longtemps ?

– Trois ans.

Ah...
Miria... je comprends pas trop. J'ai besoin d'être éclairé. Tout s'emmêle dans ma tête.

– Pourquoi tu m'as embrassé alors ?

Et pourquoi t'as laissé ce lion affamé te caresser la cuisse sur la plage ?

– C'était sur le moment.

Je suis quelque chose qu'on fait sur le moment, alors ? J'ai un peu mal, ma cage thoracique refuse de bouger, l'air n'entre ni ne sort. Il faut que je me reprenne, ce n'est pas le moment d'avoir le cœur qui saigne.

– Tu le trompes souvent ?

Tu hausses les épaules.

Putain Miria, aide-moi à comprendre ! Pourquoi il faut que tu sois si distante ?

– Il le fait aussi. C'est juste comme ça.

– Vous vous aimez au moins ?

Tu souris.

– On arrête les questions pour aujourd'hui. Viens danser avec moi !

Tu te lèves d'un bond et mets un des vinyles que je t'ai prêté sur le disque. Tu te mets à chanter et à tourner sur toi-même. Je me lève, te voir tournoyer comme une élégante tornade me fait oublier que tu as un copain. Je souris, j'essaie de trouver le bon moment pour te prendre contre moi. C'est un peu osé, mais tu te laisses faire, tu bouges contre moi, tournoie, souris encore, chante. Tes cheveux blonds sentent bon, ta robe s'envole quand tu tournes, mais tu dis qu'il manque quelque chose et disparais dans la cuisine. Tu reviens avec deux verres de rhums dans les mains. On les boit d'un coup sec et on se remet à chanter et à danser.

Une fleur dans mes mains, mon orchidée bleue. Aujourd'hui tu es à moi, ça me rend fou. Je vois tes lèvres qui gesticulent, ta voix qui m'emporte loin, loin, loin...

Je t'embrasse et j'y mets toute mon âme. Tu veux te dégager et me pousse le torse de tes petites mains bleues, mais j'insiste. Tout doucement, tu te laisses faire et la passion animent nos corps de par en par, chaque passerelle, chaque molécule. Mes mains descendent vers tes fesses, je sais pas ce qui me prend, je suis comme fou. Je me ravise et m'excuse, mais tu les replaces. Je tente de te porter, tes jambes autour de mon torse. Je vacille un peu, c'est pas que t'es lourde, c'est juste que je suis pas très musclé. Je t'allonge sur le canapé, je sais pas trop quoi faire, mais tu me souris.

– Miria, je.. 'fin j'ai pas d'expérience.

– C'est mignon.

L'orchidée noire ne fait plus que frôler l'orchidée bleue sur notre tableau, maintenant c'est beaucoup plus intense. Les pétales s'abandonnent aux autres, s'emboîtent, s'emmêlent et forment ce bouquet dont je rêve depuis si longtemps.

Aujourd'hui, tu as fait de moi un homme, ma Bleue. 

Portrait en noir et bleuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant