Lettre aux sacrifiés

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Maman regardait souvent à la télé les films qui se passaient en Louisiane, dans les champs de cotons. Ces grandes maisons avec des maîtres et des esclaves dont le destin me faisait toujours pleurer. La triste condition de l'homme, que j'ai apprise dans les cours d'histoire. Les horreurs que chaque jour, nous montrent les médias . Je ne suis qu'une petite fourmi dans ce système d'abus de pouvoir et avide de richesses. Je n'ai pas de baguette magique à part ma sensibilité, qui me permet de dénoncer, d'écrire et de ne pas oublier. Nous aurions tous pu être un de ceux à qui je m'adresse. Nous ne choisissons pas nos origines. Elles naissent avec notre premier cri.
Nous avons eu de la chance, enfin, pour l'instant car nous pouvons tous, à tout moment, voir notre sort basculer au nom de la folie d'un pouvoir.
J'ai le bonheur de voyager. J'ouvre bien grand mes yeux et mon coeur face aux différences, à la misère des pays où je me rends. Ce que j'y trouve en revanche, c'est la plus belle leçon d'humanité. Il est là le plus grand pouvoir de l'homme à mon sens. La capacité a aimer et à s'intéresser aux autres. Ceux qui ont les poches les plus vides ont le coeur le plus chaud. Arrêtons de les détruire, de les regarder de travers car ils n'ont pas le pouvoir de l'argent. Respectons les, avec leur courage, leurs sourires, leurs sens de l'entraide, leurs valeurs. Face à eux je me sens souvent comme une pomme gâtée, pourrie, que l' on a mal cueillie.
Mais je sais qu'en m'interessant à eux, je gagne le respect dans la grande farandole de l'humanisme.
Ils m'ont beaucoup appris. La tolérance est un partage tout comme la vie. Cela n'a pas de prix, de coût. Personne n'a le droit de tuer ce qui fait de nous des humains. Personne n'a le droit de tuer au nom du pouvoir et pourtant ...

" Tel un animal malade
Regard hagard et fade
Enchaîné
Sans pitié
On le traine à l'abattoir
A cause de son odeur
Ou bien de ses couleurs
Par abus des pouvoirs.
Attachés tous ensemble
Comme des chiens galeux
Les enragés sont ceux
Qui, pour quelques pièces
Les humains dépecent
Pourtant, ils leurs ressemblent.
Au marché des humains
Les fous ont vendu leur âme
Et tous ces paris qui se trament...
Et l'homme devient leur bien .

Pieds et poings liés
De la chance oubliés
Attachés au mécanisme
Du marché de l'humain
Qui est une ignoble foire
D'amour du pouvoir
L'homme, animal de compagnie
Sa liberté il renie.
Un homme libre hier
Semblable à toi mon frère
Aujourd'hui asservi
Bétail à l'abattoir
Sentant le désespoir
Vendu pour un billet
Sans espoir de retour
Son corps sur le bûcher
Des flammes des vautours
Avide de puissance
Magicien en transes
Perte de la dignité
Profit des vanités.
Vampire suçant le sang
Des gens de couleurs
Qui ont une autre odeur
Ou une autre naissance.
Qu'importe la provenance
Ils sont tous nés humains
Désormais juste des chiens,
Parqués comme du bétail
Sans aucun éventail
On les laisse sécher
On les laisse assoiffés.
Leur peau les brûle
Et l'homme recule
Pour passer serviteur
Dans le terrible mécanisme
De la vente de l'humanisme.
Plus humain, marionnette
Leur avenir en miettes
Leur âme tire la sonnette
Arrêtons la conquête!
Ne coupons plus la tête
Des droits de l'homme
Ou nous sommes tous égaux
Pas des bêtes de somme
Nourissant les megalos.
Tuons ces pourritures
Bouffant notre univers
A coups de coeurs en fer.
Restons unis pour nos libertés
L'homme n'est pas un sujet
Ni une sale poupée
Que l'on manipule
Pour des fous sans scrupule.
Arrêtons le massacre
De nos descendances
Pour voir le sang gicler
Dans la décadence .
Attaché au mécanisme
Un homme a tout perdu
Au nom de tous les tordus
Et de leur capitalisme.
Je vois les rides de ses souffrances
Quand, replié sur la potence
Son corps hurle de torpeur
Ces gouttes perlant sur son front
Parlent du mal qu'ils lui font.
Son regard pleure la peur
Quand impuissant, jugé à mort
Ils se délectent, lui ,il se tord.
Innocent ou coupable
Ils se nourrissent à la table
Du festin de l'horreur
humaine.
Ils sourient au plus il saigne.

A tous les peuples sacrifiés
Religion, croyances,
couleur
Politique, pouvoir, argent
A toutes les nations qui se meurent
Devant des guerres programmées
Où nous sommes tous perdants.
A toi mon frère, à toi mon père
Reste pour nous un peu vivant !
A tous les peuples manipulés
A tous ceux que l'ont dit inférieurs
Juste car ils n'ont pas le progrès.
Ceux que l'on enterre sur leur sol
Ceux que l'on repousse,
Que l'on isole
Car chez eux, pas de pétrole
Mais sans doute bien plus de courage
Et pas de doute plus de partage !
Oui, ce ne sont pas des billets
Mais loyauté et fraternité
Naissant de leurs difficultés.
A toi a qui l'on a tout donné
Tu es juste bon à reprendre
C'est toi que l'on devrait pendre
A la corde de tes vanités.
Que l'on soit blanc, ridé, noir
On est tous nait pour faire vivre l'espoir
D'une vie que l'on veut meilleure
Sans pour autant peindre l'horreur.
L'homme est devenu tableau de chasse
Pour de l'argent on le tabasse.
Nous naissons libres mais pas égaux
Et nous voilà tous des légos
Que l'on empile suivant notre puissance
Sur l'échelle du pouvoir, de sa décheance.
De répudiés en réfugiés
D'esclaves en fugitifs..
De pendus en têtes coupées
De minorités en camps, parqués,
Tous naufragés de leurs libertés
Au nom de qui au nom de quoi?
Tous fusillés de leurs droits
Oubliés des dieux et des lois
Ceux que nous montrons du doigt....
En élisant leurs bourreaux
En faisant vivre les grandes puissances
Car nous sommes du côté chance
Mais qui sait si un fou furieux
Ne reviendra pas nous exterminer
Car nous n'avons pas les yeux bleus
Ni même la bonne religion
Alors faisons bien attention,
Car même nous qui sommes blancs
Dans des nations prospères
Pourrions finir six lieux sous terre
Car l'abus de pouvoir est transparent
Jusqu'à ce qu'il transperce
Des êtres humains n'importe quelles fesses.
A l'humanisme qu'on délaisse
Laissé pour compte
Et voilà que l'on se monte
Les uns contres les autres.
La cruauté cette grande échelle
Menant à l'arbre de la mort .
L'amour est bien notre racine
Aimer et vivre n'est pas un crime.
A Mandela, Ghandi et j'en passe
À leurs très grandes liasses
Pas de billets mais des cahiers, de leurs idées,
De leur courage
A eux ces pauvres mages
Qui ont mis la plus belle des encres
Sur le livre de l'être humain
A eux qui ont jeté leur ancre
Sur les plus beaux des destins
Celui d'être père de tous les hommes
Pour plus que l'on nous assomme.
J' aimerais que les conflits d'intérêts fassent de longs sommes
Et ne deviennent plus une somme d'argent contre les gens".

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