Dance To This

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Tu t'es pointé quatre jours après, comme si de rien n'était, comme si c'était la veille que tu m'avais quitté au rebord de ma fenêtre, avec un simple baiser sur ma pommette gauche,comme si j'avais pas attendu un appel, un simple message, pendant des heures ; tu t'es pointé à deux heures du mat'  ̶ qu'est-ce que tu fous la nuit, tu dors jamais ? J'étais vexé,je te faisais la gueule comme un enfant de quatre ans, mais j'en avais rien à foutre, tu nous avais blessé, moi et mon petit cœur.Je voyais bien que tu savais pas quoi faire, pas quoi me dire,pourtant un simple désolé m'aurais suffit, mais tu tournoyais sur ma chaise roulante alors que j'étais affalé dans mon lit, tu faisais des remarques inutiles sur les détails de ma chambre, je t'avais jamais vu aussi désemparé.


Puis d'un coup tu t'es levé, et tu t'es assis sur mon bassin, une jambe de chaque côté de mon corps, et tu m'as embrassé,mais c'était pas un baiser comme d'habitude, non, c'était pas un baiser imbibé de cigarette et de fraises, celui-là il était doux et lent, presque amoureux. Et quand t'as arrêté, tes yeux étaient fermés et moi je détaillais ton visage, ton visage parfait d'imperfections, tes fossettes, tes paupières, tes lèvres, rien n'échappait à mon regard lascif, et sous la lumière blanchâtre de la lune, t'étais quand même divin, et ça m'a échappé ; ça y est c'était dit, je voulais que tu sois mon copain, mon petit-ami,mon partenaire en crime, quoi que ce soit que tu veuilles l'appeler,mais je voulais un truc officiel. C'était peut-être égoïste, mais qu'est-ce que j'avais à perdre, on était jeunes et plein d'ambition, cette relation qui démarrait doucement on l'avait déjà poussée à tout vitesse, comme ta voiture, et mes nuits t'appartenaient, et au final t'as pas dit non, donc j'avais rien à perdre.


On avait besoin d'aller nulle part, juste allume la radio, tu savais ce que je voulais faire, on peut danser sur ça, tu sais il me faut pas beaucoup pour être à fond, on avait déjà fait toutes les soirées, on pouvait danser à la maison maintenant,ouais, on peut juste danser sur ça.

T'imagine la vision de l'extérieur, deux gamins qui dansaient comme des fous sur un lit défait, la musique réglée à vingt pour cent parce que la maison dormait encore et les parents ne savait pas qu'ils avaient un invité clandestin dans la chambre de leur fils.


Fallait que tu te rapproches, avec ce Levis noir qui faisait ressortir tes hanches chéri, je voulais que tu me fasses ce truc que l'on ne faisait jamais sobres, j'ai peut-être tiré un peu fort sur le passant de ton jean, on s'est emmêlé les pieds et on s'est ramassés sur mon lit, engloutis par ma montagne de coussins.T'étais beau, si beau, fallait que j'embrasse chaque partie de ton visage pour imprégner ta beauté dans mon corps, me le dire, que c'était à moi tout ça, et rien qu'à moi ; les musiques s'enchaînaient, tu sais ce que je veux, on pouvait danser sur ça aussi, peu importe la chanson, peu importe la danse, celle-ci on l'avait déjà faite dans les chambres des fêtes, pour une fois on pouvait la faire à la maison ; parce que je voulais pas dormir, ce soir, non, ce soir je voulais me lancer sur cette route, un aller sans retour, à cent kilomètres à l'heure, avec toi dans les yeux.

Ton corps nu tout autour de moi, c'était à ça que je voulais voir mon monde se résumer, juste toi et ta peau pâle,moite, qui se collait à la mienne dans un rythme languissant, ta langue qui passait de tes lèvres aux miennes, et de ma bouche à mon corps, ton regard qui suivait chaque courbe de mon être, tes doigts qui les retraçaient dans la seconde, et ta voix qui m'emmenait loin.


Pour le coup on avait pas besoin de radio, nos souffles erratiques me semblaient être juste assez pour former notre hymne à l'amour et à la danse, tu vois que j'avais pas besoin de grand chose pour y mettre tout mon cœur, tout mon corps ici, ce soir, et ça t'a plu. Et ces nuits dans des chambres d'inconnus, avec la possibilité que quelqu'un rentre à tout moment, l'adrénaline due à l'alcool dans notre sang, est-ce qu'elles pouvaient se mesurer à ce qu'on a ressenti alors que l'on dansait sur la bande-son du plaisir de nos corps ?


Mais putain, pourquoi est-ce qu'on a pas vu le temps s'écouler, parce que je sais pas toi, mais je me serais passé de ce moment gênant où ma mère est rentrée dans ma chambre le lendemain matin.

Strawberries & CigarettesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant