Partie IV

43 6 0
                                    

Un pas après l'autre, un souffle erratique après l'autre, je me retrouvais dans la cuisine. Il n'y avait plus personne. La panique grimpait quelques secondes dans mon esprit avant qu'un sanglot ne vienne me ramener à la raison. J'aurais dû y penser.

Ouais, j'aurais dû y penser.

Alors, passant le long de la cuisine, je me permettais de mettre un pied sur la terrasse en bois. Je préférais refermer la baie vitrée derrière moi. Je n'avais pas vraiment envie d'être dérangé par de la musique ou encore par un mec du groupe complètement défoncé.

Le claquement bien trop brutal à mon goût de la vitre semblait me réveiller.

Je venais de m'enfermer dehors en ta compagnie, en compagnie d'un Jeon Jungkook hors de lui qui venait de larguer l'amour de sa vie. Et tu étais sous l'emprise de l'alcool aussi.

Du coin de l'oeil, je t'apercevais, une clope indiscrète à la main et t'enfilant une goulée avide de rhum.

Déglutir goulûment était mon seul remède à cette vision.

Comment avais-tu trouvé du tabac dans cette maison, dans ta maison ? Je ne te connaissais peut-être pas aussi bien que je ne le pensais.

Tu ne fumais jamais, ce n'était pas ton truc non plus. Enfin, normalement. Et là, je te voyais, les yeux fixaient sur la pelouse sombre, une garot à la main et une bouteille dans l'autre. Je ne savais pas que tu fumais. Je ne te connaissais pas.

Une goutte de ce qui me semblait être de l'alcool, renversée brutalement, transgressait l'interdit pour se glisser près de l'arrête de ton nez.

Tu reniflais, ton filtre roulant contre tes dents dont l'éclate blanc finissait par jaunir.

« Jeon... » t'appelais-je doucement, de peur de te briser encore un peu plus.

Tu tournais ton regard dans ma direction, précautionneusement, agrippant chaque partie de mon visage au passage. Tu étais totalement déchiré, détruit. Les sillons de tes larmes me blessait bien plus que ce que j'aurais pu croire.

C'était peut-être pas que de l'alcool sur ton âme.

Mais moi je te contemplais.

Avec effarement.

Ton état me choquais, je ne t'avais jamais vu ainsi.

Tes joues rougies m'indiquaient que oui, tu avais beaucoup trop bu. Les veines éclatées dans le blanc de tes yeux m'indiquaient que oui, tu n'aurais pu dû fumer. Tes pupilles, si fines que je ne les percevaient presque pas. Tes yeux vitreux mais pourtant rendu gracieux grâce à la lumière qui émanait encore du salon. Tes sentiments étaient rendus indéchiffrables.

Je la remarquais cette fine trace de rhum qui dégoulinait du coin droit de ta bouche. Ta main, fine et soudain tellement frêle, enserrait le goulot de la bouteille comme si il s'agissait d'une bouée, d'un échappatoire à tes tortures. Je pouvais voir ton corps désirable qui se tenait à seulement deux mètres du mien.

Même assit tu vacillais par instant, seul sur cette terrasse qui m'était totalement inconnue. Et c'était en te voyant, ruiné, que je comprenais, que je comprenais réellement.

Je n'avais pas arrêté de t'aimer d'un amour pur, sans faille, et cela depuis tellement longtemps. Peut-être une éternité maintenant. Je me souvenais alors des sentiments qui m'agitaient douloureusement à chaque fois que je te voyais, que j'entendais parler de toi. Ils n'avaient jamais voulu disparaître, ils s'étaient simplement recroquevillés dans un coin éteint de mon esprit. Ils étaient restés cachés au moment où j'avais, pour la première fois, embrassé Jang-Mi.

The Truth UntoldOù les histoires vivent. Découvrez maintenant