Partie VIII

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Bien sûr, toute insécurité et angoisse avait comme... disparu dans une partie intrigante de mon cerveau. Infâme partie qui m'avait longtemps rendu prisonnier de mes plus grandes appréhensions.

Toi.

Tu étais bien le grand maître de ces peurs. Tu ne savais pas à quel point tu m'effrayais, à tel point tu me terrorisais, tout le temps, à chaque secondes, fractions de secondes de mes battements de coeur. Tambourinant contre mes tempes, mes peurs me rappelaient qui tu étais. Toujours. Caché derrière cette porte.

C'était à mon tour d'affronter mes peurs.

Et comme tu le savais, très bien même, j'étais un terrible lâche, prêt à tout pour éviter le centre de mes phobies.

C'est-à-dire.

Toi.

Mais ce soir, c'était différent.

Oui, je le sentais. Couler dans mon sang comme un doux poison, le changement s'avérait peut-être libérateur. Ce changement qui m'avait promu célibataire en moins d'une minute. Changement qui m'avait guidé jusqu'ici, face à la porte de ta chambre, face à ma peur. Oui, mon hémoglobine bouillonnait d'un renouveau, s'employant à brûler mes nerfs, mes terminaisons nerveuses, se traçant un chemin jusqu'au centre.

Au véritable centre d'une, sacrée, peur.

En vérité, j'avais peur de toi, mais pas autant que ta réaction. Il n'y avait pas d'autres issues, j'étais face au mur – porte.

Le rejet.

Pourtant, tu ne m'avais pas rejeté tout à l'heure, au contraire. Mais je pouvais bien mettre ça sur le compte de l'alcool et du tabac. Ouais, cela me rassurais un peu de penser d'une telle façon. J'avais vu, j'avais compris que c'était ce que je souhaitais devenir, au plus profond de mon âme perturbée. Fissuré par ton physique, démolis par ta personnalité.

Fissure craquelée depuis bien des années.

J'essayais, de faire de mon mieux, toujours, continuellement. Cependant, ça ne changeait jamais rien. J'enchaînais les cigarettes, je tournais en rond, j'étais simplement fait pour ça. Pour toi. Je m'ennuyais. Oui, en vérité, le plus gros problème chez moi, c'était que je m'ennuyais sans ta présence. Je crevais et je crèverais d'ennui, littéralement. À part toi, personnes d'autres n'avait jamais osé crier mon nom. Tu m'amusais. Il n'y avait bien que mon père pour me crier dessus.

J'avais bien eu des rêves à un moment, mais c'était tellement lointain qu'ils ne ressemblaient plus qu'à des regrets, ces vieux rêves.

La porte.

Cet objet sonnait comme un parallèle à mes années rêvées.

Car tu étais mon dernier rêve, auquel je tentais depuis bientôt trois ans de m'accrocher. Je m'accrochais à me faire pleurer, je m'accrochais à me briser encore un peu plus. Tout ce que je ne souhaitais pas, à présent, c'était que le rêve, ton rêve ne devienne plus qu'un ancien regret, qui sonnerait amer au creux de mon palais.

Non.

C'était impensable pour moi.

Jamais.

Je ne me le pardonnerais pas.

Maintenant.

Oui, c'était à mon tour de te présenter mon attachement, de m'excuser, et de t'avoir, toi, enfin pour moi.

Je voulais juste trouver un juste milieu.

Je me persuadais, alors que sous ma main blafarde, je sentais la poignet s'affaisser avec peine. La lenteur de mes gestes me paniquait plus qu'autre chose, et l'odeur familière que me renvoyait la pièce me soulager dangereusement. Si c'était si facile, comment pouvais-je encore redouter de croiser tes yeux ?

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