Chapitre 2:Dénuée De Tous Sens

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J'avais sûrement passé la pire nuit de ma vie. Les cauchemars avaient envahi mon esprit. J'avais une gueule d'enfer. Mieux valait ne pas m'adresser la parole. 56 nouveaux messages, le ponpon. J'avais complètement oublié Léo. Lui qui la veille avait sûrement autre chose à faire que de répondre immédiatement à mes textos. Je n'avais pas la tête à avoir pitié pour qui que ce soit même pas Léo. J'avais rendez-vous avec lui à 14 heures. D'ici là j'aurai sûrement repris du poil de la bête. Ma chambre était calme. Je faisais le point. Une mauvaise nuit, des informations désastreuses, un homme mort, aucune envie de voir la tête des parents, bref un bon merdier.

Quelques minutes m'ont fallu pour revenir sur le problème principal. Hier, un homme était mort. Je me rappelais vaguement des circonstances. Une flaque de sang entourait le cadavre âgé sûrement d'une quarantaine d'années. La journaliste était désespérée, apeurée. Ce qu'elle disait paraissait inutile entre les "C'est la fin", "On va tous mourir", on ne comprenait plus rien d'autre. Pourtant un détail me revint soudain. Aucune blessure apparente et pourtant du sang s'était échappé. Les enquêteurs avaient déjà probablement remarqué ce détail. Je n'avais que faire de réfléchir longuement sur un cas isolé. Cela n'arrivera plus.

Je n'avais pris que 15 minutes à me préparer, il était l'heure, je devais rejoindre Léo au parc en face de mon appartement. Je n'avais pas mangé, j'ai fui discrètement mes parents en leur laissant un petit mot d'excuse. Sur le chemin, j'avais reçu un doux message de ma mère disant qu'elle comprenait et qu'elle m'aimait fort.
Arrivée au parc, un homme brun à peine plus grand que moi qui est déjà assez petite (ce qui lui valait mes petites moqueries) me saluait de loin. Il s'approchait de moi, qui m'était figée pour le regarder avec un grand sourire comme une grande niaise. Puis soudain je ne fus pas surprise de voir à quel point mon ami pouvais me redonner le joie de vivre. Il venait de se ratammer au sol alors qu'il marchait à peine plus vite qu'une tortue. J'explosais de rire tandis qu'il se relevait secouant au passage sa belle veste absolument pas à la mode mais qui me plaisait bien. Il se remit en marche et en quelques secondes se retrouva devant moi. Ses cheveux comme d'habitude était totalement désordonné à croire qu'il ne connaît pas le peigne, ses yeux bleu étaient certainement les plus beaux de la région. Sa silhouette tout à fait normal s'élanca d'un coup vers moi et m'entoura. Je laissais mon corps aller dans ses bras, j'adorais cette proximité qui me réconfortait.

Léo était un homme d'une extrême gentillesse. Puis je le regarda dans les yeux et lui sortit avec un sourire : "Qu'est-ce t'as ? Noëmie t'as posé un lapin ? T'es tristounet mon LAPINOU" ai-je insisté sur le dernier mot. Noémie était la petite amie de Léo, une fille formidable de mon âge mais très tête en l'air.
"Dis pas de bêtises, rétorqua-t-il en me lâchant et en me poussant l'épaule gentiment, tu sais très bien que je ne suis pas là pour te raconter mes épopées amoureuses mais plutôt pour passer un bon moment avec toi et surtout comprendre hier... Tu m'as fais peur je t'ai cru répartie dans tes délires maso. " finit-il avec une once de jugement. Je n'avais pas envie d'être sérieuse de suite, je voulais me débarrasser de ma mauvaise humeur en accomplissant mon train-train quotidien, embêter Lapinou ! On était très proche lui et moi, mais j'avais tendance à être vache avec lui et lui rétorquait toujours. C'était drôle. C'est souvent lui qui me donne la force d'abandonner mes tentatives idiotes de suicides. Chaque fois qu'il était mis au courant, il me sermonnait, j'encaissais. Je me suis pris une gifle une fois.

Après une petite heure de balade et de fous rires dans le parc, je pris la main de Léo et me retourna, proche de lui.
"Désolé pour hier, j'ai eu peur. Pour une suicidaire, c'est bizarre quand même. Mais je ne veux pas que ça t'arrives à toi. Ni Noëmie. Ni ma mère, ni mon père. C'est égoïste mais vous pouvez choisir votre vie. Vivez longtemps...
-Toi aussi tu as ce droit, pour nous, pour moi, m'interrompa-t-il puis il me prit par les épaules, je suis sérieux Akemi, si je dois mourir c'est avec toi.
Il m'avait fermé le clapet, je le regardai intensément. Puis je le lâcha et sautilla dans l'allée. J'avais perdu tout mon sérieux.
"T'inquiète pas pour moi gros bêta ! Je t'offre le café ?"
Il acquiesça tranquillement.

Nous venions de rentrer chez moi. Léo me demanda 5 secondes pour appeler Noëmie. Ils étaient vraiment mignons eux deux, cela faisait 3 ans qu'ils s'étaient mis ensemble, mais, associable comme je suis, je ne lui ai parlé qu'à peine 3 fois. Pendant son appel, j'allumais la cafetière et la télé. Je tomba à la renverse. Léo lâcha son téléphone pour me relever surpris de me voir à terre puis regarda l'écran et à son tour chancela. Un second meurtre en moins de 24 heures. J'arrivais à réfléchir clairement malgré le choc. Les informations étaient claires : Une petite fille chinoise est victime de l'étrange mort (c'était le terme affiché à l'écran) . Des milliers de kilomètres séparait les victimes pourtant la même scène de crime dans un temps si court était présentée. Cela n'avait aucun sens et à en croire la tête de Léo, personne n'était prêt. Et sûrement pas à la suite des événements.

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