Chapitre 5 : Ad Vitam Aeternam

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Ces dernières semaines, les morts avaient lentement régressé, nous ne dénombrions que 4 à 5 morts par semaine. Mais les esprits restaient renfermés, à la place du nombre vint la violence. Nous avions dépassé un seuil dans l'horreur. Le viol, l'égorgement, le démembrement, et d'autres activités d'une diversité qui repoussait même le concept ancien qu'on avait de la terreur. La population n'était pas tant affecté que ça mais les suspicions devenaient réelles. De moins en moins ils n'étaient question d'un quelconque dieu ou du moindre roman SF. L'être humain était dans un état désastreux pour une autre raison.

Léo était maintenant parti. Je n'aurai pas de nouvelles de la semaine. Pour passer le temps, j'avais décidé de me lancer dans une pseudo-enquête pour passer le temps. Ça me faisait rire. Et puis sortir me permettrait de rencontrer des gens et peut être l'amourrrrrr (je roulais les r à chaque fois que j'y pensais, ça me faisait rêver). Seul problème... Trouver le courage de sortir. Mon manque de sociabilité pouvait prendre le dessus.

D'abord accolée à mon écran, à la recherche de la moindre info, j'avais visité de nombreux sites qui présentaient tous leurs théories. J'avançais pas. Une notification passa discrètement sous mon nez. Il était 21 heures, je n'y prêta pas attention. Deux autres arrivèrent un temps après mais je ne les remarqua pas. Je venais de tomber sur l'actu du jour. Je recula d'effroi. Une goutte perla involontairement sur mon visage. Mes mains se serraient seules. Mal à l'aise d'un coup, je sentis un grand froid qui s'emparait de moi (et non, ce n'était pas à cause de mon manque certain de vêtements, j'ai le droit d être en sous-vêtements chez moi !). Assaillie de doutes, je m'accapara mon téléphone afin de vérifier la validité des infos du jour. Sur chaque site, comme à chaque fois, le nom et prénom de la victime s'affichait juste en dessous du grand titre qui ne changeait plus depuis des mois: "Le grand désastre continue ; Judith Hasaani décédée et violentée à coup de batte". Je titubais à mesure que j'enchaînais les news avec ce même début. Pourquoi elle ? Toujours tremblante, je regardai avec attention la suite. " À 28 ans, la jeune Judith a succombé [...] complètement dévisagée [...] heure de mort présumée, ce matin, 10 heures, dans l'ouest de la zone 10-US" (dans ce qu'on appelait à une certaine époque, les États-Unis). Je reçu par la suite une dizaine de messages et m'aperçu des 2 appels manqués. "Caroline H." , ma mère. Je devais lui répondre. Finalement encore un peu sous le choc, je termina l'article et envoya un message à ma mère "J'arrive".

Pourquoi elle ? Sur la route, je n'arrêtais pas de me demander pourquoi. J'en venais à m'inquiéter pour moi-même. Dans tous ses méandres de questions, je tentais tout de même de chercher des réponses... Mon "enquête" ne s'arrêtera pas sur un petit délire d'ennui. Des détails m'échappaient et je n'avais pas l'esprit clair... De rage, j'avais instinctivement balancé mon pied dans un poteau... Drôle d'idée quand je me suis rendu compte l'instant d'après que ça faisait vachement mal ! En plus, Léo n'était pas là ! Dans ma douleur, je m'écroula à genoux en pleine rue et finit par fondre en larmes. Aucun passant en vue, personne pour me réconforter, seule une vieille dame du haut de sa fenêtre m'asséna un regard entre le dédain et la pitié. À sa vue, je m'essuya rapidement en tentant de me relever, non sans peine, sans lui adresser le moindre signe d'attention. J'avais repris ma route.

J'arrivais soudain devant la porte de mes parents, doutant sincèrement de mon choix. Comment ma famille vivait de leur côté la mort de leur fille, ma sœur. Je ressentais beaucoup de peine pour elle. Malgré ne pas l'avoir connue durant ses 9 dernières années, installée avec sa petite-amie près de Chicago, légèrement reniée par mon père, j'avais tout de même passé plus de la moitié de ma vie en sa compagnie contrairement à mes deux débiles de frères aînés. Avant d'ouvrir la porte, je sortis mon téléphone, regarda avec insistance si j'avais l'air d'avoir pleurer. La dernière chose que je voulais, c'était montrer le moindre signe de faiblesse. Rentrer dans une maison en deuil quand personne ne connaît la mort, c'est un peu comme... Aucune comparaison n'existait.

Il y a presque six mois, aucune personne n'aurait pu prédire ce qu'il adviendrait du monde en à peine quelques jours. Il y a six mois, je pouvais rire, chanter, danser, vivre en paix. Il y a six mois, je voulais me suicider. Mais il y a six mois, je vivais. Maintenant dans cette atmosphère funeste, je survis. Un nouveau souffle à ma vie.

Le froid et la nuit commençait à me faire regretter d'attendre comme une bourrique dehors. Après avoir pleuré autant qu'aujourd'hui j'allais sûrement attraper la crève pour ne pas affronter l'ambiance dans la maison Hasaani. Pourtant un sentiment grandissait en moi, un sentiment inconnu, qui me fit pousser la porte de l'entrée. J'avais envie de lâcher le "Coucou" joyeux habituel qui aurait pu réchauffer le salon mortuaire sûrement en désordre. Mais je ne pouvais pas non plus faire semblant de ne pas être au courant. Respect a été inculqué à notre famille, "Ça manque souvent aux jeunes !" que dirait papy sur son ton aigri (ce qui m'as fait sourire au pire moment !). Maman se jetta dans mes bras, larmes aux yeux. Je la serra fort en cherchant des yeux, un court instant, Papa. Je ne fis que de tomber sur un court bout de papier déchiré sur un livre :

"Il n'y a que les héros qui connaissent le malheur"

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⏰ Dernière mise à jour : Feb 04, 2020 ⏰

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