déchirure

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C'est drôle parce que je n'ai que des mauvais souvenirs, remplis de colère ou de tristesse, je me souviens aussi de la solitude. Mais là... je me sentais si bien.. dans mon corps. Comme si quelque chose de pur l'avait survolé ou en avait pris possession ne serait-ce qu'un instant.. oui quelque chose comme ça.

Ce bien-être était bien plus fort que ma gueule de bois ou de cette confusion dans ma tête. Malgré tout, j'étais donc de bonne humeur.

Je respirais un bon coup, la main sur mon coeur.

Quand soudain.

J'entends la porte s'ouvrir brusquement.

Je sursaute, le bruit me fait redescendre de cette rêverie.

Je cours vers la porte d'entrée.

Pourvu que ce ne soit pas un..

Oh,

"Rémi.. c'est toi..."
Dis-je en soupirant.

Je souffle, soulagé.

Bizarrement, lui, ne bouge pas de la porte d'entrée.

Qu'est ce qu'il fait..?

Je relève mes yeux vers lui.

Il avait la tête baissée, il se tenait debout, le dos courbé. Il tenait toujours la porte d'une main, comme une manière de s'imposer.

Les secondes s'écoulent lentement.

Je ne comprends pas..

Il fallait que l'un de nous brise le silence.

Il l'a fait.

Rémi : "C'est fini."

-"...Qu- Quoi.. Qu'est-ce qui est fini ?"

Il semble incapable de bouger.

-"Rémi.. explique-moi."

Après un silence, il se décide enfin à s'avancer.

-"Écoute..."

Il ne relève toujours pas les yeux vers moi, pendant que je le regarde d'un air ahuri.

-"Écoute.. eum... Nora avait raison. Sur ce qu'elle a dit hier tu sais.."

Oui évidemment que je sais..
Ma tête se baisse en laissant échapper un soupire.

Ces paroles m'avaient fait assoir sans que je le veuille.

Il m'a suivi, et s'assoit avec moi comme pour rattraper la violence de ce qu'il venait de me balancer en premier.

-"Tu sais.. ce truc là.. le fait que l'on s'appartient.. un peu trop.."

-"Oui je sais."

Je détournais le regard vers la fenêtre, les larmes montent, putain je sais pas pourquoi.

-"Elle a raison.. on est d'accord non..?"

-"Ça dépend. Tu y crois toi ?"
Je répondais fermement.

Deux imbéciles qui n'osaient même pas se regarder dans le blanc des yeux.

-"Vins'.. si on est comme ça en ce moment c'est bien qu'elle avait raison.. "

Je prie pour que ces putains de larmes restent là où elles sont.

-"Alors, vas-y, dis-moi où tu veux en venir."

-"Alors... avec Vanessa..

Ce nom me donnait brusquement des frissons de colère.

-...on a décidé tu vois, de.. on a décidé qu'on devait se prendre quelques vacances, rien qu'elle et moi.. de partir, pour quelques mois..."

Mon coeur rate un battement.

Je me retourne enfin vers lui.

On s'est regardé dans le yeux, j'avais l'impression que ça faisait une éternité que l'on ne l'avait pas fait. C'était le cas.

Perdus entre l'ivresse, la colère, la tristesse, la peur, on ne s'était jamais vraiment regardé comme ça, d'âme à âme, depuis bien trop longtemps.

-"Quoi.. Rémi tu peux pas faire ça..."

Je soupirais mes paroles.

-"Si..."

Lui aussi.

Ce qu'il venait d'annoncer ne voulait pas monter jusqu'à mon cerveau.

-"Non... Rémi.. non..."

-" Si je... Tu vois ?! Tu ne peux pas décider ce que je dois faire Vincent quand est-ce que tu vas enfin comprendre ça, je n't'appartiens pas !!"

Il commence à crier.

Moi aussi, involontairement.

-"Non Rémi, tu n'peux pas faire ça !!"

C'était les seuls mots que j'arrivais à sortir.

Je pleurais comme un gosse cette fois.
J'hurlais, tellement que je pleurais.

-"Merde Vincent!! Tu- tu n'as pas à décider à ma placer non plus !! Tu n'as pas.. tu n'as pas à faire ç-

Je l'aggripais et l'embrassais de toute mon âme.

De toute mon âme.

De toutes mes larmes.

De toutes les émotions qui se percutaient en moi.

De toute la tristesse et la colère de ce qu'il m'avait annoncé.

De mon coeur atomique qui semblait se déchirer à ce moment.

De toute mon âme.

J'en tremblais..

Le temps s'était suspendu, comme jamais il ne l'a été.

Ses yeux noirs s'étaient écarquillés et il me regardait, en colère.

-"Toi.. toi tu ne peux pas faire ça!!"

Sa colère s'était transformé en tristesse.
Il finissait sa phrase en larmes.

-"Tu n'as pas le droit de me faire ça Vincent... tu te rends pas compte.. merde..."

Il se relevait, en pleurant toutes les larmes de son corps et se précipita vers la porte d'entrée.

Si seulement,

Si seulement j'avais pu le retenir à ce moment-là...

Je l'aurais fait.

Pas de "Connard." ou de "Pauvre con." ni même de "Au revoir.".

Seulement le bruit de cette putain de porte qui claque.

Je pleurais de plus belle.

Alors tout ça était finit, donc.

Toute cette magie créée depuis toutes ces semaines.

Tout ce bonheur incompréhensible qui s'était construit en moi.

Toutes ces sensations, ces émotions que je ne comprenais pas.

Tout ce que j'ai vécu, ce qu'on a vécu.

Tous ces conflits, ces batailles, ces prises de têtes..

Tout ce que l'on s'était échangé.

Tout l'amour que je lui ai donné, et celui que j'ai reçu.

Lui, dans ma vie.

C'était fini...

Putain de bordel de merde mais pourquoi... pourquoi j'ai fait ça...
Dites-le moi putain..

Je m'écroulais pour pleurer plus encore.

sorry not sorry (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant