CHAPITRE 3

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CHAPITRE 3 :

SEOKJIN

Je m'étais à peine assis que Yontae recommençait à parler. Décidément, ce mec était une vraie pipelette. Je pris donc le temps de l'observer pendant sa tirade. Son visage avait quelque chose d'enfantin mais je me saurais dire exactement ce que c'était. Il avait des yeux marron pétillants où on pouvait y lire de la malice. Un nez droit surmontait une bouche bien dessinée avec des lèvres légèrement charnues. Ses cheveux, bruns, relevés en pointes sur son crane complétaient son visage ovale. Il avait un joli minois fallait bien l'avouer. Je remarquai alors que nous étions seuls à notre table. Il m'expliqua que les autres professeurs préféraient manger au restaurant qui se trouvait non loin de l'université.

- Et toi, tu ne manges pas avec eux ? l'interrogeai-je.

- Non, je préfère manger ici. Leurs sujets de conversation tournent toujours autour du boulot ou de leurs problèmes. C'est lassant et déprimant, conclut-t-il.

Je ne répondis rien, j'étais complètement d'accord avec lui. Ce genre de conversations dans lesquelles les gens se plaignent de leur vie alors qu'il y a de par le monde des personnes dans le besoin, m'énervait. Il ne leur manquait que le doigt pour se gratter.

- Et sinon, c'est quoi ton histoire ? m'interrogea mon vis-à-vis.

J'hésitai quelques secondes. Ce n'était pas dans mes habitudes de déballer ma vie au premier venu. Ça faisait à peine une demi-heure qu'on s'était rencontré.

- Hé, tu vas pas te défiler ! râla Yontae. Je t'ai tout dit moi !

Ah ça... J'allais pas dire le contraire. Je savais même des choses que j'aurais aimé ignorer. On discutait, ou plutôt j'écoutais mon collègue parler de sa famille et le sujet de la conversation avait dévié. J'ai appris que Yontae avait une sœur de 4 ans de moins que lui. Je n'avais pas retenu son nom. Quand mon collègue était plus jeune, sa sœur lui avait fait une blague qui l'avait "traumatisé à vie". C'était ses propres mots. Un soir, quand il était ado, il s'était réveillé avec une envie pressant et était donc parti aux toilettes. N'ayant pas allumé la lumière, comme à son habitude, il s'était assis et avait glissé. Les fesses dans la cuvette. Leurs parents étant partis diner à l'extérieur et sa sœur chez des amis ce soir-là, Yontae était resté coincé toute la nuit. Et il avait fini par s'endormir dans cette position. Sa mère l'avait trouvé le lendemain matin. S'inquiétant car il n'était toujours pas descendu déjeuner, elle était montée à l'étage. Mais ne le voyant pas dans sa chambre, elle avait paniqué et ses hurlements avaient réveillé son fils, toujours coincé dans les toilettes. L'adolescent avait hésité. Si sa mère le voyait comme ça il en aurait pour toute sa vie. Alors il avait essayé, encore, de s'extraire de sa prison, en vain. Il s'était donc résigné à avoir la honte de sa vie. Encore maintenant, à chaque diner sa mère ressortait cette histoire. A son plus grand damn.

Un sourire fleurit sur mes lèvres en repensant à cette histoire.

- Pourquoi tu souris ? demanda Yontae, suspicieux.

- Je repensais à ton histoire de toilettes.

- J'aurais vraiment pas du te parler de ça...

Voir le prof de chant faire la moue comme un enfant, me fit éclater de rire. A tel point que les gens se retournaient pour voir d'où ce bruit atypique venait. Parce que oui, mon rire était assez atypique, voir même bizarre. Il provoquait la stupéfaction chez les gens qui l'entendaient. Comme maintenant. En même temps, entendre un bruit d'essuie-glaces dans une cafet avait de quoi rendre perplexe. Mon collègue éclata de rire, se joignant à moi. Quelques minutes plus tard, nous retrouvâmes enfin notre sérieux.

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