Le séducteur qui ne savait pas draguer

Chapitre X : Le prince charmant a des dents pointues

Point de vue Matt Pratty :

- Hé ! Pratty ! Laisse-moi sortir d'ici !

Le pauvre petit Edward frappait de toutes ses forces sur les portes de l'étroite armoire, située dans le Quartier Général des Séducteurs.

- Tu n'as pas le droit de m'enfermer là dedans ! Tu sais que tu peux être puni par la loi Pratty ! Laisse-moi sortir d'ici !

J'haussai les épaules, conscient que le gros Edward ne pouvait de toute façon pas me voir, poussai une chaise vers l'armoire pour bloquer totalement l'ouverture de celle-ci et répondis :

- Tu veux que je te dise ? Je m'en fiche totalement ! T'aurais dû réfléchir avant de me prendre pour un imbécile. Alors ? On ne fait plus son malin, hein ? C'est qui le chef ici, Edward ? Dis le : c'est Matt Pratty.

Il est vrai que j'avais assez mal pris le fait qu'il m'ait refilé un script complètement erroné pour que je me ridiculise devant tout le monde. Et même si ma réaction était quelque peu disproportionnée, il fallait que je montre à ce gros tas, qui était le patron.

En l'occurrence moi et non pas Alexandre Le Chauve.

- Tu crois peut-être que c'est intelligent d'enfermer un de ses camarades de classe dans un casier ?hurla Edward. Je suis claustrophobe et j'ai peur du noir ! Tu vas aller en prison pour ça, je te jure !

Même si je me doutais que seuls les monstres feraient une chose pareille, je ne pouvais me retenir de rire en imaginant la tête apeurée du gros Edward.

L'espace d'un instant, une bouffée de mauvaise conscience me monta à la tête, mais elle disparut aussitôt lorsque je repensais à ce qu'il avait essayé de me faire ! Et puis, je me disais que j'irai le libérer dans quelques heures, une fois les auditions terminées.

Étant quelqu'un d'assez altruiste, j'avais, comme toute personne au grand coeur, vérifié qu'il y ait des entrées d'oxygène dans l'armoire, pour ne pas laisser le gros roux mourir d'asphyxie.

Je n'étais pas aussi méchant ...

- Je suis désolé, continua Edward. Ça te va ? Je ne pensais pas que tu lirais ce fichu livre ! Je ne savais même pas que tu savais lire Pratty ! J'ai préféré avantager Alexandre parce que lui au moins ne m'enferme pas dans des armoires pour le plaisir. Et il ne m'a jamais fait de shampoing à l'eau des toilettes du lycée. C'est légitime de ma part, non ? C'était ma petite vengeance. S'il te plait Pratty ! C'est qu'un jeu espèce de taré !

J'esquissai une petite moue vexée. Pourquoi personne ne me pensait capable de lire un livre ? J'étais bien plus intelligent qu'Alexandre Jones, moi ! La preuve : j'avais toujours tous mes cheveux sur le crâne.

Pour ce qui était du shampoing à l'eau des toilettes, il l'avait bien cherché. Enfin ... Les nouveaux élèves du lycée Lincoln, à l'allure aussi ridicule que celle de ce garçon, avaient tous le droit à une sorte de bizutage. Edward ne devait pas le prendre comme une attaque personnelle. Juste comme une sorte de cadeau de bienvenue !

- Les toilettes étaient propres à ce moment là. Fais pas ta chochotte ! répondis-je en levant les yeux au ciel. Je viendrai te chercher lorsque je t'aurai pardonné de m'avoir pris pour un crétin, déclarai-je au garçon.

Puis j'ajoutai avec un sourire :

- Dans un ou deux mois ...

La voix angoissée d'Edward retentit encore plus énervée et je voyais bien qu'il se retenait pour ne pas éclater en sanglots :

- Pratty ! Je plaisante pas avec ça ! Laisse-moi sortir d'ici ! Mon père est avocat !

- Je sais que tu mens.