Le séducteur qui ne savait pas draguer

Chapitre V : Dire adieu à la reine des pimbêches

« Être ou ne pas être telle est la question. »

Hamlet, William Shakespeare.

Point de vue Matt Pratty :

Je tournais en rond dans la petite pièce peu éclairée que nous avions choisie comme lieu de rendez-vous, tel un animal en cage.

Sans mentir, mes nerfs étaient sur le point de lâcher !

Alexandre, assis maladroitement sur une chaise grinçante, me lançait des regards ironiques et Edward était de temps en temps secoué par quelques petits fous rires.

Pour la millième fois, je répondis à leurs moqueries :

— Toi aussi tu t'es pris un sacré râteau Jones. Et toi, le rouquin, tu n'as jamais réussi à séduire ne serait-ce qu'une seule fille de ta vie alors je serais toi, j'arrêterais de suite ! Moi contrairement à ta petite personne, je ne mourrais pas puceau.

Ma remarque fit taire Edward qui se vexa et ne pipa plus mot, mais Alexandre continua :

— Il faut dire que cette fille ne se laisse pas vraiment impressionner... Qui l'aurait cru ?

Je coupai mon rival :

— Cette Demi Brook est totalement bête, plutôt. Avoir un homme magnifique comme moi qui la séduit ne lui suffit donc pas ? En plus, je suis sûr que ça ne doit pas lui arriver tous les jours. Elle devrait en profiter !

Alexandre passa une main dans ses cheveux blonds extrêmement lisses qui lui donnaient des airs de poupée Ken, et lança :

— Dois-je en déduire que tu abandonnes, Pratty ?

Je secouai négativement la tête :

— Mais tu vas arrêter avec cette interrogation à la fin ? Je t'ai dit déjà que c'était hors de question ! Ce n'est plus un simple défi, désormais c'est ma fierté qui est en jeu.

Je vis Alexandre Jones hausser les sourcils et soupirer : évidemment qu'il ne comprenait pas !

Cette blonde aux grosses lunettes et au caractère de cochon m'avait quasiment ridiculisé devant Edward et mon ennemi juré.

Pourtant mes techniques de drague fonctionnaient à tous les coups ! Il suffisait d'un seul regard pour les voir toutes fondre son mon charme imparable !

Alors qu'est-ce qui clochait chez Demi ?

Toutes les filles étaient sensibles à mon charisme légendaire en temps normal, pas vrai ? Alors pourquoi pas elle ?

Je fus tiré de mes pensées par la désagréable voix de Jones.

— Il faut te rendre à l'évidence Pratty. Niveau séduction tu as encore beaucoup de progrès à faire.

Il se mit à rire et je bouillonnai intérieurement :

— Tu n'as pas assuré non plus, Jones.

J'adoptai un air dédaigneux et me contentai de croiser les bras sur mon torse. Alexandre haussa les épaules et détourna la conversation sur un autre sujet :

— Je pense que je vais enfin rompre avec Emily...

Je fronçai les sourcils et oubliai momentanément la colère qui me rongeait l'estomac :

— Pourquoi ? demandai-je.

— Elle commence sérieusement à me taper sur les nerfs avec ses manières de diva...

Étant moi aussi sorti avec Emily, je ne pouvais que comprendre les sentiments d'Alexandre à son égard.

— Et puis, reprit Alexandre Jones. Elle me suit à la trace comme un chien de garde. À cause d'elle, je n'arrive même pas à me consacrer entièrement à Demi Brook.