Vent.

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Salut toi,

Je t'écris cette lettre parce que tu me manques. Bordel, qu'est-ce ce que tu me manques...

Je ne l'enverrai pas, mais elle est pour toi, cette lettre. Ces mots que tu lis sont les larmes qui coulent hors de mes yeux.

Aujourd'hui, j'ai pleuré. Oui, je sais bien que ce n'est pas dans mes habitudes, et je crois que finalement ça fait encore plus mal de le dire.
J'ai pleuré pour toi, pas à cause de toi. J'ai pleuré comme une merde parce qu'on m'a demandé si je me sentais bien, et que cette gentillesse a foutu un coup de masse dans le mur en béton de mes sentiments. Franchement, je tenais la face depuis des semaines. Mais cette petite question, soucieuse et amicale, posée avec bienveillance, m'a fendue en deux. Je me suis littéralement effondrée.

J'ai chialé comme une putain de merde pendant une heure au téléphone.

Bordel, t'imagines pas comme ça me tue de te regarder t'éloigner petit à petit sur une route qui n'est pas la mienne.

Comme ça me tue de te voir parfaitement heureuse sans moi, même si j'ai parfois cru apercevoir des regrets quand tu me regardais, alors que je m'étais renfermée pour pas te montrer que ça m'atteint. J'ai peut-être imaginé.

Même si t'as sûrement déjà remarqué qu'un truc n'allait pas.

Mais ça me tue de voir que tu t'amuses autant avec elle alors que moi, tu me manques plus que tout.

Et j'arrive pas à m'amuser autant sans toi.

C'est ridicule, j'ai l'impression d'être ridicule, mais ça me tord vraiment les tripes.

Et ma fierté roule sur mes joues.
Emportée par les vagues.
J'arrive même plus à te regarder en face.

Peut-être que je t'aimais trop. Que je t'aime toujours trop. Tu n'as probablement aucune idée de ce que tu représentes pour moi.

Tu es les soirées sur la plage. Les courses en rigolant sous la pluie. Le vent. Les vagues de l'océan. Tu es une partie de moi, mais littéralement.

Je sais plus comment on fait sans toi...
On fait semblant ?

La vérité c'est que je n'arrive plus à imaginer un monde sans toi. Et je pleure encore en écrivant ça. C'est dire.

Tu sais des choses que je n'ai jamais dit à personne, et que je ne dirais probablement jamais. Je sais tout de toi, l'imprévisible, je te connais par cœur. Je savais très bien.

Que t'allais partir. T'es sans attaches. Tu es le vent, voilà. Indépendante, vive. Tu vires souvent à la tempête ou à l'orage. Je savais qu'un jour tu t'en irais. Plus on te court après, plus tu t'en vas. Je sais même pas si t'en as conscience.

Alors je t'ai laissé vivre ta vie, et je crois que c'est pour ça que ça marchait si bien entre nous. Enfin, je sais même plus si je ne me suis pas inventée cette amitié fusionnelle ou si elle a vraiment existé un jour pour toi.

Elle a existé pour moi. Et j'en dors mal.

Mais je ne t'enverrai pas cette lettre. Je me sens mal, seulement voilà, pour je ne veux pour rien au monde que toi, tu te sentes mal. Je t'aime tellement. Je préfère m'en rendre malade plutôt que de te faire de la peine trois secondes. Je préfère te regarder être heureuse. Même si c'est sans moi, tant que tu es heureuse, ça me va. Je laisse le vent tourbillonner.

Sache que je t'aime sincèrement, du plus profond de mon cœur. Mais tu me manques. Bordel, qu'est ce que tu me manques...

Disorder Où les histoires vivent. Découvrez maintenant