Union interdite

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Frayeur

22h, train

Quand je croise son regard, je peux apercevoir ses pupilles d'une couleur orageuse et métallique qui me transperce de toute part. Il fait profusément une tête de plus que moi. Sa crinière est châtain clair, légèrement coiffée et il est pourvu d'une barbe naissante. Il est bien accoutré d'un jean délavé et usé gris, d'un sweat de teinte pomerol et d'une paire d'air Max blanche. Un foulard en étoffe de coloris cobalt, cendré et vermillon orne son cou vigoureux.

Je manque de tomber tellement mes jambes flageolent dû à la peur qui possède chaque centimètre de mon corps. Je tremble désespérément comme une feuille en gravant ma vision dans le sien. Il se rapproche, progressivement de moi. Merde reprends toi ! Je crois bel et bien que j'entame une bonne crise de panique. Mes jambes s'affaissent sous mon poids mais il me rattrape de justesse puis me dépose sur un siège. Ma respiration devient courte et saccadée, l'ai se réprime dans ma cage thoracique. 

-Hé, doucement, respire, regarde-moi dans les yeux. Dit-il avec douceur. 

Sa voix rauque et modérée ne m'aide pas à me calmer. J'arrive plus à respirer. Je suffoque tel une pauvre chose apeurée. 
Il s'accroupit en face de moi, prend lentement en coupe mon visage en m'imposant de le regarder à nouveau. Son pouce chaud caresse ma joue gelée par l'émotion. Ce contraste me donne des frissons mais c'est agréable.

- Voilà, respire lentement. Comment tu t'appelles ?

-Sh..Sheiley.

Après quelques minutes à respirer, je me suis enfin calmée.

-Merci infiniment heu...

-On m'appelle Dallas.

-Alors, merci Dallas.

Il me fixe longuement et un fin sourire imbibe son visage.

-Je te ramène ? 

-Non merci, je pense pouvoir m'en sortir... Souffle-je en reniflant discrètement tout en le fixant.

-C'est courageux. Siffle-t-il. Rentre bien petite Louve.

Il se lève et part sans un regard en arrière. Je sais qu'on ne se connaît pas mais le voir partir me fait légèrement mal au cœur. Ce petit surnom alors qu'on ne se recroisera jamais plus, m'attriste un peu. Sa présence maintenant disparue, je prends doublement conscience de la situation dans laquelle je me trouve. J'aurai peut-être dû finalement demander à ce qu'il me raccompagne pour pouvoir en savoir un peu plus sur cet homme. 

Je me lève, toute chamboulée puis sors du métro, désorientée. J'arpente l'horizon, un léger rictus aux lèvres, marchant le long du trottoir.

                                                                00h00, domicile

Arrivée à mon domicile, je me rends compte à quel point, j'ai eu de la chance en tombant sur Dallas. Je n'ai point fermé l'œil de la nuit. A chaque fois que mes paupières se scellent, un mauvais rêve de chair et de sang tourmente mes pensées. Je cauchemarde de ce qui aurait pu arriver s'il n'avait pas été là, à cet endroit précis. Je pleure à chaude larmes en raison de l'émotion. 

                 7h, domicile

Mon téléphone sonne brutalement, me réveillant aussitôt. Je n'arrive pas à ouvrir les yeux tellement la fatigue me gagne. Je parviens tout de même à attraper mon portable à l'aveugle. J'essuie ma bouche pleine de bave avant de décrocher.