Dans un état second

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Nous entrons dans le bar avec mon professeur : quand j'y pense, sortir avec son prof de fac n'est pas des plus communs comme activité ; je n'étais pas très rassurée que quelqu'un puisse nous voir. Mais nous n'avons croisé personne de notre connaissance sur le chemin, et Sébastian m'a assuré que le bar n'était pas du tout connu. Étonnant quand on sait la superficie de la ville. Mais après tout, les vampires, les sorcières et les loups ont réussis à dissimuler leur existence et à cohabiter avec ces secrets jusqu'à maintenant, alors qu'est-ce qu'un petit bar de quartier de plus. Enfin, « quartier » n'est pas le mot le plus adéquat pour qualifier l'endroit... Nous avons traversé des ruelles étroites et sinueuses, sombres car uniquement éclairées d'un pauvre lampadaire qui clignotait ses dernières lumières.

Sébastian me tient la porte, tel le gentleman qu'il est, et me laisse entrer la première : l'ambiance du bar est assez rustique. Les murs sont mansardés de bois et des briques rouges ornent les murs habillés de vieux rideaux à carreaux aux fenêtres. Le feu dans l'âtre réchauffe la pièce, bien que d'aspect déjà fort chaleureux. Le bar, tenu par un homme qui nous accueille avec le sourire, est long et élégant malgré la simplicité du reste. Ne m'étalant pas plus en analyse des lieux, rassurée que tout est l'air « normal », nous nous avançons, et mon ami salut vivement le Barman :

- Comment ça va Aaron ?

- Ça fait longtemps Jones, s'enquit le grand brun cependant qu'il ressuie un verre tout juste sortie du lave-vaisselle, tu me fais de la pub ? dit-il en ma direction.

- Je te présente Ira, répond mon professeur en m'invitant à m'assoie à côté de lui, on travaille ensemble sur un projet.

- Ravi de faire ta connaissance, Ira ! Dis donc Seb, tu nous ramènes un spécimen rare et de toute beauté cette fois ! se moque l'autre.

- Parce qu'il ramène des nanas en général ? m'exprimais-je pour la première fois, en rendant son salut à Aaron.

Aaron pouffe de rire tandis que Sébastian fait la moue. Je lui lance un léger coup de coude dans un enthousiasme peut-être trop flagrant et maladroit, mais cela semble marcher, il retrouve son sourire amusé. Je dois avouer que notre discussion nous a beaucoup rapprochés mais je ne voudrais pas prendre trop la confiance. Et puis, les contacts physiques, même amicaux, non jamais été mon fort. Je regrette presque aussitôt d'avoir oublié qu'il était encore mon prof, et que nous étions venus pour le « travail », aussi peu officiel qu'un bar puisse être pour entretenir ce genre de conversation sérieuse. Aaron me propose à boire, ce que j'accepte à la suite de mon voisin qui commande une bière. Je le rejoins et demande la même chose. Les deux hommes me regardent, éberlués par ma trop grande confiance peut-être, puis je les rassure que je suis majeure malgré mon apparence d'étudiante. Je taquine le propriétaire en montrant ma carte d'identité, sur laquelle il est écrit que j'ai vingt-et-un ans, et observe l'amusement de mon compagnon. Le barman pousse un soupire et me fait un geste de la main pour repousser ma carte, jouant la comédie d'une fausse figure paternaliste et moralisatrice, ce à quoi nous rions tous les trois ensuite.

Mon attention se porte sur la cicatrice que porte le bras de Aaron alors qu'il repli un torchon. Un vestige d'une blessure grave il semblerait, étrangement la cicatrice sur sa jeune peau à l'aire aussi vieille que les bâtisses du manoir Bartholy. Les contours sont grisâtres, et leur cœur est blanc et recouvert de poils blancs comme ceux d'un vieillard, malgré que le reste de son bras soit tout à fait normal, ce qui rend la trace bien plus visible si on la compare à la jeunesse de son porteur. Hélas, mes songes sont interrompus et je ne peux admirer plus en détails la blessure :

- T'inquiètes pas, il ne ramène pas d'étrangères ici, il a sûrement trop honte ! taquine-t-il derechef, étant donné la masse de dossiers qu'on a sur Jones ici, haha. S'esclaffe-t-il. A part peut-être la fois où tu as ramené Nicole, mais bon...

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 18, 2019 ⏰

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