La malédiction de Sébastian.

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Alors que je m'avance dans le bureau de mon professeur, celui-ci pose sur moi un regard inquiet. Il semble totalement désemparé en me voyant. Malheureusement pour lui, je bloque la sortie, empêchant toute tentative de fuite ou de m'ignorer. Je lui inflige mon expression la plus culpabilisante. Toutefois, n'arrivant pas à tenir le regard, nous détournons tous les deux notre attention sur quelque chose. Il sait que je suis venue pour avoir des explications, et que je ne partirai pas sans elles ! N'étant pas décidé à m'inviter à m'assoir, je dépose mes affaires sur le sol et m'installe dans une posture des plus rigide sur le sofa. Toujours pas disposé à prendre la parole, je me décide à initier la conversation :

« Samantha et vous êtes très proches, parait-il ? »

Mais qu'est-ce qui me prend de demander ça ? N'avais-je donc rien d'autre, de plus important à aborder comme sujet que sa relation avec la blondasse de service ? C'est sortie tout seul, je ne savais pas du tout comment aborder la chose. Il semblerait que ma jalousie ai prit le dessus. Suis-je réellement jalouse de cette blonde éperdument stupide ? Le Professeur Jones relève la tête sur moi, ne comprenant pas bien cette réflexion puérile. Il se justifie immédiatement cependant, à ma question aux allures de reproches :

« Pas vraiment, la coïncidence a fait que lorsque sa mère était encore là, elle m'a demandé de présenter la licence à sa fille. Mais je ne l'ai pas vu plus de trois fois, et dans un cadre tout à fait professionnel... » Répond-t-il.

Un silence de cathédrale s'installe dans le bureau, nous laissant tous les deux dans la gêne à nouveau. Je commence à m'impatienter au point de ne plus pouvoir me retenir. Je me relève soudainement, commence à faire les cents pas, et décide finalement de vider mon sac, peu importe le prix qu'il m'en coûtera :

« Sébastian, j'étais vraiment déçue que vous m'ayez ignorée toute la soirée hier, et ce matin. Je ne sais pas ce que j'ai fait pour mériter cette attitude. Je ne me souviens pas que vous étiez si distant hier... » Dis-je, en haussant le ton au fur et à mesure.

Je vois Sébastian rougir à l'entente de la fin de ma phrase. Je ne l'entendais pas de manière physique, mais il a peut être repensé à notre étreinte de l'autre jour. Je l'entends soupirer doucement, cherchant ses mots et ne sachant pas où se mettre. Il se gratte la nuque d'un geste si habituel que je lui reconnais bien. Il hésite longuement avant de répondre.

« Désolé Ira, je ne voulais pas que ça se passe comme ça... Je regrette de m'être comporté comme un enfant qui évite les problèmes. Mais après ce que vous savez, j'ai comme eut une prise de conscience et... j'ai eut peur de votre réaction. »

Je ne sais pas quoi dire, j'écoute attentivement son excuse, il s'inquiétait pourquoi exactement ? Si c'est à cause de Loan et de la façon dont il m'a défendu, je ne voulais pas en arriver là... Il est vrai qu'attraper un étudiant par le col n'est pas très pédagogue comme façon de faire, mais qui lui en voudrait de prendre la défense d'une amie et collègue (si j'ose me présenter ainsi). Mais bon, je ne serais pas choquée outre mesure par si-peu... Je lui fais face, avant de lancer :

« Vous aviez peur de ma réaction avec Loan ? Ou à cause de cette histoire avec les Osborne ? »

Il se relève brusquement de son siège en cuir. Il s'appuie sur le bureau, et pose son regard sur moi. Il ne tient pas longtemps notre confrontation visuelle, et baisse la tête sur ses dossiers, sans pour autant y prêter attention. Il recule et se cale contre le mur, puis réplique :

« Voyez, comment je peux vous faire face maintenant que vous connaissez cet aspect de moi. Cette vérité si affligeante que j'ai toujours cachée... Je ne voulais pas vous mêlez à ça. »

Is it or is it not ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant