Des âmes réunies

Chapitre I : Somebody to love

     Louis dansait. La forte musique palpitait autour de lui. Il tournait, balançait ses bras en gardant les yeux fermés. Les sensations de pur bonheur que lui procurait ce moment lui donnaient envie de chanter du haut de ses poumons jusqu'aux cieux orangés.

     Après avoir mit la théière sur le feu, il se retourna et avança distraitement dans sa cuisine aux couleurs pastels. Connaissant tous le recoins, il pouvait marcher les yeux clos sans se prendre de coins dans les pieds ou les hanches. Il s'arrêtait çà et là pour mimer un solo de percussions ou de guitare. Les chauds rayons de lumière du soleil couchant s'infiltraient entre les rideaux. Ils illuminaient d'une lueur tamisée tout le rez-de-chaussée.

     Lui et son compagnon habitaient dans une maison plutôt ancienne, aux poutres apparentes, dans un petit village. Une rue faisait un virage qui longeait le côté gauche de la maison et la façade. La bâtisse était très fleurie. Il y avait des rosiers rouges en dessous des volets, des fleurs jaunes et oranges remplissaient le jardin, du lierre grimpait les murs. Des fleurs roses en pots ornaient les fenêtres à l'étage, Louis les aimait particulièrement.
Cela faisait maintenant 7 ans qu'ils avaient cette maison, ils l'avaient acheté quelques semaines après leurs examens de fin d'études.
    
     Henri l'appela à l'autre bout de la belle maison. Baissant le volume de la musique, il ne s'attarda pas à le rejoindre. Quand le grand brun arriva, il trouva dans leur chambre, enveloppé dans les draps drapés sur ses épaules, les couettes confortables, duvets duveteux et oreillers ornés de dentelle, son copain. Seul le col et les manches d'un pull lilas dépassait. Henri fit des yeux doux et un sourire tendre qui semblait faire fondre Louis. Là, les cheveux en bataille, les yeux engourdis par le sommeil, le rouge aux joues, se tenait l'homme qui s'était imposé dans sa vie et avait entremêlé leur destins.

- Alors ?
- Alors quoi ?

     Louis s'assit sur le bord du matelas et déposa un baiser amoureux sur le front du blond. Il le regarda avec une once de curiosité.

- Le film qu'on regarde ce soir évidemment, as-tu décidé quoi mettre à la télé ? Sa voix était rocailleuse de sommeil.

     Face à la réaction inexistante de son partenaire, Henri s'exclama en pouffant de rire. Louis avait encore oublié. Ses yeux pétillants, il sortit plusieurs films d'en dessous d'une fine couverture tricoté.

- J'ai tout prévu mon coeur, ne t'en fais pas. L'amusement se ressentait dans son beau timbre de voix.

     Le brun lui fit un bisou sur le bout du nez et il battit des cils, content. Louis vint étendre une couette sur le bord du lit, réchauffant ses jambes. Il écarta une mèche blonde de son visage de sorte qu'elle le lui encadre doucement. Ils échangèrent un long regard apaisé puis celui-ci se posa sur la main délicatement sculptée de Henri. Plus précisément sur la bague dorée qui ornait son majeur. Le rubis brillait de milles feux et Louis l'adorait autant que le premier jour.

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     C'était un moment inoubliable. Une belle soirée d'été, ils sortaient tous deux d'un restaurant, Louis avait son bras autour des épaules d'Henri. Ils marchaient doucement collés l'un contre l'autre, le long des quais d'un fleuve. Quand Louis regardait autour de lui, il voyait les lumières des appartements, des lampadaires et des étoiles dans le ciel noir. Le blanc, le jaune, l'orange se mélangeaient sur les reflets de l'eau tumultueuse. Il se dit que cet endroit était parfait. Il s'arrêta. Lorsque Henri se retourna, il vit Louis un genou au sol, une petite boîte en velours entre ses doigts.

- Henri Galaé, cela fait des années qu'on se connait, tu as toujours été là pour moi et j'aimerais passer le reste de ma vie av-
- Alors là, non ! Ça va pas du tout !

     Louis ouvrit ses yeux si grand qu'ils pourraient bien abriter la lune entière.

- Excuse-moi, est-ce que je suis allé trop vite pour toi ? C'est pas grave sinon je veux pas te mettre mal à l'aise-
- Du calme, joli coeur, il l'interrompit encore une fois et chercha quelque chose dans sa poche. Il ressortit une boîte identique, une bague doré avec une émeraude au centre, le problème, c'est que j'avais moi aussi prévu de faire ma demande ce soir...

     Le brun eut les larmes aux yeux, il se releva et enlaça son blond avec un grand sourire aux lèvres.

- Ça veut dire oui, je suppose ?
- Mais oui enfin, idiot !

     Ils rigolèrent un peu et Louis chuchota dans le creux de l'oreille de Henri.

- J'ai été plus rapide que toi !
- Rooh, je sens que je vais pas en voir la fin...

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Henri pouffa de rire.

- Effectivement tu n'as pas laissé filer cette affaire ! Louis lui fit un clin d'oeil.

La feinte musique changea au loin.