OS OrelxGringe - La morale.

« Gringe, t'es là...? Grin- »

Aurélien s'arrêta brusquement en entrant dans le salon de l'appartement qu'il partageait avec Guillaume. Ce dernier était penché par-dessus la table basse en face du canapé sur lequel il était assis, la tête dans les mains... et son texte devant les yeux. Son texte. Sa chanson. Celle que Guillaume savait qu'il était en train d'écrire sur lui et qu'il avait refusé de lui faire lire malgré son insistance. C'était Skread qui avait craché le morceau à Guillaume, malgré qu'il lui ait explicitement demandé de ne pas lui en parler. Parce qu'il ne savait pas comment il réagirait devant un tel texte. Et en voyant Guillaume se tourner vers lui d'une lenteur effrayante, les larmes aux yeux, il se dit qu'il avait eu raison de vouloir le lui cacher.

« C'est quoi ça, Orel ? » demanda lentement, d'une voix grave qui le fit frissonner, son colocataire en montrant la feuille de papier posée sur la table basse.

Aurélien ouvrit la bouche mais resta muet, les mots refusant de sortir de sa gorge nouée. Qu'est-ce que cette feuille faisait là ? Normalement, elle aurait dû être bien cachée au fond de son tiroir, sous son classeur de « chansons oubliées ». Ses textes commencés et inachevés qu'il s'était juré de retravailler plus tard afin de leur donner une seconde vie. Il ne savait même pas si Guillaume avait connaissance de ce classeur.

« Réponds, Orel. » dit sèchement Guillaume, le sortant brusquement de ses pensées.

Aurélien ferma la bouche et déglutit péniblement avant de faire un pas en direction du plus vieux.

« Qu'est-ce... Qu'est-ce que ce texte fait là ?

— C'est pas la question, putain ! s'emporta Guillaume en se levant brusquement, le faisant sursauter. C'est quoi ce putain de texte ?!

— Je... Tu n'étais jamais censé le lire... bafouilla-t-il. Ça devait rester au fond de mon tiroir. Pourquoi tu es allé chercher ça ? demanda précipitamment Aurélien d'un air paniqué. C'est Skread, c'est ça ? Je lui avais pourtant fait promettre de ne plus mentionner cette chanson devant toi...

— Mais c'est quoi ton putain de problème, Orel ?! s'énerva Guillaume en s'approchant dangereusement de lui. Bien sûr qu'il a bien fait de m'en parler ! Tu me fais passer pour quoi là ?! Pourquoi t'écris des choses comme ça sur moi ?!

— Mais c'est pas... c'est pas censé être méchant... balbutia-t-il en se reculant lorsqu'il vit son ami avancer vers lui, une aura de colère pure émanant de lui. Je te jure, Gringe... Calme-toi, s'il-te-plaît... On peut en parler au calme...

— Me calmer ?! En parler ?! répéta Guillaume en haussant la voix avant d'exhaler un rire sans joie. Mais tu te fous de ma gueule ou quoi, Orel ? Ce texte, il est putain de condescendant ! cria le basané en faisant un geste en direction du bout de papier d'un revers de la main et Aurélien secoua la tête d'un air terrorisé. Tu t'es pris pour qui toi, en fait ? T'as cru que tu étais Saint Aurélien, c'est ça ? Et que tu devais prendre en pitié le pauvre gueux Guillaume ?! »

Aurélien recula, effrayé par la colère sourde de son ami, et secoua la tête d'un air toujours plus terrorisé. Il sentait sa gorge se nouer et les larmes monter bien trop rapidement en lui, au risque de couler dans les trois prochaines secondes. Il ne pensait pas qu'il le prendrait si mal. Qu'il le comprendrait autant de travers.

« N-Non... bégaya-t-il en mettant son bras droit entre Guillaume et lui, de peur qu'il ne le frappe. Tu as tout faux, Guillaume... C'est pas de la condescendance... C'est juste que je m'inquiète pour toi... Et que je ne sais pas quoi faire pour t'aider... »

Guillaume sembla se calmer un instant, la colère sur ses traits se changeant en surprise. Puis il secoua la tête avant d'exhaler un rire sans joie.