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14h50
20 mars

j'ai discuté avec Laurel ce midi. une femme svelte de trois têtes plus grande que moi qui dort au même étage que moi. je lui ai demandé avec difficulté si elle entendait des bruits la nuit. elle m'a lancé un regard noir et m'a répondu que non. j'ai voulu insisté mais elle m'a dit ta gueule. j'ai pas insisté.

du coup j'ai parlé à Sarah. enfin « parlé » est un fort mot. j'ai bégayé plutôt. je bégaie tout le temps. je bloque en plein milieu de mes phrases, je cherche mes mots, je ne mets pas le ton adéquate, les gens s'impatientent, ils me regardent mal tandis que je ne les regarde jamais dans les yeux... puis je finis par m'en aller sans rien dire parce que je panique trop.

« est-ce que tu te réveilles la nuit à cause de cris ? » ai-je demandé à Sarah ce midi. ça ne veut rien dire... elle a levé la tête de son assiette de riz et a plissé les yeux. elle m'a répondu « non » puis je suis partie. c'était trop gênant. je suis gênante.

4h56
21 mars

elle hurle encore plus fort que d'habitude.

peut-être que d'avoir parlé à Laurel et Sarah de ces cris vont désormais leur mettre la puce à l'oreille ? peut-être qu'un soir, l'Hurleuse les réveillera et qu'elles se poseront des questions ? et qu'elles viendront me le dire ?

je rêve un peu trop là.
les gens ne sont pas aussi méticuleux et réfléchis. si elles entendent des cris elles auront peur. et elles noteront leurs impressions et sentiments dans leur « carnet d'observations », exactement comme moi je le fais maintenant.

je ne sers à rien

L'HurleuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant