II : 6ème B, la désillusion

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Le lendemain, j'étais encore plus stressée que la veille. Après la journée de rentrée que j'avais passée, rien ne m'effrayait plus que la perspective de retourner au collège. De plus, les autres classes allaient être présentes également. L'angoisse de devenir la nouvelle cible des plus âgés se fit de plus en plus grande.

En arrivant à l'arrêt de bus, je constatai que nous étions cinq. Timide, je n'osai pas saluer mes camarades. Alors que j'écoutais ma musique en silence, attendant patiemment le bus, une fille vraisemblablement plus âgée que moi s'approcha et attrapa un de mes écouteurs pour le mettre dans son oreille gauche. Elle resta près de moi quelques secondes puis me rendit mon écouteur avec dégoût avant de dire à voix haute :

- C'est de la merde ce que t'écoutes !

Ensuite, elle se mit à rire et le reste du groupe présent également. La journée venait à peine de commencer mais je ressentis déjà une envie furieuse de faire demi-tour pour rentrer chez moi.

Finalement, je montai dans le bus et m'installai le plus loin possible d'elle et sa bande, devant, toute seule.

Une fois arrivée au collège, je rejoignis rapidement Salomé et Ninon. Je ne cachai pas ma contrariété et les filles finirent par me poser des questions sur mon état :

- Ça ne va pas ?

- Non, une fille m'a un peu fait chier ce matin à l'arrêt de bus.

- Qui ?

- Elle, répondis-je en montrant du doigt la principale concernée. 

- Je la connais, c'est Julia, la sœur de Maxime, elle est en troisième.

Je connaissais déjà Maxime, je l'avais vu à l'arrêt de bus quelques minutes plus tôt et surtout ; je me souvenais qu'il avait eu un rôle déterminant dans l'acharnement dont j'avais été victime en primaire, puisqu'il faisait partie de mes bourreaux principaux. Je n'ai jamais compris pourquoi il me détestait autant, il était même tombé " amoureux " de moi, j'étais alors en CM1, lui en CM2. Il avait volé un collier d'une grande valeur à sa mère pour me l'offrir, j'avais été très touchée. Cependant, après m'en être vantée auprès de mes parents, ces derniers avaient estimé que je devais rendre ce bijou qui ne m'appartenait pas. Je le rendis donc à Maxime, ce qu'il n'apprécia pas. Depuis ce jour, je devins son ennemie jurée.

En rejoignant ma classe vingt minutes plus tard, je croisai Julia, accompagnée de deux de ses amies. Cette dernière me montra du doigt en riant. Ensuite, les trois filles pouffèrent de rire et en passant à côté de moi, m'insultèrent copieusement : " Sale pute ", " Regarde par terre ", " Baisse les yeux ". J'obéis évidemment bien sagement et ne regardai que mes pieds jusqu'à l'arrivée dans ma salle de classe. Rapidement, j'allai voir Ninon pour lui proposer de se mettre à côté de moi. Après tout, Salomé et elle avaient été à côté dans tous les cours la veille et j'estimai qu'il était temps que la roue tourne un peu. Ce n'était pas du goût de Ninon :

- Je vais rester à côté de Salomé, je pense, on a commencé comme ça alors autant continuer, c'est plus simple !

Je ne répondis pas et m'installai seule juste derrière elles.

Doucement, je commençais à réaliser que ce que je pensais être un simple mauvais départ allait devenir mon quotidien.

Harcèlement scolaire : Témoignage (édité)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant