IV : 6ème B, pas la bienvenue

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Avec le temps, je n'étais plus seulement confrontée à Julia et Maxime, mais également au reste des troisièmes. Maxime, lui, était en cinquième et commençait doucement mais sûrement à monter quelques-uns de ses amis contre moi.

J'étais de plus en plus seule, que ce soit pendant les récréations ou lors des repas le midi, tout le monde m'évitait comme la peste, même mes " amies ". 

Un jour, alors que j'avais finalement accepté cette solitude forcée, Salomé vint me rejoindre sur un banc et s'installa à mes côtés :

- Ninon fête son anniversaire samedi, ça va être trop bien ! Il y aura tout le monde, je suis trop impatiente !

- Ça s'annonce génial ! répondis-je le sourire aux lèvres.

Je demandai ensuite : 

- Tu sais ce qu'elle aimerait comme cadeau ?

- C'est là que ça coince... En fait, t'es pas invitée. La mère de Ninon t'aime pas du tout et il y aura beaucoup de gens qui ne t'aiment pas non plus, on veut pas que ça gâche la fête. Mais si tu veux lui acheter un cadeau, tu peux quand même !

Je restai bouche-bée, le toupet n'avait donc plus de limite.

Blessée, je ne répondis pas à Salomé, me levai du banc et partis rapidement vers les toilettes, les larmes aux yeux.

Une fois devant, l'accès était bloqué par Julia et une de ses amies : 

- Pourquoi tu chiales, la grosse ? On t'a piqué ton goûter ?

Au bout de quelques minutes, elles finirent par se décider à me laisser entrer, non sans une contrepartie. Avant de quitter les lieux, chacune d'elles m'envoya un coup de poing dans chaque bras. Elles étaient mortes de rire : 

- Faut faire de la boxe un peu, ça va t'aider à maigrir ! dit Julia.

Le jour de la fête d'anniversaire de Ninon, j'étais complètement détruite. Elle n'habitait pas loin de chez moi, je pouvais me rendre à pieds jusque chez elle, bien qu'il me fallait marcher tout de même plusieurs minutes pour m'y rendre, j'étais prête à le faire. J'aurais pu sans aucun problème me rendre à la fête et passer un bon moment. Tout ce que je voulais, c'était passer une journée agréable et j'étais profondément agacée que l'on m'en prive.

Après le repas du midi, mes parents m'avaient demandé de sortir mon chien, Jazz.

Jazz avait son trajet, c'était lui qui décidait où il voulait aller et quand, encore plus avec moi, qui ai toujours été considérée comme celle ayant le moins d'autorité sur lui. C'était toujours trop difficile pour moi d'élever la voix sur lui ou de le disputer après une bêtise, sa petite gueule me faisait fondre systématiquement.

Alors qu'il me promenait en tirant sur sa laisse, nous sommes passés devant le jardin de Ninon, personne à l'horizon. Cependant, plusieurs voitures étaient garées devant chez elle. Je ne me suis pas attardée plus que cela et ai tracé ma route.

Lors du chemin retour, en revanche, j'ai constaté qu'il y avait un monde fou à l'extérieur. Mon chien s'est évidemment arrêté juste devant chez Ninon pour faire ses besoins. Petit-à-petit, les gens se sont agglutinés au grillage, j'étais gênée et mal à l'aise, mais je devais attendre que Jazz ait terminé :

- Oh, mais c'est la grosse Marie ! s'est écriée la mère de Ninon.

J'ai plissé les yeux pour être sûre d'avoir bien reconnu la personne qui venait de prononcer ces mots, c'était bien la mère de Ninon. J'étais relativement habituée aux brimades quotidiennes de mes camarades, mais de voir une adulte se joindre à eux sans même comprendre à quel point c'était problématique me mettait hors de moi.

Bien sûr, une fois que la mère a commencé, mes camarades ont suivi le mouvement : " Emmène ton chien pisser ailleurs ! ", " Il est trop moche ton chien ! ", " Alors ça fait quoi d'être la seule à ne pas avoir été invitée ? "

Je n'ai pas répondu, à personne. J'ai continué mon chemin en silence, je n'arrivais pas à réaliser ce qu'il venait de se passer.

Une adulte venait de participer ouvertement à mon acharnement. Jusqu'où allaient-ils tous aller ?

Harcèlement scolaire : Témoignage (édité)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant