Court texte inspiré de Malec dans l'épisode 3x15 et 3x16 de Shadowhunters, pour les connaisseurs. Les personnages ne sont pas vraiment Alec et Magnus mais si vous avez vu ces épisodes (j'ai chialé toutes les larmes de mon petit corps), vous les reconnaîtrez quand même.
Pas besoin de connaitre cette série pour lire le texte, en tout cas.
Pas de panique quand vous arrivez à la fin du texte : imaginez vous la fin que vous voulez... ;)
Bonne lecture x
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« Là où l'on s'aime, il ne fait jamais nuit »
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I lost you once
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Un parfum généreux vient me caresser les narines. Des pivoines, sans aucun doute. Toujours et encore des pivoines. Cela fait au moins une semaine qu'elles sont là maintenant. Peut-être plus. Si ce sont toujours les mêmes, elles n'ont pas perdu de leur bouquet. J'aimerais pouvoir les voir faner devant mes yeux, voir chacun des pétales se flétrir lentement, perdre leur couleur, devenir fragile. Puis les voir tomber, un à un, pour ne former qu'un tas de petits pétales, dépourvu de force. Un peu comme moi, finalement.
Aujourd'hui, j'ai cette impression qu'il y a d'autres arômes. Des odeurs que je ne perçois pas d'habitude.
D'habitude. Je commençais donc à m'habituer.Ca sort du four. La chaleur venant de la baguette, ou peut-être est-ce des pains au chocolat, parvient jusqu'à moi et me réchauffe le cœur. Certains en ont, de la chance. Bon appétit.
Je me force un peu, au cas où d'autres senteurs apparaissent. C'est tout ce qui me fait tenir, ici. L'odeur des pains aux chocolats, des fleurs, du dentifrice, de la crème pour les mains.
Celle du produit nettoyant prend le dessus sur les viennoiseries chaudes, et je suis un peu déçu.
J'ai oublié depuis combien de temps je suis ici. Est-ce qu'il y avait des pivoines, au début ?
Le début. Je n'ai pas la moindre idée de quand tout ça a commencé. Y avait-t-il un début ?Il n'y a que les odeurs. Plus de sons, plus aucun bruit. Plus d'images. Plus de couleurs.
Elles me manquent parfois, ces couleurs. Cet alliage de jaune, de marron, de vert. Dehors, quand je regardais par la fenêtre. Le bleu du ciel, le blanc des nuages. C'est banal c'est vrai, mais on réalise la véritable beauté des choses lorsqu'elles ne sont plus sous vos yeux.Le rose de ton sourire. Le vert de tes yeux.
J'essaye de ne pas oublier. Souvent, mon esprit essaye de raccorder tous ces souvenirs, toutes ces teintes de bonheur. C'est tellement difficile, de reformer les images. Je ne sais plus comment les choses étaient. Je ne sais plus ce qui s'est réellement passé.Quelques fois, il m'arrive d'entendre quelque chose. Des bribes, quelques fragments de voix qui me traversent. Des musiques, aussi.
Je me rappelle d'une chose, c'est cette envie de crier, de crier tellement fort. Je voulais que mon cri transperce les murs. Brise les fenêtres. Que quelqu'un m'entende. Dans ma tête, je n'avais jamais crié aussi fort.
Mais pas un son n'est sorti de ma bouche. Ma gorge me grattait, j'avais soif. Et personne ne m'a entendu. Tu étais là, j'ai reconnu ta voix.
Mais tu n'as pas entendu.Je veux sortir d'ici.
Je veux que tu prennes ma main, et que tu m'emmènes loin, si loin. Loin des odeurs de pivoines et de savon. Tant pis pour les pains au chocolat. Là où tu m'emmènes, il y a tous les pains au chocolat du monde, et tout notre amour. Je passe le temps comme ça, à nous imaginer, loin de tout ça.
J'essaye de ne pas oublier. De recoller les morceaux, éparpillés dans ma tête. Tout est si vague, si flou, mais je sais que toi, tu es la seule chose que je n'ai pas le droit d'oublier.
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Pivoines et pains au chocolat - Recueil de textes
RandomIci des courts textes, des mots qui me traversent l'esprit, de l'amour, un peu de mélancolie, des textes en vrac, qui seront trop tristes si ils restent tout seuls dans mon ordinateur.