Prologue

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Il fait sombre.

La fraîcheur d'une légère brise vient s'épouser à mon visage me laissant un frisson dans le dos. La larme se sèche à l'extrémité de ma lèvre.

J'ouvre les yeux pour observer cet halo jaunâtre au-delà de mon iris. Malheureusement, c'est un mur en béton qui se tient devant moi, gris et froid. Je suis assise par terre comme une mal-propre, une condamnée. Une prisonnière, voilà ce que je suis.

Le minuscule trou baignant de soleil m'appelle. Je me lève avec un effort bien moins traînant que ce que je pensais. Deux pas, voilà ce qu'il faut pour traverser cet endroit, pour aller de mon siège de fortune à ce petit bout de liberté.

Je me met sur la pointe des pieds et regarde vers le ciel pour voir le soleil qui ainsi berce ma peau. Combien de temps suis-je restée ici ? Je ne sais même plus, ça fait de nombreux jours  que le soleil n'est pas apparu dans l’entièreté de mon champ de vision. Quand je le vois, il m'aveugle tellement que mes yeux saignent cette substance transparente. Mon visage se baigne de larmes quand je repense à ma vie avec lui.

Je baisse les yeux, je vois une migraine et l'envie de vomir qui arrivent. Au sol, derrière les barrières, les chiens enragés, les soldats armés de mitraillettes et les hauts fils barbelés, je vois des gens avec toutes sortes de pancartes avec dessus des choses indescriptibles écrites en Yorouba, d'après ce qu'il m'avait dit, et des choses en anglais pour que les étrangers comme moi puissent comprendre. Les gens d'ici sont incroyablement sadiques.

J'entends des pas dans le couloir, froid, dans mon dos. Un homme hurle « Lọ sọkalẹ lati ibẹ ti o ko ba fẹ lati pari bi awọn ọkunrin ! ». Je n'ai aucune idée de ce que cela signifie, je fais alors une tête qui montre de l'incompréhension. C'est lorsque qu'il reprend en anglais que je compris : "Descend de là si tu ne veux pas finir comme les hommes." m'a-t-il dit.

Son ton et la manière extrêmement froide dont il fait preuve à mon égard en tenant le manche de sa matraque veut en dire long sur mon sort si je n'obéis pas, je décide donc de laisser mon petit rectangle lumineux plein de liberté pour retourner sur ma planche en fer nue qui me sert de lit. Je m'allonge. Il s'en va.

Pourquoi je suis comme tel ? Combien de temps suis-je restée dans cet endroit maudit ? Surtout combien de temps me reste-t-il à vivre avant de le revoir ?

Comment en suis-je arrivée là déjà ?

Ah oui, c'est vrai.

C'est de sa faute.

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