Chapitre final - L'Extinction

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16 juillet 2018 - Paris, France

Un volatile brouillard masquait le sommet de la Tour Eiffel en cette chaude matinée d'été.
La ville, normalement encore calme et presque endormie à cette heure, à peine somnolente grâce à ses millions de travailleurs arpentant trottoirs et métros, dégageait aujourd'hui une ambiance bien différente. Les fenêtres des immeubles haussmaniens s'étaient vêtus d'étendards bleus, blancs et rouges et les balcons se remplissaient de familles aux visages colorés et cornes de brume aux lèvres. En contrebas, la foule, noire et massive, une véritable vague de bruits et de fête, des millions d'individus se répandant dans les allées et boulevards pour déferler sur les Champs-Elysées. Ces derniers se remplissaient de minute en minute, donnant une impression de puissance, ils étaient une armée unie célébrant un rare jour de bonheur national.
Sur les grands monuments de la capitale, d'immenses écrans géants avaient été disposés, recouvrant toute les façades et retransmettant en direct des images aériennes de la foule et de nombreux points importants de l'évènement.

Dans les rues avoisinant le 55 Faubourg Saint-Honoré, l'ambiance était drastiquement différente : des escouades de militaires, véhicules blindés et forces d'élites se positionnaient sur les routes et les toits des immeubles. Deux hélicoptères survolaient la zone en long et en large, faisant vibrer les murs de leurs vrombissements.
Au sein du Palais de l'Elysée, une cellule de crise avait été réunie dans l'urgence la plus absolue.

- C'est pour aujourd'hui, Monsieur le Président. Elle a minutieusement choisi son jour d'attaque.
- Il n'y a pas pire jour, en effet. répondit-il sans regarder son Premier Ministre, occupé qu'il était à scruter les drapeaux aux fenêtres faisant face au bâtiment.

Il finit par s'en détourner et rejoignit son siège, au bout de la longue table où l'attendaient déjà ministres, conseillers et représentants militaires. Un pesant silence s'installa durant de longues secondes, laissant le grincement du siège résonner dans la pièce.

- Vous devez signer cet accord. tonna finalement le Ministre des Affaires étrangères en plaquant à plat sa main sur la table.
- Tous nos effectifs se déploient en ce moment même dans toute la ville, mais ils ne pourront jamais protéger ces millions de gens, ni même les boucler chez eux. Ce serait de toute manière inutile au vu de la nature de la menace. continua le Ministre de la Défense. Nous pouvons livrer bataille et échouer, ou... ou signer.
- Ou se soumettre, voulez-vous dire. Avons-nous des nouvelles des troupes aériennes ?
- Aucune. Mais si vous voulez mon avis... Et quand bien même vous n'en voudriez pas, il est de mon devoir de vous le donner : Elle est déjà ici. Elle est à l'intérieur de la ville. Nous ne pouvons plus rien empêcher.
- Vous devriez écouter vos ministres. siffla soudain une voix féminine. Monsieur le Président.

Au milieu de tous les membres de l'Assemblée, l'un d'eux se dressa. Son ombre menaçante se dessina sur la table et ses yeux de panthère toisèrent ceux de l'homme d'État. Ce dernier se leva d'un bond pour se mettre à sa hauteur, tandis que ses subordonnées regardaient avec angoisse la scène. Chacun ici savait de quoi cette femme était capable.

- Mon peuple ne sera pas à votre service. Ce sont des civils. prononça-t-il d'une voix bien plus grave que la normale, avançant vers elle avant qu'elle ne le fasse afin de lui montrer qu'elle ne l'impressionnait pas.
- Je demande la moitié de la population pour mon armée.
- Ne m'obligez pas à me répéter.
- Alors, ils mourront tous. Que vous le vouliez ou non, que cela se passe pacifiquement, ou non, vous devrez vous soumettre à moi, Monsieur le Président.

Ils se faisaient désormais face, leurs deux visages emplis d'une haine qu'ils essayaient de contenir et n'osant presque pas battre des cils pour ne pas ébrécher la fierté égocentrique qui les animait.

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