Chapitre 7 - Des monstres ou des dieux

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Un mouvement. Il ne voyait pas. Aucun bruit. Sa respiration s'affola. Il se sentit en danger. Observé. Traqué. Il avait chaud. Une voix. Harry ? Un poignard cilla dans son esprit. Un hurlement résonna sans fin. Il reconnut dans ses poings la fraicheur d'un drap. Une main se posa contre son torse. Il prit peur, eut un mouvement de recul. Il sentit les tensions d'une sourde panique prendre possession de ses muscles, de ses veines et de tout son corps.

Respire. Respire. Calme-toi. Essaies de comprendre. Il tenta de se souvenir. Il s'était éveillé plusieurs fois, mais seules des bribes de conscience lui revenaient. On l'avait embarqué dans un hélicoptère. Il avait alors deviné un visage au-dessus de lui. Il ne touchait plus terre. Il était allongé, recroquevillé dans ses bras. Il entendit sa propre respiration et essaya de s'y accrocher pour émerger. Il réussit à bouger ses doigts, et les remonta jusqu'à son torse, les posant au-dessus de la main plaquée sur son épaule. Respire.

- Eggsy.

Il serra sa main plus fort. Il se concentra sur ce qu'il percevait : une respiration, un lointain et apaisant chahut, un tiraillement dans la peau, la fraicheur d'une climatisation, le tissus contre sa nuque, une présence connue. Ses yeux s'ouvrirent.

La première chose qu'il vit, ce fût la mer. Les vagues venaient s'échouer sur une belle plage de sable. Un grand canapé faisait face à la baie vitrée. Eggsy comprit qu'il se trouvait dans une chambre, probablement d'un hôtel au vu du mobilier.

- Pas trop secoué ? demanda James, assis à côté de lui sur le lit.

Le Kingsman se redressa et retira sa main de la sienne en réalisant qu'il ne l'avait toujours pas lâché. Un trouble le saisit. Il détourna le regard et vit un bandage couvrir l'impact de balle.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? On est où ?

- À Dandong, une province juste après la frontière nord-coréenne. Cet hôtel est protégé par le consulat britannique.

- Je vous croyais mis à pied.

- Moi oui, pas Croft. Pas encore.

Il hocha la tête. Sa mémoire lui jouait encore des tours et il balaya la pièce des yeux pour tenter de s'accrocher à quelque chose de réel. Il aperçut soudain une assiette métallique posée sur la table de chevet, où une balle nageait au milieu d'une flaque de sang. Il colla la main à son bandage et fût prit d'un frisson, plus de peur plus que de douleur.

- Elle n'a rien touché de vital rassure-toi, un peu de muscle déchiré. C'est ton petit mélange chimique que tu n'as pas supporté.

- Mon... Mélange chimique ? s'interrogea-t-il, perdu.

- Hunt m'a dit que tu as pris une capsule de morphine. Mais la balle était entrée trop profondément, alors pour réussir à sortir du labo' sans tomber dans les pommes, tu t'es sûrement fait une piqure d'adrénaline. Mais ça fait rarement bon ménage.

- Non... Je n'ai jamais eu d'adrénaline sur moi.

Bond secoua la tête, certain que son protégé avait la mémoire en vrac. Il souleva doucement le pansement en-dessous de l'impact. Il y avait dans sa peau cinq petites plaies rondes et non-cicatrisées, comme si de grosses seringues l'avaient piqué en même temps.

- Tu vois les cercles violacées autour ? C'est la peau qui été brulée par le produit, c'est caractéristique de l'adrénaline.

Eggsy ne comprit pas immédiatement. Puis, il revit la scène se dérouler dans son esprit. C'était ici que Gazelle avait enfoncé ses griffes.

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