Possession

Prologue

 11 rues de la colombe. 23h45. Rue de liberté ou d'enfermement. Rue d'euphorie ou de mélancolie. Entends-tu, petit lecteur, la douceur et la tranquillité de cette rue ? Je l'écoute, chaque soir, chaque nuit. Mais dès l'aube, des milliers de pas et de voix brisent cet idéal silence. Les passants passent et ne font guère attention à moi, assis sur la froideur du sol. La chaleur d'une parole me fait sourire, je n'ai besoin que de cela. Un simple geste de politesse et d'humanisme. Or, l'humain devient un peu plus chaque jour, un être égoïste et sans cœur. Pourquoi ? Malheureusement, petit lecteur, je ne pourrais jamais te donner une réponse objective et rationnelle, malgré mes longues études philosophiques. Je ne suis pas reconnu tel un citoyen ordinaire, le gouvernement ne prend en charge désormais que les personnes aisées. Je ne suis pas de cette idéale catégorie pour pouvoir peut-être répondre librement.

Petit lecteur, es-tu sous le charme ? Sous lecharme d'une charmante muse ou d'un musicien poétique. Connais-tu, petitlecteur, la sensation merveilleuse de se sentir unique et utile à une personneidéalisée et aimée ? Mais, cet individu a le pouvoir de te détruire en unefraction de seconde, et de te briser ce petit cœur mélancolique et fragile.J'ai connu cette sensation de douleur mais aussi celle de l'apaisement. Lachaleur humaine contre notre corps est la meilleure sensation qui puisseexister. Sa lèvre inférieure est morduepar deux magnifiques dents blanches. Le rouge intense de ces lèvres m'envoie undésir incomparable. Les yeux baissés de honte, elle détache ses longs cheveuxblonds. Elle est belle. Notre reflet dans le miroir m'intimide, je sais cequ'elle veut et elle sait que je le veux également. Cependant, elle connait monrenoncement à cet engagement sensuel. La peau douce de sa main se pose sur montorse nu. Un sourire se dessine sur mon visage. Je me mets face à elle, le timbre de sa voix estdoux et irrégulier. Ses deux yeux couleurs émeraudes m'appellent, ils mesupplient de la prendre dans mes bras, ils me supplient de ne jamais la laissertomber, ils me supplient de bien vouloir s'engager avec elle. Ma rugueuse mainse pose sur ce visage pur et lisse. Mes paupières se ferment, pourquoi tout lemonde me regarde différemment ? Lecteur, aide-moi. Des milliers d'yeux seposent sur moi, des milliers de regards éprouvant le dégoût et la pitié. Mamain reste immobile devant moi, pourquoi son sourire disparaît peu à peu de mamémoire ? La folie danse avec tes souvenirs, elle danse malicieuse. Elleinvente, crée de si beaux souvenirs. S'il te plaît, lecteur... Ne te sauve pas...Il ne me reste plus que toi comme consolation. Ne me regarde pas avec dégoût,je t'en prie, admire-moi comme un soldat. Un soldat qui a perdu sa plus bellebataille.