Chapitre 5

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Il y a de ces moments où la réalité semble lointaine et inaccessible, tout vous semble irréel et fantastique sans que vous puissiez dire pourquoi. Les sentiments, les sensations, les moments passés flottent au dessus de vous sans que vous puissez les attraper et vous vous sentez comme déconnecté de tout souvenir, récent où lointain, ce qui vous procure la sensation que vous ne ressentez rien. C'est dans cet état que Pearl se prépara pour sa dernière journée en tant que lycéenne sur le sol français.


La journée passa tranquillement, les professeurs défilèrent, les heures s'écoulèrent et les minutes s'égrenèrent, aussi longues les unes que les autres. Pearl était toujours aussi sereine et lointaine, comme emprisonnée dans une bulle... qui éclata quand la sonnerie de fin des cours retentit. Se fût comme si elle se réveillait en sursauts d'une longue nuit de sommeil pleine de rêves étranges. Elle rangea ses affaires sans trop savoir ce qu'elle faisait et la confusion ne fit qu'enfler lorsque M Faure, son professeur principal entra dans la salle et demanda à tout le monde de se rasseoir.

- Rebonjour, j'aurais juste une annonce à vous faire, cela ne durera que quelques secondes. Bien, si je suis revenu c'est pour saluer Pearl qui nous quitte aujourd'hui pour une grande aventure brittanique...


Des murmures se firent entendre et des dizaines de têtes stupéfaites se retournèrent vers Pearl, hébétée.

- Un peu de silence s'il vous plaît ! Donc je disais, j'aimerais te présenter tous mes voeux de réussite en espérant que tu te plairas là où tu vas, continua-t-il en s'adressant à Pearl avant de s'adresser à la classe, pour ce qui est du reste, n'oubliez pas de réviser pour le devoir de lundi !


Pearl s'extirpa de la foule qui esquissa un mouvement en sa direction et courut jusqu'au coin de la rue, devenu au fil du mois son repère pour se protéger des regards indiscrets. Elle resta là, les larmes au yeux, le souffle court et la poitrine douloureuse pour se calmer mais les idées se jetaient sur l'intérieur de sa boîte cranienne lui donnant mal à la tête et la nausée. Soudaine prise de panique elle se retourna vers le mur contre lequel elle était appuyée et enfonça son poing dedans comme si le béton était en fait du chewing-gum. Elle retira son poing, sanglotant et secouée de hauts-le-coeur, dégoûtée et effrayée par elle-même. C'est quand elle entendit le craquement d'une branche puis un juron qu'elle prit ses jambes à son cou, et courut le plus vite possible, les larmes lui obscurcissant la vue et la mémoire lui rappelant que cette scène s'était déjà produite.


Nathan eu a peine le temps d'assimiler la nouvelle que Pearl était déjà partie en courant. Il rangea ses affaires en vitesse et tenta de la rattrapper, en vain. Il déboula sur le trottoir devant le lycée et scruta les alentours sans trouver ce qu'il cherchait. Il décida de demander aux personnes déjà présentes devant le portail si elles avaient vu une fille sortir en courant et elles lui indiquèrent la direction à prendre. Il rasa le bâtiment du lycée, accélérant le pas jusqu'à entendre un bruit sourd et mat. Il s'arrêta un instant puis fit un pas sans regarder où il posait le pied, qui rencontra une branche qui se brisa sous son poids et il murmura un « merde », déçu d'avoir gâcher la discrétion dont il avait fait preuve jusqu'alors. Lorsqu'il s'approcha de l'intersection de la rue, tout ce qu'il vu fût un trou dans le mur de béton.


Pearl se retrouva en un rien de temps devant sa maison. Elle décida de s'asseoir devant la porte et de laisser libre cours à ses larmes. Elle pleura en silence sans même savoir pourquoi et la panique lui enlevait tout sensation de réalité. Elle était tétanisée à l'idée de partir et de vivre dans un endroit qu'elle ne connaissait pas au milieu de gens qu'elle ne connaissait pas non plus. C'est au bout de quinze longues minutes que ses réserves de larmes s'épuisèrent et qu'elle se ressaisit. Les questions se déferlèrent sur son esprit comme autant de vagues meurtrières : comment allait-elle s'en sortir ? Allait-elle se faire des amis ou serait-elle aussi seule qu'elle ne l'était en France ? Ashleigh deviendrait-elle une amie ou était-elle juste une rencontre passagère ? L'ignorance du futur qui l'accablait depuis toujours n'avait jamais été aussi déconcertante et Pearl avait la tête engourdie, comme sous anesthésie, et tout lui parraissait lent et infini. Après une minute de confusion complète, le regard dans le vide, elle attrapa son sac tombé à ses pieds et se leva pour rentrer dans la maison quand elle entendit quelqu'un crier son nom.

Pearl, Vampette Dotée (Fiction sur The Vamps)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant